"EPIC VOLCANO"

22 sept. 2013

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Berastagi: petite ville au pied d'un volcan nommé Sibayak (2100 mètres).
Elle est réputée pour son marché aux fruits et aux légumes variés (il y avait même sur la place, juste à côté de notre hôtel, une statue qui représentait un chou). 

...qui représentait un gros chou.
 
Nous avons été dans cette petite et charmante ville pour faire une randonnée sur le volcan. Après avoir déposé nos sacs à l'hôtel, nous avons été directement au marché là où l'on peut trouver des fruits de la passion (nous en mangions un ou deux kilos chaque matin et c'est devenu, pour ma mère et moi, notre fruit préféré), des mangues, des oranges et j'en passe! 

Provisions de mangues et d'avocats...

Thomas dans son élément -- fruits et légumes à perte de vue!

Inspection de fruits de la passion dans un étal qui recèle bien des surprises...
D'après moi, c'est le meilleur marché de fruits et de légumes qu'on ait vu depuis le début du voyage, et ce n'était vraiment pas le premier que nous voyions! Chaque échoppe nous en mettait plein la vue avec leurs fruits multicolores. Nous y avons donc fait nos provisions de fruits et de légumes pour notre trek du lendemain sur le volcan. Nous nous sommes ensuite promenés dans la petite ville où nous avons acheté des bonbons à la noix de coco. Notre escapade s'est terminée à l'hôtel qui porte le nom du volcan (c'est naturellement le volcan qui a donné son nom à l'hôtel, pas le contraire!). 

Promenade dans la petite ville.
Autobus scolaire de Berastagi.
Très tôt le lendemain matin, nous sommes partis pour le sommet du volcan. Évidement nous avions un guide pour bien nous indiquer le chemin et nous faire découvrir la faune et la flore de la région (il nous a fait gouter de la cannelle fraiche et il nous a montré des arbres à fruits de la passion). Sur le dessus du volcan, à certains endroits, il y avait des nuages de gaz qui sortaient directement des entrailles de la terre. Ces nuages sentaient le soufre, étaient très chauds et ils faisaient beaucoup de bruit en sortant des failles. Je me suis même brûlé avec la vapeur d'une petite flaque d'eau alors que j'étais à dix centimètres du liquide! C'était vraiment impressionnant!

Après quelques heures de trek, la végétation s'amenuise...

... on approche du but: les cheminées impressionnantes, le bruit du volcan, l'odeur du soufre!

Déchirés entre le besoin de repos et la curiosité.

«Approchez, les enfants, c'est sans danger!»

Distance sécuritaire.

Distance moins sécuritaire. (Lire: brûlure imminente...)

Nous avons diné au somment du volcan avec la vue sur le cratère et en dégustant des avocats, des tomates et d'autres fruits et légumes. Au retour nous avons pris un autre chemin un peu plus tropical et qui malheureusement glissait beaucoup. Il fallait faire très attention de ne pas tomber et malgré cela nous sommes tombés au moins dix fois chacun. Cette visite du volcan nous a pris un bon bout de temps (genre 5-6 heures) et pour nous reposer nous avons été dans des sources thermales qui proviennent directement du volcan. Il y avait différents bassins et ils étaient de chaleur différente. Quel bonheur de se baigner avec une superbe vue sur le volcan!

Décapitation de légumes frais. Canif à distance semi-sécuritaire.

Leçon asiatique #237: Évitez de redescendre un volcan par le «jungle side, very more interesting, you see!»... quand il a plu la veille. Zéro sécuritaire.

Leçon #238: Un volcan en activité peut alimenter non seulement une centrale électrique, mais aussi des sources thermales.

Même si nous sommes seulement restés deux jours à Berastagi, ce fut une de mes villes préférées grâce à son marché et à la tonne de fruits de la passion que nous avons pu manger!

Jeune enfant passionné.


 

Rapides et dangereux

25 août 2013

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Au pays des rapides et dangereux, les coussins gonflables sont prégonflés.


Neuf mois de voyage c'est déjà long, mais, quand vint le temps de commencer notre traversée de l'Indonésie, un début de découragement nous a pris de court. Nous étions bien conscients que c'était le dernier sprint final avant de  rentrer chez nous, mais l'épuisement accumulé au fil du temps nous laissait un peu perplexes face à ce nouveau pays à découvrir. Ça ressemblait presque à de la paresse culturelle. Faut avouer que nous étions un peu tannés de nous déplacer sans arrêt et que nous avions hâte de rentrer au bercail.
Néanmoins, nos attentes étaient grandes envers l'Indonésie et nous comptions fortement sur ce denier mois  pour voir de belles plages, découvrir des volcans, observer des orangs-outans, faire d'autres treks dans la jungle et apprécier toutes les différentes cultures de l'Indonésie.
C'est donc avec tous ces sentiments forts mitigés que nous avons atterri à Medan, la ville la plus importante de l'ile de Sumatra.
Medan n'est pas une belle ville, elle est même plutôt inintéressante, voire laide, moche, plate et sans attraits. C'est pour cela que nous avions planifié de nous'en éloigner le jour même de notre arrivée en avion. Mais, sortir de l'aéroport rapidement, comme prévu,  fut pratiquement impossible.  
En effet, l'Indonésie est beaucoup plus pauvre que la Malaisie. Nous avons donc été grandement étonnés (et un peu plus découragés) en revivant des moments semblables à ceux vécus au Népal. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas fait aborder ainsi par des gens nous vantant leurs talents de chauffeurs de taxi ou essayant de nous vendre de supers tours organisés.  Même si nous étions un peu déstabilisés nous n'étions tout de même pas des pee-wee en la matière et nous nous sommes relativement aisément frayés un chemin dans cet aéroport agressant. Toutefois, nous trouver un transport pour nous rendre à la station d'autobus (se trouvant à dix kilomètres de là) sans avoir l'impression de se faire avoir fut une toute autre paire de manches. Nous avons fini par, quand même, trouver un taxi approprié pour nous mener jusqu'à la station.

Ce petit tour de voiture à travers la ville se passa sans encombre et nous arrivâmes à bon port peu de temps après. Malheureusement, des « flash-back » de la Birmanie nous revinrent à l'esprit dès que nous sommes rentrés dans le bus. Pas de climatisation, pas de ventilation, pas de place pour les jambes. En plus, ça sentait la pisse. Découragement total, surtout quand nous avons appris que le trajet allait durer plus de cinq heures!

Quête d'air frais dans un autobus-fourneau.
Après un voyage d'autobus horrible et suffocant,  nous avons pris le dernier traversier de justesse (en courant à toute vitesse pour arriver juste avant le départ du quai) pour nous rendre à notre destination finale: l'ile de Tuk Tuk en plein millieu du lac Toba (le plus grand lac volcanique du monde). Nous ne savions pas trop où dormir sur l'ile mais un des gars du bateau nous a proposé un endroit qui avait l'air bien. C'est donc en sachant que nous allions avoir une place pour dormir (toujours plus rassurant) que nous avons parlé avec d'autres voyageurs en attendant d'accoster sur l'île.

Exercices de préparation au sommeil sur le traversier.
Une fois sur place, nous avons pris possession de nos trois bungalows et avons soupé rapidement, en assistant à un petit spectacle de danses traditionnelles, avant d'aller nous coucher pour de bon.

Le lendemain, nous avons décidé de marcher un peu pour nous rendre à un petit restaurant recommandé par les guides touristiques et qui vendait supposément des gâteaux (au chocolat) que la femme du propriétaire cuisinait. Cette motivation fut amplement suffisante pour nous donner le goût d'aller nous promener sur la route perdue qui faisait le tour de l'île. Nous avons donc marché pendant deux kilomètres pour réaliser qu'il fallait réserver les gâteaux à l'avance et qu'il n'y en avait pas du tout pour nous. Un peu déçus, nous nous sommes consolés en achetant des gousses fraiches de vanille que la  propriétaire possédait par centaines dans un gros sac de plastique suspendu à un crochet dans sa cuisine.
Nous croyions bien être au bout de nos peines pour la journée, mais quelle ne fut pas notre surprise, sur le chemin du retour, de voir une étrange troupe s'avancer vers nous. C'était des centaines de jeunes étudiants qui se promenaient sur l'unique rue de l'ile à la recherche de bons touristes voulant bien leur accorder un peu de temps. Ils étaient, en effet, obligés, par leurs professeurs d'anglais, de se pratiquer à parler avec des gens, comme nous, appréciant la compagnie estudiantine et pouvant échanger en anglais. Le problème, c'est qu'étant hors saison, nous étions les seuls touristes sur leur chemin. Ils nous ont donc tous sauté dessus en un rien de temps!  Une chance que nous apprécions ce genre de rencontre et que nous étions six dans notre famille, car après deux heures de discussions avec plus de deux cents élèves nous commencions à avoir hâte de regagner nos petits bungalows. Il faut dire que les échanges avec eux étaient un peu limités, du genre: « Hello, where you come from?, What's your name? et le classique: What's the economic system of your country? ». Nous étions un peu écœurés à la fin de ces questions en rafales et des centaines de prises de photos de groupe. Le seul échange un peu plus intéressant auquel j'ai participé (outre la discussion avec une indonésienne géante qui voulait absolument savoir qui, de moi ou mon frère, ferait un meilleur mari pour elle) et qui m'a valu de nombreux regards perplexes (noirs?) fut lorsque l'on me demanda quelle était ma religion.
Pour tenter de comprendre la situation, essayez d'imaginer devoir expliquer à des gens ultra-croyants que vous, vous ne croyez en rien en particulier et que, selon vous, lorsque l'on meurt, on se décompose dans la terre et que tout finit comme ça car il n' a plus rien après! Il fallait être là pour voir le malaise s'installer dans les yeux de mes interlocuteurs et j'ai du patiner comme un pro pour changer de sujet après deux minutes de silence embarrassant.

Cours d'anglais: séance de photos.

Géante indonésienne en quête de mari accompagnée de la future belle-famille.

Bref, j'étais bien content de regagner ma chambre, après plusieurs heures sous le soleil ardent, à aider des jeunes à pratiquer leur anglais. En plus, je devais reprendre des forces, car je savais que c'était le lendemain que ça allait vraiment devenir excitant! Je dis excitant mais le mot était trop faible pour décrire mon état de nervosité. Évidemment, vous l'aurez deviné, nous allions de nouveau louer de superbes motocyclettes asiatiques pour partir à la découverte des environs et explorer un peu plus l'ile. Cela voulait surtout dire que j'allais conduire et avoir à nouveau le magnifique sentiment d'être libre et de filer comme le vent sur un scooter!

C'est donc tout fringants que nous avons déniché des motos en excellent état pour cinq personnes. Les deux petits allaient embarquer avec Maman tandis qu'Olivier et moi allions embarquer sur une autre motocyclette (Papa avait décidé de se reposer pour la journée). Une fois parés (casques et instructions de départ), nous partîmes à l'aventure. Notre objectif était de nous rendre aux sources thermales à deux heures de notre hotel et de longer la mer par la route qui serpente autour de l'ile. Et ce fut toute une aventure!
Pour que vous compreniez bien le contexte, vous devez savoir que les Indonésiens sont très très dangereux au volant. Ils le sont, d'ailleurs, nettement plus que n'importe quel autre peuple asiatique, selon moi. De plus, les routes sur l'ile n'avaient pas de véritables sens et étaient dans un état pitoyable. C'est donc complètement crispé sur mon scooter que j'ai passé ma première heure de conduite. À la fin, les motifs du guidon s'étaient même incrustés dans mes mains! Après plusieurs grosses peurs, quelques petits arrêts culturels, dont un dans une petite reconstruction de village traditionnel, et un peu d'égarement (évidemment), nous sommes finalement arrivés aux sources volcaniques qui étaient finalement pas mal décevantes. Ça ressemblait à un petit ruisseau sale avec beaucoup de cochonneries ce qui n'invitait pas vraiment à la baignade. Heureusement, il y avait, un peu plus loin, des petites piscines d'eau très chaude dans lesquelles nous pouvions nous baigner et qui, elles, étaient un peu plus attirantes. C'était vraiment chouette de pouvoir relaxer après un trajet aussi stressant et nous étions vraiment les seuls touristes un peu perdus dans ce coin.
Après avoir fait trempette pendant à peu près une heure, nous avons regagné tranquillement notre bercail en essayant, le plus possible, de ne causer aucun accident sur la route!

J'ai oublié de mentionner les magnifiques paysages que nous avons découverts sur notre route et qui étaient vraiment incroyables à voir. Chaque tournant de la route nous montrait un nouveau panorama digne d'une carte postale et juste le fait de les voir défiler à toute vitesse était magique.
Nous sommes revenus à notre hotel en coupant par le centre de l'ile et c'est les fesses endolories, la mémoire pleine d'images et nos corps remplis de sensations fortes que nous avons fini la journée.

De ce court séjour de trois jours, les bons petits repas au resto du coin (où nous dégustions d'excellentes guacamoles) et nos courtes baignades dans l'immense et gelé lac Toba  sont certainement ancrés comme de beaux petits moments dans ma mémoire.



Scènes autour du lac Toba.


C'est donc un peu moins découragés que nous avons quitté nos petits bungalows pour repartir à l'aventure et savourer notre dernier pays de notre périple.

Prochain arrêt: Berastagi!

  

Bref, j'ai été à Singapour

18 févr. 2013

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Nous avions hésité jusqu'à la dernière minute. Singapour? oui? non? peut-être?
Nous savions que ce serait cher, très.
Mais nous étions vraiment juste à côté.
Nous savions aussi que c'était une grosse ville moderne, hyper-développée et qui allait singulièrement trancher avec le reste de l'Asie.
Mais, développement ou pas, cher ou pas, Singapour, ça sonnait tellement mythique dans nos oreilles.
Le bout du monde, rien de moins.
Et, lorsque vous êtes à quelques heures d'atteindre le bout du monde et de découvrir un mythe... autant ne pas trop hésiter et y aller!

C'est en autobus (trajet de quelques heures à partir de l'ile de Tioman) que nous avons passé la «frontière» singapourienne.
Dès l'arrivée, des affiches nous avertissaient bien clairement de ne pas transporter un paquet de trucs dans nos bagages.
Au fait, ce n'est pas juste qu'il n'était pas possible d'avoir ces objets pour traverser la frontière, c'était surtout impensable de faire entrer ces articles  dits «dangereux» sur le territoire de Singapour.
Oups!
Nous n'avions, par chance, pas de feux d'artifices, de gommes, de cigarettes ou de fruits dans nos baluchons, mais les enfants avaient bel et bien des couteaux dans leurs affaires, couteaux qui semblaient avoir un potentiel hautement dangereux pour les douaniers.
C'est donc Michel qui a dû expliquer avec conviction que les couteaux népalais et laotien qu'Olivier transportait étaient des souvenirs de voyage aux lames vraiment trop émoussées pour être d'un quelconque usage réel. Attente, argumentations, suspicions, impatience de notre chauffeur d'autobus que nous faisions attendre et finalement remplissage de paperasses administratives avant de laisser enfin Olivier conserver son arsenal et de se faire ensuite dument tamponner son passeport.
Ouf!
Nous y étions.
Singapour.
Et nous avions l'impression d'être en Occident.
Choc.
C'était propre (trop), neuf (trop), aseptisé (trop).


Propreté.



Notre premier défi en sol singapourien fut de trouver un moyen de rejoindre notre auberge de jeunesse (hors de prix pour l'Asie) depuis le terminus d'autobus où nous avions débarqué. Nous n'étions vraiment pas dans le même coin de la ville et ce n'était pas simple de tenter de comprendre les plans des quartiers affichés aux arrêts d'autobus.
Impossible de toute manière de repérer un autobus se rendant dans le coin où nous voulions nous rendre. Nous avons donc hélé deux taxis (encore une différence avec l'Asie traditionnelle, pas possible de s'entasser à six dans la même bagnole) dont un superbe taxi Mercedes blanc dans lequel Nicolas, Catherine et moi nous sommes engouffrés pour la ride de voiture la plus étrange de notre vie.
Au départ, le chauffeur (cheveux bleachés et qui crachait littéralement ses poumons aux trois minutes) voulait suivre la voiture dans laquelle se trouvait Michel et le reste de la famille, ce qui, dans le trafic singapourien, représentait un véritable tour de force.  Je trouvais que c'était une étrange idée mais bon, je ne me suis pas vraiment obstinée en me disant que le chauffeur avait sans doute des talents cachés à la James Bond. Après avoir constaté qu'il avait rapidement perdu de vue la voiture de tête (quelle surprise!), il s'est alors mis à m'engueuler de ne pas savoir le chemin pour me rendre à l'auberge (!). J'ai eu beau lui expliquer que c'était ma première fois à Singapour et que je prenais justement un taxi car je ne savais pas le chemin, rien n'y faisait, j'étais la dernière des imbéciles. Les choses ne se sont pas plus arrangées quand il m'a demandé d'utiliser mon cellulaire pour rejoindre le cellulaire de Michel afin que son chauffeur puisse nous guider. Sa stupéfaction fut totale en apprenant que Michel et moi n'avions pas de cellulaire. J'ai alors eu droit à un sermon édifiant sur l'utilité d'un cellulaire et sur les dangers de voyager sans cet outil vital et précieux. Après plus de vingt minutes de tournage en rond (au moins sept crachements de poumons) et des appels hystériques du chauffeur à l'auberge et à un de ses amis pour l'aider à se diriger, nous sommes finalement arrivés à bon port. Je n'avais cependant pas passé les huit derniers mois en Asie pour accepter de payer naïvement le plein montant de la course et c'est en bougonnant que le chauffeur a du accepter ce que je croyais être le bon prix pour un trajet normal (montant qui s'est révélé être le même que Michel avait payé à son chauffeur plus compétent que le mien!).
Il était tard et nous étions crevés.
L'auberge de jeunesse était minuscule et située dans un étrange quartier un peu délabré et nous avions réservé un dortoir minimaliste de style cubicule pas de fenêtres à nous six.  Le personnel de l'auberge était cependant adorable et après avoir posé nos sacs nous sommes allés manger dans un des nombreux food court indiens/chinois à distance de marche de notre auberge. Encore une expérience fascinante que de manger en plein air, sous les néons et en regardant des vidéos de danse indienne. Nous étions naturellement les seuls occidentaux à des milles à la ronde et les tables d'habitués jouant aux cartes nous dévisageaient avec bienveillance.
Bien que nous étions dans un coin un peu reculé du centre de Singapour, nous étions tout de même à distance de marche du métro super moderne et climatisé qui dessert efficacement la ville.
Nous n'étions ici que pour deux jours et ce furent deux jours de marche et d'exploration intense dans cette drôle de ville qui, honnêtement, manque singulièrement d'âme et de charme.
Nous avions l'impression d'être dans une grande ville américaine, construite par ordinateur (du genre expérience Sim City) et peuplée de gens trop beaux et trop bien habillés se rendant machinalement, mallette à la main, travailler dans des bureaux aseptisés.
Des grattes-ciels, des rues bien pavées, des immeubles vitrés, des parcs gazonnées... à Singapour, il n'y a pas de vendeurs de nourriture dans les rues, pas de gargote sur les trottoirs, pas d'odeurs, pas de saveurs.


 




Nous étions loin des images de bouges insalubres et enfumés à l'ambiance dépravée que j'avais en tête lorsque je me commandais un Singapour Sling au bar Le Clandestin de l'Université de Montréal.
À Singapour c'est propre, c'est net, c'est efficace.
Alors nous avons fait des trucs propres.
Nous avons été visiter des musées et des galeries d'art, dont le charmant musée d'art contemporain pour enfants où nos adolescents se sont bien amusés, après des mois de néant artistique, à faire du bricolage de style origami et étampes (ce qu'ils ne vous avoueront cependant jamais, même sous la torture!).
Nous avons aussi grimpé au sommet du Marina Bay, cet hôtel mythique en forme de bateau, symbole de la ville et qui offre une vue époustouflante sur l'immense port hyperactif qui a fait l'incroyable richesse de Singapour.

Ping-pong contemporain.

Loisirs inavouables, enfants privés de bricolage trop longtemps.
 




Oui, ils y ont été doucement avec les étampes.


Port de Singapour: Leçon de géographie politique et économique.

Port de Singapour: Leçon de cirque gymnastique.
 


Nous avons zyeuté au passage les vitrines luxueuses des riches boutiques des multiples centres commerciaux (avec reproduction, au sous-sol d'un centre commercial, d'un canal vénitien avec gondole et gondolier, rien de moins), nous avons mangé dans des restaurants indiens plus ou moins bons, nous avons trainé nos savates dans des magasins d'antiquités, nous avons sillonné quelques vieilles rues coloniales et quelques quartiers un peu moins propres à la recherche de l'âme de Singapour que nous n'avons finalement pas vraiment trouvée.

Recherche de l'âme de Singapour dans un resto indien.




Contente d'y être allée.
Contente de ne pas y être restée longtemps.
Contente de prendre ensuite l'avion pour le dernier droit de notre voyage, l'Indonésie.














Mémoires de Hans, tome 8, chapitre 14

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Singapour... Que dire au juste? Ah oui: je n'étais pas le bienvenu. Par rapport au reste de l'Asie (c'est à dire sale, pauvre et sous-développé), Singapour était superbe. Trop. C'était trop propre, trop beau, trop riche. Cette ville ressemblait beaucoup trop à une cité occidentale, mais avec un petit twist malaisien. C'était un choc.

Où en étais-je donc? Ah oui, je n'étais pas le bienvenu. Les gens étaient différents. Ils ne dépendaient pas de moi comme les autres asiatiques le faisaient, ils ne tentaient pas de me vendre de la nourriture ou quelques souvenirs à rapporter. En effet, leur économie reposant beaucoup sur le commerce maritime, comme j'ai pu le constater à leur port excessivement vaste, je n'étais pas une source de revenus de choix. Disons que, cette ville était ordinaire. Ce qui, évidemment, signifiait aucune aventure extraordinaire, à ma grande déception (on pourrait bien considérer une visite au musée* comme étant une aventure extraordinaire, je qualifierais plutôt cette activité en tant que promenade digestive, mais bon, c'est bien votre opinion qui compte).

Recette de notre séjour à Singapour:
1. Nous sommes sortis de l'hôtel.
2. Nous avons marché.
3. Nous avons feint d'être intéressés par quelque chose.
4. Répéter l'étape 2.
5. Nous avons mangé.
6. Répéter l'étape 3. (facultatif)
7. Nous sommes retournés à l'hôtel.
Mélanger le tout jusqu'à ce que la texture soit homogène, cuire pendant 2 jours.

Ah, il y a bien eu quelques petits accrochages, entre autres l'incident de la douane, dans lequel on m'a presque confisqué ma panoplie de lames et d'objets tranchants**. Singapour, vraiment? Dans tout autre pays asiatique, on m'aurait demandé quelle bête allais-je chasser, ou bien de quelle contrée venait mon couteau. Cependant, à Singapour, les gens mesuraient bien à quel point ma rapière émoussée avait un potentiel meurtrier. C'est pourquoi ils ont bien essayé de me la retirer vigoureusement. Par chance, je me suis débattu comme une bête... civilisée et j'ai pu garder mon arsenal de combat.

Il faut dire que je ne suis pas resté longtemps dans cette ville. Je devais retrouver la liberté. Je voulais retourner ailleurs, dans une autre ville, un autre pays. Je voulais reprendre ma carrière de cambrioleur, explorer les autres coins du monde encore inconnus pour moi... Mais je me faisais vieux, je ne me voyais pas reprendre mon ancienne vie aussi bien que je le faisais avant. C'était décidé, je devais prendre ma retraite. Mais comme j'étais Hans l'intrépide, je ne pouvais pas quitter la scène sans une dernière aventure.

Hans, qui d'habitude était toujours en bonne position, paraissait mal en point. Pieds et poings liés, les yeux bandés et un bâillon sur la bouche, il était assis sur une chaise qui n'avait même pas de coussin dessus. Quelqu'un lui voulait du mal, c'était sûr. Dans la pièce où Hans souffrait sur sa chaise inconfortable gisait un homme qui visiblement était couché par terre. De la façon dont il était étendu, on pouvait clairement voir qu'il était bel et bien allongé sur le sol. Soudainement, une porte s'ouvrit à toute volée. Malgré ses yeux bandés, Hans sentait la lumière lui parcourir la peau.

 « Eh, vous deux, c'est l'heure de la soupe! » cria une voix. Hans, bien entendu, ne voyait rien mais pouvait sentir l'odeur du terrible bouillon que les gardes leur apportaient. Ah, la gastronomie des prisons... Car oui, c'était bien en prison qu'ils se trouvaient.

Dès que le garde fut parti, l'homme qui était couché par terre se leva et, d'une main habile, défit les attaches de Hans. Ce dernier, aussitôt que l'homme eut fini, se leva d'un bond pour se masser les fesses suite à l'horrible torture qu'on lui avait infligée. Il remercia le jeune homme, tout en jetant un regard sur la mixture peu ragoûtante qu'on lui avait servie.
 « Où sommes-nous? » demanda t-il. « Dans les cachots de la prison de Singapour, répondit l'homme. Charmant, n'est-ce pas? »
- Charmant ou pas, je compte bien m'échapper de ce trou sordide. »
Avec un soupir, l'homme se rassit. « Nous avons tout essayé... » dit-il.
« Avez-vous essayé la téléportation? » essaya Hans. L'homme le regarda, surpris. « La quoi? »
Trop tard, Hans était parti.

Hans feignant d'être intéressé par quelque chose tout en détournant habilement l'attention d'une geôlière autochtone à l'aide de subterfuges origamiques.





*Et oui, fait réel. **Et oui, fait réel aussi.