On the edge

19 janv. 2014

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Nous étions venus sur l'ile de Java presque uniquement pour aller voir le Bromo.

Ce n'est, en effet, pas très souvent que nous avons la chance de croiser un volcan (croiser est vraiment un mot très fort) encore en activité, et nous voulions profiter de l'occasion pour le voir de plus près.

Et, en prime, parait que c'est magnifique.

Nous sommes arrivés tard dans la petite ville qui borde le Bromo.

Il faisait vraiment vraiment froid et l'hôtel le plus près et le plus recommandé par les divers voyageurs était complet. La ville compte genre deux rues et a des allures de villes directement sorties de Tintin et le Temple du soleil (je sais, ce n’est pas le même coin, mais manquait juste les lamas, pour vrai!). Nous avons trouvé, dans le noir, un hôtel qui n'avait de l'hôtel que le nom et nous avons eu une petite pensée presque nostalgique pour notre trek au Népal en sentant l'odeur de moisissure des draps et en touchant le contre-plaqué de ce qui faisait office de porte. Bon, nous n'étions pas ici pour des vacances et pour faire nos difficiles et, de toute manière, nous ne comptions dormir que quelques heures, car, le Bromo, tout le monde le sait, ça se visite à l'aurore!

Juste au coin de notre «hôtel», il y avait tout de même une gargote à soupes et thé chaud. Une troupe de jeunes y buvait d'ailleurs de la bière en écoutant le soccer. Nous avons mangé avec eux et sommes allés nous coucher en tentant de nous endormir sans trop geler. Faisait vraiment vraiment froid et après neuf mois au chaud nous étions rendus pas mal chochottes au froid, surtout pour des Québécois!

Vers 5 heures du matin nous avons laissé nos sacs dans le salon du gérant de l'«hôtel» et nous sommes partis, à pied, à la lumière de notre lampe frontale vers un petit sommet qui permet de voir le lever du soleil sur le Bromo.

Nous étions quelques-uns sur le sentier qui grimpait pas mal et qui était surtout pas très évident à suivre à la frontale. Chose certaine, ça réchauffait!

Nous sommes arrivés à temps pour voir le soleil se lever sur un paysage lunaire et pour voir le magnifique Bromo dans toute sa splendeur. Nous avons eu le temps de nous asseoir, de manger quelques biscuits à la pâte d'ananas (biscuits super courants en Asie et que nous avons mangé un peu partout depuis le début du voyage), de prendre des photos et de penser à redescendre, car, nous n'étions pas venus pour observer le Bromo de loin, mais bien pour longer son cratère. Nous sommes donc redescendus rapidement et sommes repassés par la «ville» afin de prendre le sentier menant au volcan.



Toujours impressionnant de voir un volcan cracher de la fumée.

Et le soleil se lève, pour le plus grand plaisir des chochottes.

Le Bromo (le cratère à gauche), flanqué de ses amis.

Ce fut vraiment une belle marche. Très étrange ambiance au fait. Une vaste étendue de sable gris, volcanique (duh!) des crevasses gigantesques et des gens à cheval qui semblaient sortir d'un film des années cinquante. On se serait cru dans un genre de western surréaliste. Je n'arrêtais pas de penser au Cosmoschtroumpf (on a les références qu'on peut!) et les enfants se sont mis à jouer qu'ils étaient des survivants du désert ou des personnages d'un quelconque Star Wars.



Une belle marche matinale.

Dans du sable évidemment volcanique.

Abbey Road, à un passage pour piétons près.

Une belle et longue marche matinale.

Une marche matinale, belle et longue.

Paysage de Star Wars.

Paysage lunaire.

Poursuite de la marche, avec quelques défis.

Marche qui s'éternise, tout en restant belle.

Marcheurs.

Cavalier surréaliste.

Marche qui achève.

Il y avait pas mal de monde en bas du Bromo. Des vendeurs de fleurs, des loueurs de chevaux et des touristes qui venaient en jeep (gros jugement ici). Dans le monde du voyage, les randonneurs à pied et en sac à dos regardent toujours avec un certain mépris les touristes en voiture et valises à roulettes. Ici, sur le bord du Bromo c'était encore plus étrange de voir les gens louer des jeeps pour une marche facile d'une heure. Une chance, la montée vers le cratère démocratisait la foule, car il n'y avait qu'un moyen d'y parvenir et c'était d'emprunter la centaine de marches abruptes et glissantes.

Nous sommes montés, avons longé le cratère prudemment parce que bon, en bas, ça fume et ça semble pas très très hospitalier.

(Je tiens à placer ici le lien vers le blogue de nos amis Noémie et Philippe et qui ont raconté, dans un excellent texte, leur aventure émouvante au Bromo! http://dansnossouliers.blogspot.ca/search?updated-max=2012-06-19T04:05:00-07:00&max-results=7)

Remarche ensuite vers la «ville» avec une non-envie intense et forte d'être obligés d'y redormir une autre nuit. Nous étions heureusement assez tôt pour attraper un dernier autobus vers un ailleurs quelconque. Le temps de reprendre rapidement nos bagages à l'«hôtel», d'acheter un peu de nourriture, de gratter la guitare sur le bord du trottoir et d'attendre d'autres touristes afin de remplir les bancs et nous nous sommes mis en route. Thomas et Catherine ont alors insisté fortement (avec des mines tellement piteuses) pour voyager à la manière locale, c'est à dire assis sur le toit de l'autobus. Notre première réaction (de parents responsables) fut de refuser. Nous nous sommes ensuite demandé pourquoi nous refusions si vertement. Et bon, comme il n'y avait pas de bonnes raisons (autres que ce n’était sans doute pas très sécuritaire, un détail), nous avons fini par dire oui (parents faibles que nous sommes). Et ce fut, sans aucun doute, la meilleure ride de bus de toute leur vie. Les paysages étaient magnifiques, verdoyants et nous traversions des villages de gens qui saluaient en souriant les enfants qui riaient à gorge déployée, le vent dans les cheveux!



Heille, ti-gars! Veux-tu que je t'attache avec les valises?

Crois-tu que les parents nous laisseraient nous asseoir ici?

Qui peut résister à ces petites frimousses?

En haut, à gauche, la route-non-sécuritaire-quand-on-est-sur-le-toit.

Grattage de guitare.

Et flottement, en attendant un très long trajet.


Un beau moment!

L'autobus nous a déposés à Probolinggo, genre de ville banale indonésienne, poussiéreuse et bruyante.

Encore une période de flottement.

L'Indonésie a, en fait, été une longue suite de périodes de flottement. Je ne sais pas si c'est parce c'était notre dernier pays et que nous commencions à être plus que saturés émotivement ou si c'est parce que c'est tellement étendue l'Indonésie qu'on ne sait pas comment la prendre ou si c'est parce que nous n'avions pas eu le temps de cerner ce que nous voulions y faire vraiment.

Donc, on arrive à Probolinggo et on flotte. On reste y dormir? On continue vers un autre coin de Java? On se dirige tout de suite vers Bali? En train? En autobus?

Vraiment pas simple.

On finit par décider d'aller tout de suite à Bali et de prendre un autobus de nuit pour s'y rendre.

Après avoir fait affaire avec un gars qui semblait vraiment étrange dans une agence d'autobus surréaliste, d'avoir attendu sur le bord de la route (sur un banc avec des poules louches) un autobus qui passait super tard, nous avons soudainement eu un mauvais feeling (quand le vendeur a tenté de nous faire payer plus pour un autre autobus qui finalement allait passer par ailleurs) et décidé de changer de pusher de bus et d'aller voir au centre de la ville un autre fournisseur.


On ne le saura naturellement jamais et peut-être que ça aurait été pareil avec la première «agence» ou pire encore, mais bon, pour une des premières fois de notre voyage, notre intuition n'aura pas été la bonne.

Medan-Jakarta-Yogyakarta

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Nous étions de retour à Medan.

En transit avant de prendre un autre avion, le lendemain, vers Jakarta.

Et franchement, Medan c'est laid.

Très laid.

Nous avions réservé un hôtel cinq étoiles (on s'entend ici, nous parlons de cinq étoiles médannaises!), en nous disant que ce serait reposant après notre expédition dans la jungle. Et, ce le fut. Nous avions une suite avec deux immenses chambres, deux salles de bains et un espace cuisine. Bref le grand luxe.

Le seul hic, c'est que nous n'avions que du linge très sale et que trouver un endroit pour faire laver nos vêtements rapidement pour le lendemain fut impossible. Vraiment impossible, car nous avons, Michel et moi, sillonné la ville en tuk-tuk pour tenter de trouver un quelconque nettoyeur, en vain. Medan doit être la seule ville de toute l'Asie du Sud-est qui n'a pas de services de lavage de linge à tous les coins de rue. Nous avons bien trouvé un gros Carrefour, mais rien pour avoir des vêtements moins bouetteux. Nous nous sommes donc résignés à tout laver à la mitaine dans le bain de notre chambre en espérant un séchage rapide (après un tordage vigoureux) sur le minuscule rebord de fenêtre de la chambre et en développant une technique de gestion du linge sec/mouillé imparable.

De la joie pendant des heures et pas vraiment du repos.

Il y avait cependant une piscine à l'hôtel et nous en avons profité pour nous prélasser avec les autres occidentaux (tout de même assez rares) qui étaient eux aussi en transit dans cette ville où il ne fait pas trop bon s'étendre.

J'ai failli d'ailleurs causer une commotion en tentant le bikini dans la piscine, mais devant les regards pétrifiés d'un groupe d'Indonésiens en après-midi de baignade à la piscine, je suis allée remettre ma robe pour sagement me mouiller les pieds sur le bord de l'eau. Disons que j'avais pas encore assez chaud pour me baigner en jean et en chandail long.

Nous avons pris l'avion pour Jakarta et avions ensuite un moment de flottement étrange. Nous pouvions essayer de trouver un hôtel dans cette petite ville (!!) ou encore partir en train vers Yogyakarta en passant une nuit à dormir à l'aéroport. N'ayant pas trop le courage d'affronter Jakarta sans préparation, nous avons ciblé un espace fauteuil relativement tranquille dans un coin relativement isolé de l'aéroport. Nous avons tassé des bancs et fait des petits lits pour les enfants. Il y avait même un dépanneur ouvert, des toilettes et même une chambre de prière qui semblait vraiment chouette et reposante... des coups à me laisser tenter par la religion!



Campement à l'aéroport de Jakarta

Certains se lovent moins facilement que d'autres dans les lits de fortune.

Au fait, ce fut une nuit assez drôle. Il y avait au service à la clientèle de l'aéroport deux jeunes filles assez drôles qui se sont mises à papillonner autour des gars. Elles étaient très sympathiques avec leur anglais chantant et leur envie de se faire prendre en photo avec Olivier et Nicolas. Elles sont même devenues par la suite leurs amies Facebook pour un court moment, moment où les enfants ont trouvé qu'elles étaient finalement amies Facebook avec sans doute tous les voyageurs occidentaux qui transigeaient par leur centre de service.

Nuit courte et pas très reposante et départ vers la gare pour nous rendre à Yogyakarta.

Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais j'adore le train. C'est, après mes pieds, mon mode de transport préféré. Les trains en Asie sont vraiment les plus géniaux du monde (rien à voir avec Via Rail) avec des vendeurs de nourriture qui montent régulièrement pour nous offrir des trucs hallucinants allant de brochettes de poulet grillé aux gâteaux de riz enveloppés dans des feuilles de bananier.


... et ils en profitent pour rattraper un peu de sommeil!

Et, en prime, le rythme du train nous laisse tout le temps de découvrir les paysages, les villages, la vie dans les campagnes et sur les bords des voies. J'adore vraiment. Le train était insalubre et les bancs défoncés, mais la télévision passait des clips de jeunes chanteurs indonésiens et il y avait tant à voir!

Yogyakarta était notre destination. Ville reconnue comme étant la capitale du batik, mais ce n’est pas vraiment pour ça que nous y allions, parce que bon, nous le batik on ne tripe pas vraiment! Nous allions à Yogyakarta car c'est le point de départ idéal pour se rendre au Bromo, un super volcan qui nous faisait de l’œil et que nous avions bien envie de voir de plus près.

Nous avons trouvé relativement facilement un hôtel tenu par un Suisse (eh oui, c'était full propre) et avons été manger dans un très bon restaurant pas très loin. Nous pensions rester un ou deux jours dans le coin, le temps de visiter la ville un peu et de planifier notre déplacement vers le Bromo.

Petit Suisse au déjeuner

La chambre était confortable, les gens sympathiques et, une fois passé les marchés de batik (et ses vendeurs insistants) et autres gugusseries du genre Dollarama, nous avons erré agréablement dans les petits recoins de la ville.

Stationnement étrange pour tuk-tuk allégoriques.

Recoin de la ville.

Nous avons même participé à l'attraction locale qui consiste à se bander les yeux et à tenter de marcher entre deux énormes arbres au milieu d'une place. Il parait que ceux qui réussissent verront un de leurs vœux se réaliser durant l'année. C'était surtout très drôle de voir marcher les enfants à des mètres de distances des arbres en croyant être dans le mille!


Moins évident qu'il n'y parait.

Catherine affiche un sens de l'orientation aveugle hors du commun.

Et Zorro d'Indonésie fait son apparition...

... pour faire chou blanc.

De Yogyakarta nous sommes allés visiter le fameux temple de Borobudur. Nous avions un guide et c'était vraiment un beau temple avec des bas reliefs incroyables et une vue magnifique sur des volcans fumant. Nous avons été cependant rapidement l'attraction principale, le temple étant le lieu de visite d'une centaine d'enfants de groupes scolaires et qui se fichaient éperdument des bas reliefs. Leur principal intérêt fut alors de nous prendre en photo le plus souvent possible et de nous suivre en bandes pour nous observer, parler avec nous et se reprendre en photo à nos côtés. C'était... lassant et nous sommes revenus à l'hôtel épuisés!

Élèves attentifs sous les regards de Bouddha.


Thomas s'intègre aux gangs de rue indonésiennes.

Élèves plus intéressés par les hauts reliefs que les bas.

Le lendemain, nous avons refait nos bagages et pris un taxi minivan vers le Bromo, son cratère et ses paysages lunaires.



...et des orangs-outangs

18 janv. 2014

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La mode des leg warmers origine du Nord de Sumatra.


Le Nord de Sumatra est une des dernières régions du monde où il est éventuellement possible de voir encore des orangs-outangs en liberté. Très conscients de l'attrait touristique de la bête, les Indonésiens ont créé un centre d'observation où les orangs-outangs « sauvages » sont nourris tous les jours afin que les touristes chinois puissent prendre des bonnes photos à partir d'une passerelle en bois (petite marche d'une heure à partir du stationnement).

Naturellement, ce n'était pas trop notre genre, mais nous avions cependant bien envie de voir des orangs-outangs… tant qu'à être perdu dans le nord du bout du monde! L'autre solution (moins facile et plus sportive) résidait alors à vraiment aller se perdre dans la jungle et espérer être un peu chanceux.

Mais, pour se perdre dans la jungle, encore faut-il s'y rendre! Et ça, c'est souvent tout un chemin de croix. À partir de Berastagi et de la grosse statue en forme de chou nous avons pris un autobus tape-cul, un autre autobus encore plus tape-cul, un genre de taxi-bus tape-cul bringuebalant et vomissant sur des routes en serpentins pour finalement arriver, seize heures plus tard, dans un trou. Un vrai. Ketambe (c'est le nom de la place).


Câlleur d'autobus à la station centrale.


Une rue perdue, un restaurant désert au centre d'un jardin luxuriant (cacaotiers et singes à profusion), des cabanes de bois le long d'une rivière (la section motel) et un parc national immense tout juste l'autre bord de la rue. Dans le gite, des hamacs, des bambins qui jouent (l'Indonésie regorge d'enfants) et un super guide qui nous attendait. Départ dès le lendemain pour un petit trek de deux jours et d'une nuit, dans la jungle. Un genre de forfait tout inclus avec des porteurs (jeunes hommes torse nu), des bâches faisant office de tentes et de la nourriture pour le campement en pleine nature ainsi que des guêtres pour éviter les éventuelles sangsues (naturellement, il faut avoir des guêtres pour ne voir aucune sangsue!)


Restaurant au bord de la jungle.


Après une nuit bercée (!) par le son des grenouilles, nous étions tous prêts, de bon matin, à partir à la chasse aux orangs-outangs. Nous nous étions cependant préparés psychologiquement. La nature, ce n'est pas un zoo, et les animaux ne sont pas toujours au rendez-vous. On tente donc sa chance à chaque fois et il faut être prêt à revenir bredouille.



Honnêtement, il n'y a rien qui ressemble plus à une jungle... qu'une autre jungle. Depuis la Chine, nous en étions à plus d'une quinzaine de treks à marcher sous les lianes et, la plupart du temps, sous une chaleur accablante. Même s'il n'y a pas de soleil direct à travers les feuillages c'est l'humidité intense qui fait transpirer par tous les pores de la peau possibles. Cette fois-ci, le trek était plutôt facile sans dénivelé important et sans rocher à escalader. Un sentier relativement dégagé qui serpentait entre une végétation incroyable, des petites rivières et des sons uniques, constants et stridents en toile sonore. Notre guide (qui arpente cette jungle depuis son enfance) était vraiment gentil et surtout très compétent. À un certain moment, il a entendu un son au loin, a sorti sa machette et nous a fait signe de le suivre. Nous avons posé nos sacs au milieu du sentier et avons suivi, nous aussi, l'appel de la forêt pour une heure de marche sportive (du genre Rambo) dans un chemin de traverse ouvert à la machette indonésienne, notre guide s'arrêtant régulièrement pour tendre l'oreille. Rendu au pied d'un arbre, il nous a tendu le doigt pour nous montrer un gibbon noir, objet de sa quête, assez rare à voir durant le jour, parait-il.


«rien qui ressemble plus à une jungle... qu'une autre jungle»



La particularité de ce trek était vraiment le rythme presque indolent de la marche. Nous étions dans un trek assez court et n'avions pas beaucoup de kilomètres à parcourir pour arriver au bivouac. C'était avant tout une marche axée sur l'observation de la nature et ponctuée de pauses pour regarder autour de nous (et surtout en haut de nous), sentir, écouter. Fascinés, les enfants ont joué avec des fourmis géantes (pourquoi voir des orangs-outangs quand il y a des si chouettes bibittes), avec des cloportes géants qui se roulaient et ont enfin joué à Tarzan en se pendant après une vraie de vraie liane au-dessus d'un précipice (glurp).


Oui, c'est gros, une fourmi géante.


Oui. Un cloporte géant.

Maman riait moins de la voir au dessus du précipice.

L'argument du guide: cette liane est utilisée depuis des années et elle n'a jamais rompu! Rassurant.


C'est véritablement le nez dans les airs que nous avons continué notre marche. Les arbres étaient tellement immenses et nous recherchions des boules de poils orange qui se tiendraient à leur cime. L'orang-outang (littéralement homme des arbres) n'a aucun prédateur dans les parages. Au fait, le seul prédateur de l'orang-outang, c'est l'homme qui déboise sauvagement ce coin du parc. D'ailleurs, nous entendions régulièrement le bruit des scies à chaines et le craquement intense des arbres qui tombaient, coupés pas loin de l'endroit où nous étions. C'était réellement impressionnant! Notre guide, tristement, nous raconta que le gouvernement était en train de déboiser dans son propre parc national, contre l'avis de la population locale, pour construire des chalets pour les touristes aisés. Nous sentions vraiment que nous étions dans un endroit du monde qui n'existerait plus dans quelques mois et qui serait alors totalement dénaturé... un peu à cause de nous aussi.
Avant d'arriver à notre campement nous avons eu la chance de voir un immense calao (hornbill), genre d'oiseau préhistorique au bec incroyabable que nous avions vu au Bird Park de Kuala Lumpur. Le voir en liberté dans toute sa splendeur, les ailes bien déployées, était de toute beauté.  

Nous sommes arrivés sur le lieu du campement peu longtemps après (un ensemble de roches plates sur le bord d'un ruisseau en cascade, hyper bucolique), avons posé nos sacs et sommes repartis, le nez dans les airs, à la recherche de notre proie.



Sur un ensemble de roches plates, campement traditionnel de Sumatra.


Moins d'une heure après avoir quitté le site, nous apercevions nos premiers orangs-outangs. Un jeune mâle en train de se faire un nid pour la nuit à la manière du Marsupilami, en pliant d'immenses feuilles ce qui résonnait dans toute la jungle.

Nous l'avons observé un peu avant de revenir au campement. La rivière nous attirait et nous nous sommes baignés avec les guides. Ceux-ci ont montré aux enfants comment attraper des écrevisses et comment les manger vivantes après leur avoir arraché la tête. Miam ? Je ne sais pas trop au fait, je n'avais pas assez faim pour y gouter!

Baignade peinarde.

Maitre-pêcheur d'écrevisses, fan de Michael Jackson, et son émule.

L'art d'affuter une lame enseigné aux enfants.



Repas communautaire sous le regard moqueur de tas de singes juste en face de nous et ensuite dodo dehors sous une toile avec le bercement de la rivière et les sons de la jungle pour nous endormir.




Réveil aux aurores et douche dans la rivière avec toujours une troupe de singes qui semblaient bien se moquer de nous. Nous sommes repartis pour une marche d'observation, le cou cassé et le nez en l'air.

Et, nous avons été incroyablement chanceux. Vingt minutes après nous être éloignés de la rivière, nous avons aperçu une grosse boule de poil orange (orange dans le genre Youppi) suivi par deux autres plus petites touffes de poils. Nous nous sommes arrêtés et nous sommes accroupis sous les feuillages. C'est une mère, son bébé et un adolescent qui sont tranquillement descendus des cieux pour nous observer. Ils semblaient aussi fascinés par nous que nous par eux. La mère s'est installée sur une branche à moins de quinze mètres de nous, bientôt rejointe par son petit et par l'autre jeune. C'était un moment indescriptible. Le guide filmait et nous on braillait littéralement d'émotion. Ils étaient tellement proches et tellement... humains. La mère a, à un certain moment, tendu son bras pour attraper son petit qui n'arrivait pas à se balancer assez pour venir la rejoindre. Il criait et c'est dans un geste universellement maternel qu'elle est allée l'agripper pour le placer près d'elle. Honnêtement, ce fut sans doute le moment le plus animalement émouvant de ma vie. Nous étions tous sous le charme, même le guide qui, parait-il, avait rarement vu d'orangs-outangs d'aussi près et surtout aussi longtemps. Nous sommes restés presque dix minutes en observation mutuelle avant que la maman décide d'aller voir ailleurs si des trucs pouvaient bien se manger. Elle est donc repartie tranquillement avec son petit sous le bras et l'ado qui suivait en faisant des galipettes.

Youppi!

Galipettes.

Nous sommes retournés, encore sous le choc de cette rencontre, à notre campement et avons commencé tranquillement à démonter les affaires pour retourner vers le village. Thomas a joué une bonne partie du temps à l'homme des cavernes qui vient de découvrir le feu et nous nous sommes rebaignés un peu avant de partir pour un deux-trois heures de marche peinarde dans la jungle vers la route menant au «village».

Homme des cavernes de Dorion apprivoisant le feu.

Animaux de compagnie près du campement.



Le lendemain, nous avons repris un transport du type «mini-van ouverte» vers l'aéroport du coin. Petit trajet de quelques heures à travers des villages remplis d'enfants. Je n'avais jamais vu autant de petits trainer dans les rues de tout notre voyage en Asie. Notre guide nous expliqua que comme il n'y avait pas, en Indonésie, de régime de retraite ou de pension pour les personnes âgés, il fallait donc faire beaucoup d'enfants pour assurer ses vieux jours.

Petit arrêt dans un marché le temps d'acheter des machettes de guides indonésiens qui faisaient baver d'envie Thomas, puis arrivée à l'aéroport d'où nous devions prendre un avion vers Medan. «Aéroport» est un très gros mot puisqu'il s'agissait surtout d'un bâtiment de deux pièces sans vraiment d'employés visibles et avec une minuscule piste d'atterissage. Notre avion de douze places ressemblait à un avion Playmobil et c'est pas trop trop rassurés que nous nous sommes embarqués pour un vol d'une heure survolant de près la jungle sumatrienne. Bucolique à souhait sauf pour Catherine, blanche comme un drap.

L'arrière de l'aéroport: le département du soutien technique est mobilisé pour l'atterrissage de notre avion.

L'avant de l'aéroport: un taxi est toujours prêt à accueillir les voyageurs.

Bonhommes Playmobil s'apprêtant à s'envoler. Absence remarquée de Stephen H.

Catherine, quand elle est blanche.
Mais, tout cela valait vraiment le coup. Notre moment dans la jungle avec les orangs-outangs est encore dans notre top dix de nos meilleurs souvenirs de voyage!
Comme quoi il y a des chemins de croix qui méritent d'être parcourus!