Nous avons quitté Vientiane avec un peu de regrets mais le cœur léger et une bouteille de pastis dans nos bagages en nous disant que ça pourrait toujours servir.
Direction? La région des 4000 Iles, en autobus de nuit.
C’est assez unanime, toute la famille adore les voyages en sleeper bus, des bus avec des couchettes, des oreillers, des couvertures, l’air climatisé et des vitres tout le long ce qui donne un peu l’impression d’être dans un immense aquarium. Cette fois-ci les couchettes étaient doubles (très pratique alors de voyager en nombre pair) et les enfants y ont dormi comme des… enfants. Ce qui n’est pas vraiment le cas pour Michel et moi, mon dos tenant à me rappeler que le matelas de style tatami n’est plus vraiment de mon âge!
Mais bon, pour un trajet de douze heures, mieux vaut tout de même être allongé et somnoler sur des couchettes que d’être assis les uns sur les autres dans un autobus sans suspension.
La région des 4000 Iles est complètement dans le sud du Laos, tout juste à la frontière avec le Cambodge et la Thailande. Ce sont des iles sur le Mékong et il y en a seulement quelques-unes assez grandes pour être visitables, visitables étant un grand mot puisqu’il n’y a strictement rien à faire sur ces iles, à part de ne rien faire, naturellement.
[Une des manières de ne rien faire. Non les enfants, ce ne sont pas nos bouteilles.]
Au fait, je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais le Laos est en fait une immense campagne. Un peu comme le Québec vers la Gaspésie mais avec la jungle à la place de la forêt. Une route, le Mékong, des petits villages de huttes de temps en temps, une petite bourgade, un temple par ci par là, la jungle toujours… L’endroit idéal pour avoir la paix ou pour écrire ses mémoires quand on est très vieux et qu’on a des tonnes de choses à raconter.
L’ile de Don Khong est réputée pour être la plus grande mais aussi la plus tranquille des iles habitées, je vous laisse alors imaginer la quiétude qui y règne. Nous y avons pris une chambre avec un mur complet de fenêtres avec vue sur le Mékong puisque c’est pas mal la seule chose à faire, voir la vue. Au fait, c’est superbe. Vraiment. Il y a une route qui fait le tour de l’ile et deux routes qui la traversent, 18 kilomètres sur 8 de large.
Lorsque nous sommes arrivés on s’est demandé ce qu’on allait bien pouvoir trouver comme occupation ici. Et mine de rien, on ne s’y est pas vraiment ennuyé.
[Vues sur le fleuve, soir et matin]
[Y'en a qui préfèrent d'autres vues...]
Tout d’abord, le matin, faut se lever tôt car le lever du soleil sur le Mékong est tout simplement magnifique. Ensuite, à peine le soleil émergeant de la ligne d’horizon, cinq moines se pointent au bout de la route pour recevoir les offrandes des gens de la place et déambulent, tranquilles, sur le bord de l’eau. C’est simple, paisible et authentique.
Et, ensuite, il y a le marché du matin, pas facile à trouver mais en suivant les gens qui s’y rendent, en demandant à un monsieur sur le bord de la route et en trouvant un point qui semblait convergent à toutes les mobylettes, nous avons trouvé! Là, rien que du très très local. Des poissons qui frétillent encore, des grenouilles, quelques tomates, quelques papayes, des marchandes de rouleaux et de nouilles, des marchandes de beignets, des informations officielles diffusées via haut-parleurs, des femmes toutes souriantes de voir des occidentaux (nous) acheter des trucs.
Nous avons tenté aussi de louer des scooters pour une journée. Le hic, c'est qu'on ne trouve que des scooters semi-automatiques sur l’ile. On a tout de même essayé et sommes partis pour un gros 15 minutes d’essai routier. Après une crevaison, un scooter qui faisait des ratés, un autre scooter avec la pédale de frein hors d’atteinte, une chute de Nicolas et Olivier (à 5 km/h, rien de grave), tout cela en un temps minimum record, nous sommes rentrés au bercail, un peu déçus tout de même de cette tentative ratée.
Du coup, on s’est installé dans la chambre et avons écouté un film en famille. En l’honneur de l’anniversaire de grand-papa Samir, on s’est régalés devant « The good, the Bad and the Ugly », un classique western!
Nous avons aussi passé une journée à jouer aux joyeux (hum) naufragés sur une ile en face de notre ile. Ce qui semblait une bonne idée au départ (aller en bateau se baigner sur une tranquille petite plage de sable) s’est révélée pas mal moins géniale en fin de compte. Tout d’abord trouver un bateau pour se rendre et négocier un prix correct ne fut pas de la tarte! Ensuite, il n’y avait pas l’ombre d’une ombre sur cette ile et il faisait une chaleur écrasante. Les enfants ont adoré car ils batifolaient dans l’eau, mais les parents, qui marinaient en plein soleil de midi, l’on trouvé un peu moins drôle. Finalement, notre maussade chauffeur de bateau est venu nous chercher une heure plus tard que prévu car il faisait la sieste. Ce que nous aurions nous-même bien aimé faire, si nous étions restés sur « notre » ile! Disons simplement et diplomatiquement, comme ça, que la zénitude de Michel n’a pas supporté cette heure d’attente supplémentaire (lui qui comptait presque les minutes avant de revenir) et que la bouteille de pastis s’est alors révélée, au retour, un excellent rapport qualité-prix (à 10$ la bouteille...). Ceci dit, le bateau est arrivé au moment où les enfants se construisaient un abri de fortune à la Thorgal et ils ne rêvaient ensuite que d’y retourner pour le finir! Misère!
Et comme je suis une maman dévouée qui va aller directement au paradis, je me suis portée volontaire pour les accompagner, le lendemain, dans la fournaise, à condition qu’ils « dealent » eux-mêmes le prix de la course et qu’ils me construisent un abri de reine. Ce qui fut fait avec diligence. J’ai alors pu lire, tranquille à l’ombre, pendant que ma gang de sauvages luttait contre les courants du Mékong et se lançait du haut d’une falaise. La routine quoi!
[Parent qui marine au soleil de midi. Et sachez que l'autre est resté très zen... c'est juste bien romancé, cette narration.]
Le reste de notre séjour fut fait de petits riens. J’ai eu droit à un fan club d’enfants laotiens qui riaient de voir des photos sur mon portable, les petits se sont baignés avec d’autres enfants du village, nous avons regardé un autre film en famille et avons bouquiné un brin.
[Spot de prédilection pour le bouquinage]
Demain, nous quittons Don Khong pour remonter passer nos derniers jours au Laos dans le coin de Champasak.
8 commentaires:
Laurence tu as vraiment l'art de trouver des "titres" pour tes chroniques.
"What Pho" vous attend près de Champasak. A cette période y aura-t-il l'odeur des frangipaniers?
Bon petit séjour tranquille! Rien à faire que de regarder des imprenables vues et une indicible zénitude (sauf pour un Michel contrarié). Profitez de vos derniers jours avant votre prochaine découverte. Les photos sont de plus en plus belles je trouve. Le photographe prend de l'expérience. Formidable.
haaaaa! les photos du Mékong respirent la sérénité... ça fait du bien :) j'aime bien les commentaires du photographe, c'est un bon complément au texte! gros becsxxx
Nous étions hier à Wat Phou, mais les frangipaniers étaient vides...
Le photographe a plutôt réussi à se lever avant l'aube!
Vous semblez avoir trouvé un véritable petit oasis de paix. J'espère que vous en avez bien profité.
Les photos sont magnifiques !
Chapeau à M. le photographe.
Bonjour Mme Brillon! (c'est un peu étrange de vous appeler ainsi sur le net, mais bon, c'est l'habitude de vous avoir eu comme enseignante...) J'ai finalement réussi a trouver votre blogue après de longues recherche a travers la Cité-des-Jeunes! Et ces recherches en valent la peine, c'est super de pouvoir suivre votre petite (ou plutôt grande) famille a travers votre voyage. Il m'en reste encore une considérable partie a lire avant d'avoir rattrapé mon retard dans votre périple mais j'ai déja hâte a votre prochaine chronique. Sur ce, bon voyage et profitez-en au max! ;-D
L'attente est longue quand le sage se met martel en tête! Bon, je rentre dans la vide de l'instant..., je me recroqueville dans mon sabot. (Petit clin d’œil à H. Michaux). Bonne chance à vous tous.
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