Nous demandons pardon d'avance à nos
familles pour ce qui va suivre. Désolé Maman.
*
Devant les décisions honteuses du
gouvernement de Jean Charest et surtout en soutien aux étudiants québécois dans
leur lutte pour une plus grande justice sociale, une lutte que nous soutenons
sans réserve et qui devient la nôtre, nous avons pris la décision de nous
mettre en grève de publication sur ce blogue.
Nous avons pris cette décision sur un
bateau, quelques heures après avoir pris connaissance des termes de la loi
spéciale qui sévira au Québec, une «déclaration de guerre aux étudiants», comme
le titrait Le Devoir. Nous exposions les clauses de cette loi à nos enfants qui
étaient curieux d'en savoir plus, quand Olivier, du haut de ses quatorze ans,
s'est étonné, inquiet : «Mais... qu'est-ce qu'il reste de la liberté
d'expression?»
Comme plusieurs d'entre vous, nous avons
peur.
Déjà, le gouvernement se moquait carrément
des revendications de nos étudiants pour une société meilleure. Cela nous
mettait en colère et nous indignait, car pourtant, quand on prend vraiment le
temps de les comprendre, on se rend compte que leurs idéaux sont non seulement
beaux, mais surtout justes, et, malgré ce qu'on en dit, réalistes.
Mais maintenant, le travail que nous
exerçons avec passion, Laurence et moi, nos convictions les plus profondes, ce
que nous essayons d'enseigner et de léguer, tout cela se trouve bafoué.
Nous sommes désormais en deuil.
Et être si loin du Québec accentue notre
douleur déjà atroce, car nous ne pouvons pas manifester directement nos voix,
nos larmes.
Démunis, nous nous battons donc à notre
manière, à défaut de pouvoir faire entendre nos cris dans notre pays et dans
ses rues, et en attendant d'en avoir le privilège.
Dans ce combat, notre grève se veut un
symbole.
Même si vous êtes des centaines, probablement des milliers, à suivre ce blogue, notre action n'est, sans doute, qu'une goutte d'eau.
Au moment où j'écris ces lignes, il me faut
à peine détourner le regard de quelques degrés pour contempler toute la
splendeur puissante de la Mer de Chine septentrionale.
Elle est formée de gouttes d'eau.
*
Nous continuons de voyager, de prendre des
photos et d'écrire nos billets. Nous les publierons plus tard, quand nos
espoirs nous seront permis.
Entretemps, voici quelques suggestions qui,
à notre avis, et parmi tant d'autres, pourront remplacer avantageusement, dans
les circonstances, la lecture de la suite de nos aventures.
À bientôt, j'espère.