C'est au Centre culturel français de Hanoï que Michel a rencontré Liên, au détour d'une allée. Elle y venait pour perfectionner, seule, son français et son anglais et Michel, en l'entendant ânonner, s'est gracieusement offert pour l'aider avec quelques prononciations difficiles. Liên est une jeune étudiante en commerce, très motivée, et qui a décidé d'apprendre, par elle même, le français, l'anglais et le chinois! Rien de moins! Elle vit en résidence universitaire à Hanoï et, entre ses cours, passe tout son temps à l'institut afin de se perfectionner en langues étrangères. Très sympathique et franchement bonne en français, Liên, suite à la leçon avec Michel, s'est proposée spontanément pour nous accompagner, le lendemain, afin de passer la journée avec nous et de nous faire un peu visiter la ville. Voilà une proposition que nous ne pouvions refuser et c'est donc à neuf heures le lendemain que nous avons rejoint notre guide, tout sourire et en petites espadrilles, devant les portes du Centre culturel pour une tournée de quelques attractions touristiques de Hanoï.
Notre première destination: le mausolée d'Hô Chi Minh.
Ce monument à la gloire d'oncle Hô est un exemple frappant d'architecture communiste (énorme et sobre bloc massif de marbre sombre) et est surtout un exemple frappant de culte de la personnalité post-mortem. En effet, à notre arrivée sur place, une queue de plusieurs centaines de personnes faisait le tour du mausolée. Les gens attendaient patiemment en ligne avant de pouvoir entrer dans le tombeau afin de présenter, durant quelques minutes, leur hommage à la dépouille de l'ancien leader révolutionnaire. C'était assez impressionnant à voir bien que je sois certaine que le plus impressionné (consterné?) serait sans aucun doute Hô Chi Minh lui-même qui avait demandé expressément à ce que ses cendres soient dispersées dans tout le pays! Comme quoi, une fois mort, les gens font bien ce qu'ils veulent avec nos dernières volontés! Bon, comme nous n'avons pas de dévotion particulière pour Hô Chi Minh et encore moins d'intérêt pour les dépouilles en général, nous avons décidé de ne pas perdre de temps à faire la ligne et d'aller plutôt nous promener dans le parc autour du mausolée. Nous avons cependant tout de même pu visiter la simple maison de bois qu'a habitée Hô Chi Minh (délaissant ainsi le palais présidentiel) et un joli petit temple, en forme de fleur de lotus, datant de plus de mille ans. Le parc était plein de monde et était très animé par ce doux dimanche matin.
C'est à partir du mausolée que nous avons ensuite rejoint, à pied, le temple de la littérature, une autre des attractions de la ville. Ce temple, bâti en 1070 pour vénérer Confucius, a longtemps été un lieu d'enseignement et de savoir. C'est maintenant un exemple typique d'architecture vietnamienne traditionnelle et un endroit où des tas de jeunes étudiants viennent, avant la veille d'un examen important, toucher la tête d'une des tortues en pierre du jardin (à leurs risques et périls puisque c'est formellement interdit). Selon la croyance estudiantine, ce geste amènerait la réussite scolaire et, selon Liên, qui a elle-même expérimenté la chose, cela fonctionne vraiment! Ben coudonc!
Il y avait, ici aussi, pas mal de monde en promenade et des jeunes filles en ao dai qui se faisaient prendre en photo dans ce décor bucolique (et d'autres qui couraient après nos enfants pour se faire prendre en photo avec eux). Nous avons fait le tour tranquillement des jardins, entendu un petit concert de musique traditionnelle, visité les temples et, finalement, pris un taxi pour aller diner.
Après le diner (c'est avec Liên que nous avons mangé les crêpes au riz et suc d'insectes, une première même pour Liên... qui n'a pas aimé) nous avons décidé d'aller visiter le village de Bát Tràng un peu à l'extérieur d’Hanoï. Ce village est reconnu pour être un des plus anciens villages de potiers de tout le Vietnam.
Pour nous y rendre nous avons d'abord pris un taxi (qui s'est avéré véreux avec un compteur trafiqué et, à la grande consternation de Liên qui ne voulait pas d'histoire, nous avons menacé le chauffeur d'appeler la police s'il refusait de nous donner un tarif non frauduleux, ce qu'il a fini par accepter, naturellement) et nous avons ensuite pris un autobus local jusqu'au village. Nous sommes alors arrivés dans le paradis de la céramique de toutes sortes. Le village est une formidable usine et surtout une boutique de céramiques à ciel ouvert. Le marché est immense et il y a l'embarras du choix (et du portefeuille) pour ce qui a trait aux vases, théières, bols, cruches et vaisselles diverses. Liên s'est proposée pour nous accompagner dans nos déambulations commerciales pendant que les enfants ont pu se lâcher lousses dans un atelier de confection, à l'aide d'un tour, de leur propre cossin en terre glaise. Pour ces pauvres enfants privés de loisirs artistiques depuis des mois, c'était le paradis! Nous les avons donc laissés tenter de créer un truc qui ressemble à un truc (ce qui semble bien plus simple qu'il n'y parait) et sommes allés magasiner avec Liên. Pauvre Liên! Elle ne savait sans doute pas, avant de nous proposer de nous accompagner, quel genre de consommateurs non compulsifs nous étions! Nous avons bien dû faire le tour du marché trois fois avant de trouver, choisir, comparer, décider et finalement d'acheter quelques objets!
C'est donc avec plusieurs paquets fragiles (bien hâte d'ouvrir le colis une fois rentrés à la maison) dans les bras que nous avons repris l'autobus vers Hanoï. Nous avons alors proposé à Liên de venir souper avec nous et avons encore marché pas mal avant de rejoindre le restaurant où nous voulions l'emmener (un restaurant australien, question de l'inviter dans un endroit où elle ne devait pas aller souvent). La pauvre avait les pieds en compote et trouvait que, franchement, les Québécois étaient vraiment d'infatigables marcheurs!
Le souper fut animé et nous avons bien rigolé à tenter de reproduire les différents accents vietnamiens servant à différencier différents mots (le même mot peut, selon l'intonation qu'on y met, signifier plusieurs choses très différentes). Quelle langue fascinante que je ne pourrais jamais maitriser!
Nous avons quitté Liên, le cœur un peu gros en sachant que nous ne la reverrons sans doute jamais. Elle était vraiment charmante et attachante et nous a donné une journée de sa vie, juste comme ça. Voilà des cadeaux précieux qu'il faut reconnaitre à leur juste valeur. Merci Liên!
3 commentaires:
Un bel échange de services avec cette jeune étudiante vietnamienne. Par contre, vous semblez négocier dur le prix du taxi pour provoquer la "consternation" de votre guide...Oh la, la...Voilà par ailleurs des potiers en herbe qui ont l'air bien concentré...
Merci mes amis québecois! C'est une journée inoubliable pour moi, un peu fatigante mais superbe! Pourriez-vous me redonner votre adresse d'email svp? J'ai effacé votre email par mégarde!!
ça s'enlaidit pas ces enfants là !
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