Parce que la vie, des fois, ce n'est pas toujours un film de Walt Disney

12 juil. 2022

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Embarquement pour notre vol de retour via Chicago

 
Bon.

Cela m'a pris presque trois ans avant d'être capable de penser à écrire ce billet et, malgré le temps qui fait toujours un peu son œuvre, ça égratigne encore, dans un petit recoin.

La vie, des fois, elle nous ramasse.

Puis, malgré cette non-envie de me replonger dans les émotions de ce moment poche de ma vie, cette envie d'occulter, d'oublier, de faire comme si ça n'avait jamais existé, je trouve aussi important d'en parler et de partager. Parce que c'est bien beau l'idyllique et le conte de fées, mais on le sait tous, c'est pas de même que ça marche pour vrai.

Nous sommes donc sur le bord d'une route poussiéreuse d'un village laid et perdu d'Indonésie et nous attendons avec notre pusher de bus, un autobus vers Bali. C'était comme faire de l'auto-stop, mais avec un gars qui se fout en plein milieu de la route pour arrêter un autocar. Étrange ambiance surréaliste.
Un premier autobus est arrêté et je monte à bord pour vérifier si nous avons bien des places relativement confortables pour les 15 heures de trajet que nous devons nous taper vers Bali. Nous avons comme un mauvais feeling mais c'est un peu tard pour reculer surtout que cela fait des heures que nous attendons pour quitter cet endroit. Autobus dégingandé, pas de place ensemble, pas de siège couchette alors que c'est ce que nous avions payés. Je descends donc en disant que ça ne va pas.

Le bus repart et le gars n'est pas content du tout. Michel lui dit que nous voulons un remboursement et que nous irons à Bali d'une autre manière et avec un autre pusher de bus. Le gars ne veut rien savoir et nous dit que ça va être OK. Il hèle un second bus et j'y monte encore, il fait moins l'affaire que le premier. Notre pusher se met à gueuler avec le préposé de l'autobus, ils veulent faire déplacer des gens, je refuse et il me pousse littéralement en bas des marches pour que je descende plus vite et que l'autobus puisse partir. Bref, l'ambiance est tendue sur le bord de la route.
Lorsque le troisième autobus s'arrête, c'est relativement OK. Les gars se parlent en indonésien et nous nous installons deux par deux. Nous sommes crevés. On se rappelle que nous nous étions levés à l'aurore pour escalader un volcan et que la journée a vraiment été longue.
Le bus reprend sa route et nous nous endormons, épuisés.

Nous arrivons des heures plus tard à notre destination.

Denpasar. Grosse ville dans le nord de Bali. Pas du tout paradisiaque, mais ça, on le savait.

C'est l'arrivée des autobus, trains et avions. Plaque tournante pour ensuite aller explorer cette ile mythique.
Nous descendons et prenons un taxi pour aller à 45 minutes plus loin, dans le village d'Ubud. Pas encore de réservation, mais des adresses pour nous loger.
Dans le taxi, Olivier se met à chercher son iPod dans son sac. Il ne le trouve pas. Il doit bien l'avoir placé dans une autre de ses poches, que je me dis. Et, là, j'ai comme un doute. J'ouvre alors mon sac à dos et j'en sors des boites de jus qui ne m'appartenaient pas. Ces boites y avaient été mises pour remplacer le poids de mon ordinateur que l'on m'avait volé.
Michel se met alors à regarder dans le sien. Son ordinateur aussi avait été volé durant la nuit.

Et les iPod des enfants, et le couteau suisse d'Olivier.

Michel avait heureusement gardé sur lui nos passeports, l'argent et son appareil photo.

Comment dire.

Nous étions en voyage depuis presque 10 mois. Il nous restait deux semaines à ce périple qui s'était déroulé sans véritables pépins. Nous étions indéniablement fatigués, mais aussi plus que ça. Un épuisement mental de 10 mois de réflexion sur notre vie, notre couple, nos aspirations. 10 mois à remettre en question ce que nous voulions faire au retour, ensemble ou non. 10 mois où, loin du quotidien et avec du temps pour penser, pour réfléchir, nous avions reviré notre couple de bord. Des nuits à jaser, des jours à penser, des prises de conscience après plus de vingt ans à marcher sur le même sentier. Qui étions-nous maintenant? Que voulions-nous pour la deuxième partie de notre vie? Comment conjuguer les rêves de tout le monde?
C'était dense dans notre tête et ce vol arrivait à un très mauvais moment (en existe-t-il un bon?).

Parce que bon, nous avions des copies de nos photos, mais pas dans un format de qualité et surtout nous n'avions pas de copies de nos vidéos (enfin, oui, mais sur le deuxième ordi...). Parce que c'était lourd et long à envoyer sur un serveur externe. Exit les centaines d'heures de vidéos de nos 10 mois de voyage. Dur pour Michel qui est toujours si consciencieux avec ce genre de trucs. Puis, on s'est senti tellement floué par le gars de l'autobus, coupables, pour la première fois en neuf mois et demi, de ne pas avoir gardé nos sacs près de nous. L'espace d'une nuit, nous avons baissé la garde. Des bleus!
Frustrant, humiliant.

Et, Michel déjà fragilisé par une quête intérieure complexe a explosé en un millier de particules.
Éclaté.

Tellement qu'il dira maintenant qu'il ne se souvient plus des jours qui ont suivi.

Tout ce qui le tenait encore entier s'est désagrégé.

Des miettes de lui que je n'arrivais même plus à ramasser sur le trottoir d'Ubud.

Parce que c'était plus que des photos et des vidéos qui étaient perdues.

(...)

Nous sommes retournés à la gare d'autobus.
Nous sommes allés à la police.
Nous avons offert une récompense à des tas de gens.
Nous avons tenté de continuer malgré le chaos.
Combattre cette envie de rentrer tout de suite, là, maintenant.
Et celle, aussi puissante, de se rouler en boule dans notre lit et d'attendre que ça passe.
Respirer encore.

(...)

Michel n'allait pas.
Vraiment pas.

Sale quart d'heure.

Toute cette détresse.
Et cette impuissance à la soulager.

(...)

Et, je ne le dirais sans doute jamais assez, mais c'est à ce moment de ma vie que j'ai senti toute la richesse d'être si bien entourée.
Entourée par ma famille et mes amis qui via internet m'accompagnaient dans ce sale moment.

Si présents.

Ma mère, mon père.

Caroline et Fabyen et Mélanie.

François avec sa rationalité toute masculine.

Et ma sœur qui se proposait de venir me chercher, là, à Bali, maintenant.

J'ai pu compter sur plus d'une main le nombre de personnes qui seraient venues me serrer dans leurs bras.
Je me suis sentie riche.

Je le suis encore.

Et les enfants...
Témoins impuissants de notre fragilité et qui se sont regroupés.
Sans comprendre nécessairement tous les enjeux, mais en sentant que ça tournait un peu tout croche du côté des parents.
Pour la première fois de ma vie, c'est moi qui avais besoin qu'ils soient là pour nous.
Ils y étaient.

Ils ont été merveilleux.
Ils le sont encore.


La vie, pas toujours comme dans les films de Walt Disney.

(...)

Et, nous avons recommencé à respirer.
Nécessairement.
Un peu tout croche, un peu moins bien, mais respirer pareil.

Et, tout de même, nous étions à Bali.
Bel endroit s'il en est un.
Même si c'est pour s'y émietter.















Dormir, manger, rentrer

11 juil. 2022

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Ubud, première ville à Bali, dernière ville de notre voyage.

On peut dire que notre expérience à Ubud, scindée en deux, fut teintée d'une fébrilité hors norme, mais pas uniquement de ça.

Une certaine tristesse habitait aussi les derniers jours de notre périple. Un peu de lassitude aussi et beaucoup d'excitation. Nos deux séjours dans cette station touristique furent singulièrement et fondamentalement différents! Seul l'hébergement était comparable... car nous sommes restés, les deux fois, dans le même hotel, avec des petits chambres sympathiques et luxeuses qui donnaient sur le bord d'une incroyable piscine! 
 
Piscine incroyable.

 

Lors de notre premier séjour à Ubud nous avons vécu:

- le vol de nos ordinateurs portables dans l'autobus qui nous amenait à Ubud
- beaucoup d'épuisement
- des heures de sommeil à squatter dans la chambre et dans la piscine
- des repas dans des restaurants organiques, biologiques, granos (pour nous faire du bien)
- du temps pour ne rien faire, mais vraiment rien faire
-des balades pour se promener dans les rues à la recherche de nouveaux restaurants
-du magasinages de souvenirs en léchant abondamment les vitrines

Bref, ce fut une petite pause pour rester sains d'esprit pour notre retour et pour nous remettre émotivement du vol des ordinateurs.

Après ces quelques jours de repos, la plage nous appelait et nous avons été  nous promener à:

*   *   *
AMED

et à 
*   *   *
LOMBOK
*   *   *

La mer nous a fait du bien. 
Une mini renaissance disons...
 
 


Avant.
 
Après.




Oui. C'était long.

Et chaud.

 





 




Thomas apprivoisant la foule.

Catherine kidnappée.




Biscuits aux ananas avalés tout ronds!



 
C'est donc un peu plus en forme que nous sommes revenus à Ubud et que nous avons exploré  un peu plus en profondeur cette ville, certes sympatique et reposante, mais sans finalement de grand intérêt autre que les milliers de touristes fourmillant dans ses rues.
 
Notre deuxième séjour à Ubud fut cependant un peu plus actif grâce aux cours de cuisine balinaise que nous avons suivi, à l'expédition de vélo dans les rizières que nous avons faite et  par les beaux restaurants ultra hippie et grano où nous avons mangé!  
Nous avons aussi revu, pour une dernière fois en Asie, nos amis québecois: Philippe et Noémie qui étaient aussi à Ubud.





Nous avons aussi été à notre dernière plage du voyage à une vingtaine de minutes de la ville. Une belle plage de sable volcanique avec des vagues énormes (dangereuses sur les bords) et avec du sable noir. Nous nous sommes amusés une dernière fois dans l'eau de ce continent et nous en étions bien conscients.

















Après tout ceci, nous étions déjà rendus à notre dernière journée à Ubud, à Bali, en Indonésie, en Asie.
Pour cette dernière journée, nous avions décidé de marcher une dernière fois dans les rizières avant de reprendre le soir même notre avion vers Séoul.
 
C'est donc avec un guide parlant moitié français, moitié anglais (et naturellement balinais), que nous avons fait notre dernier trek du voyage!

Thomas a pu monter en haut d'un cocotier, nous avons pu cueillir des clous de girofle sur un arbre, voir les paysans semer le riz et nous imprégner de la quiétude du paysage.
 
 







Thomas grimpe partout...

Partout.


 




 
 
Nous étions fin prêt à rentrer.
 
Changés à jamais.
 
Pour le meilleur et pour le pire.





 
 
 
Surtout le meilleur.