Les «machines» à laver asiatiques

11 nov. 2011

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Depuis le début du voyage, nous avons vu beaucoup de gens qui lavaient leur linge. On les regardait savonner, frotter, rincer, sécher et recommencer pour chaque vêtement. Nous n’avons vu que très peu d’hommes qui lavaient, ce sont généralement les femmes et les jeunes filles qui s’occupent du linge. On les retrouve en masse à côté des «robinets publics» (genres de gros éviers en béton) ou bien dans leur jardin avec une petite bassine, une brosse, un savon et bien sûr, de l’eau. Avec ces quatre éléments, c’est magique comme le linge sale devient vite propre. En plus, il fait chaud alors ça sèche vite et n’importe où, comme sur les toits, sur des clôtures ou même par terre!

J’aime beaucoup laver mon linge (surtout dans des petites bassines), ça me rappelle lorsque je lavais la vaisselle avec ma grand-maman. Chiffon à la main, assiette dans l’autre, j’aime beaucoup faire briller les couverts. C’est pareil avec les vêtements, ils ne brillent pas mais ils sentent bon. En voyage, je lave beaucoup mon linge. Je n’y suis pas obligée mais j’aime ça. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est agréable d’être tranquille, seule avec mon linge et le savon. D’ailleurs, le savon ici sent très bon, cette odeur et le son du frottement entre la brosse et mon linge, m’enveloppent comme dans un rêve. Finalement, je pense que c’est ça que j’aime : être seule dans mes pensées. 

En trek, on devait souvent laver notre linge. C’était très difficile de faire sécher nos vêtements lorsqu’ils étaient tout mouillés et ce n’était pas toujours possible de juste apporter notre linge à des « Laundry service » (ce qu’on appellerait des nettoyeurs) c’est-à-dire, de faire nettoyer notre linge par d’autres personnes pour environ un dollar le kilo. À Luang Prabang, on en trouve presque à chaque coin de rue. Malgré qu’on aille souvent porter des sacs de linge au « nettoyeur », je préfère laver mes vêtements à la main. 

C’est bien beau que mes vêtements soient propres, il faut toujours qu’ils soient bien rangés et pliés dans mon sac. Je n’aime pas lorsque mes choses sont en désordre, ça m’empêche de me retrouver. Je préfère que mon lit soit fait et que mes affaires soient ordonnées. Je me trouve très organisée, souvent mes frères trouvent que je ressemble à grand-maman Brigitte pour ça. Ce sont peut-être mes racines suisses qui se démarquent!

Big Brother Mouse

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Il y a quelque jours, nous sommes allés au Big Brother Mouse, une association qui vise à aider les jeunes Laotiens à « improve » leur anglais. Chaque matin, ils vont s’assoir à une table où ils font des exercices de grammaire, lisent des livres (produits par l’association même…) et parlent aux volontaires/bénévoles qui se montrent à la porte. Bien sûr, c’est gratuit et en plus ça aide les jeunes à apprendre l’anglais.

Nous sommes donc entrés dans l’établissement, là ou une douzaine de jeunes étaient assis. Mes parents se sont installés, et se sont mis à parler avec des ados, suivis de Catherine et Thomas. Mon frère et moi restions les seuls debout, cherchant une place où nous assoir… Nous aurions pu rester debout tout le long, mais notre destin était tout autre : des chaises sont apparues brusquement à nos côtés et nous nous sommes assis au milieu de plein d’autres gens que nous ne connaissions même pas (évidemment!).

Un silence presque gênant s’installa alors, mais nous ne l’avons pas laissé évoluer en silence gênant; nous nous sommes mis à faire les présentations, exprimant clairement nos noms (la plupart des gens que nous rencontrons ne sont pas capables de prononcer mon nom, les résultats des tentatives sont généralement très drôles!). Le gars qui était à côté de moi s’appelait Dong, il lisait un livre de contes traditionnels, il avait 19 ans et il habitait de l’autre bord du pont de Luang Prabang.

Je me suis mis alors à parler, en anglais, de notre pays, le Québec, de la température froide glaciale de l’hiver et de la neige, les bases quoi. Je lui ai expliqué la différence entre nos saisons et celles de son pays, car nous en avons quatre, et lui deux. C’était plutôt facile de communiquer, je n’utilisais pas de mots compliqués, il n’y avait jusqu’à présent aucune difficulté. Il a ensuite été chercher un livre dans la petite bibliothèque : Les animaux d’Afrique. Je me mis donc à lire certaines parties du livre, lui expliquant des mots soit avec des gestes, des sons ou plus simplement d’autres mots. Quelquefois, je lui expliquais des passages qui pouvaient sembler difficiles (comme décrire qu’est-ce que c’était des espèces liées génétiquement –Okay, just forget about it…), mais généralement, tout se passait très bien. Parfois il lisait lui aussi quelques paragraphes, me laissant lire les plus compliqués.

Après une heure et demie de « conversation » , nous avons laissé Dong et ses amis pour partir diner. Nous leur avons dit au revoir (ou adieu) et nous remîmes nos souliers. Dans mon cas, j’avais l’impression que je venais d’accomplir une bonne action. J’étais vraiment content, je venais d’aider des jeunes à pratiquer leur anglais (en pratiquant le mien aussi…) et j’avais rencontré des gens avec qui j’avais pu parler. Si jamais je reviens à Luang Prabang, dans quinze ans peut-être, j'irai voir Dong et je lui dirais, juste pour voir son expression: Hey my friend! Do you remember me?

P.S: Ms Genovesi, thanks to your teaching, I was able to teach Dong...







L'art de faire mille choses et rien en même temps

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J'adore faire du bateau, bien plus que de l'autobus ou de la voiture.
Je déteste la houle et je serre les dents à la moindre vague, mais j'adore le rythme lent de l'eau et voir défiler le paysage autrement. Sur l'eau il y a du vent, de la vie, des tas de choses à voir. Et si, en plus, le bateau est une genre de pirogue à ras l'eau, je suis encore plus aux anges!

C'est donc sans hésiter que nous avons pris, à partir de Nong Khiaw, un bateau pour rejoindre Luang Prabang, ancienne capitale du Laos sise sur les bord du fameux tumultueux Mékong (dans lequel se jette la Ou).


Luang Prabang, ville qui fut sauvée de la décrépitude, il y a quinze ans, lorsqu'elle fut admise au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Luang Prabang, ancienne cité royale et ville aux centaines de temples bouddhistes et aux milliers de moines.
 

Luang Prabang au charme un peu suranné des anciennes cités coloniales.
Luang Prabang qui fut française pendant près de cent ans et qui a donc conservé la baguette, les cafés, quelques mots dans la langue de Molière par ci, par là, et un petit quelque chose de je ne sais quoi.
Luang Prabang, la mythique, l'incontournable arrêt pour quiconque visite le Laos.



Ici, on retrouve nécessairement une multitude de touristes (pas mal de Français d'ailleurs, et beaucoup de groupes organisés).
On retrouve aussi toute une faune de jeunes en camisole, avec des dreads dans le genre je-voyage-au-Laos-et-je-me-la-joue-cool.
Ça pourrait être rigolo si leur tenue vestimentaire n'était pas si dérangeante. Il faut comprendre que le Laos est un pays très pudique et que les Laotiens ne sont jamais dénudés (les femmes sont en jupe avec les épaules couvertes, les hommes ne sont jamais torse nu). Dès que l'on rentre au Laos il y a des affiches partout demandant aux touristes de se couvrir, de respecter les mœurs de la place, d'être décents et réservés dans leur tenue.
Pfff.... il faut vraiment croire que les touristes ne savent pas lire ou s'en foutent éperdument en voyant comment une grande partie des visiteurs s'habillent. C'est pas mêlant, je me sens comme si je surveillais dans la salle G lorsque la chaleur printanière arrive. C'est le festival de la brassière, de la bretelle et des shorts minimalistes. Du coup, nous sommes presque gênés d'être, nous aussi, des touristes et d'être nécessairement, un peu, associés à cette faune. Moche, un peu.

Ceci dit, on aime Luang Prabang. On s'est même demandé, l'espace d'une journée, si on ne resterait pas quelques mois ici. Il y a des maisons à louer, un centre Laos français et des tas d'écoles «bilingues». Mais bon, on s'est ressaisi rapidement (surtout en pensant à la mer qui nous attend, quelque part plus au sud) et on va seulement y passer une semaine... ou un peu plus.

Alors, on se promène dans la cité et on fait mille choses et rien du tout à la fois (c'est tout un art dans lequel nous sommes les maitres!).

  • Nous avons passé un avant-midi dans un centre qui offre aux jeunes Laotiens la possibilité de venir parler en anglais avec des volontaires-touristes. On se présente à neuf heures le matin et on aide les jeunes qui sont là en leur faisant la conversation en anglais. Nous avons vraiment passé un bon moment et ce fut une excellente expérience, surtout, je crois, pour Nicolas et Olivier.
  • Nous avons fait couper les cheveux de Thomas qui commençait à en avoir épais. On a rigolé un bon coup de voir la tête de notre Dodu national dans la gargote de la coiffeuse. La photo vaut mille mots!

 Thomas avec la récompense promise s'il acceptait de se faire couper les cheveux: un brocoli frais du marché
    • Nous avons finalement trouvé une guitare dans le fin fond d'un magasin dans le Chinese Market (genre de marché aux puces 440 à ciel ouvert). Elle n'était vraiment pas facile à dégoter et je crois que c'était la seule guitare en vente dans tout le Laos! Elle est rouge, faite en Chine, naturellement, mais elle va bien faire l'affaire! Michel est content car il commençait à rouiller des doigts! Reste à savoir combien de temps elle va durer avant que nous l'oubliions quelque part!
    • Nous avons bouquiné toute une soirée dans un café tenu par des Québécois, L'étranger. J'ai pu lire un pas pire mauvais livre québécois (le seul intérêt du bouquin était qu'il se passait au Laos), mais bon, juste de bouquiner, c'était super! Nous y avons aussi regardé une moitié de film lors de leur soirée cinéma quotidienne. Une moitié de film car le son était tellement mauvais qu'on ne comprenait rien à l'histoire!
    • Nous avons changé d'auberge après les trois premières nuits (l'auberge initiale était géniale mais un peu, pas mal trop, hors budget) et avons trouvé une autre guest house pas tellement moins bien mais tellement bon marché que l'on se demande encore où est la pogne! Balcon avec vue sur le Mékong, internet, salle de bain privée, ventilateurs, télévision avec le câble, deux chambres immenses et communicantes, à cinq minutes du marché... le tout pour 18 $ par nuit.
    • Nous dévalisons le marché de nuit tous les soirs. Les enfants ont déjà leurs habitudes aux kiosques de jus de fruits et font des essais gustatifs courageux de combinaisons de fruits (tomates et lait condensé sucré, mangue et menthe (le préféré de Catherine) ou carambole et melon d'eau). Pour ma part, j'ai un faible certain pour le shake fruit de la passion et banane, un vrai régal!
     Poissons au marché de nuit
      • Nous avons été au bureau des visas pour faire prolonger nos visas d'une quinzaine de jours. Au rythme où nous allons, on avait un peu peur de se faire expulser du pays avant d'en avoir exploré la moitié! Nous nous sommes donc donné un peu de jeu avant d'affronter la Birmanie.
      • Michel est allé voir les touristes donner des offrandes aux moines. Une expérience désespérante et une honte totale d'avoir fait une attraction d'un rituel sacré. Les touristes prenaient des photos directement sous le nez des moines (et se faisaient prendre en photo en train «d'offrir» ) et Michel prenait des photos... des touristes!  J'y suis aussi allée un matin avec Catherine. C'est un peu étrange et ça donne une drôle d'impression. Les touristes s'installent, organisés par leur guide, parmi quelques locaux. Les moines passent avec des bols et les gens leur donnent à chacun une poignée de riz cuit ou des bananes. Les moines en redonnent ensuite, en cours de route, une partie à des enfants qui gravitent autour avec des sacs ou encore, jettent dans des boites en carton des boules de riz quand ils en ont trop dans leur bol.
        • Les enfants sont allés lire au Centre culturel Laos-France. Une petite salle avec des livres en français, des revues et des sièges confortables... juste en avant de notre auberge. Nous y avons aussi rencontré la française la plus bête du monde entier, ce qui n'est pas peu dire.
        • Nous avons passé une journée aux chutes paradisiaques de Kuang Si à une quarantaine de minutes de Luang Prabang, en tuk-tuk. De l'eau turquoise, des bassins en cascade, une corde de tarzan, des «grottes» en arrière des chutes... les enfants ont adoré et nous aussi!




          • Nous avons TV5 dans notre chambre et nous regardons avec plaisir des émissions québécoises (avec sous-titres!). Faut le faire tout de même, être au Laos et regarder Le coeur à ses raisons ainsi que Les hauts et les bas de Sophie Paquin. Mais, bon, comme on ne regarde pas la télévision à la maison, on se le permet.
          • On marche au hasard des rues, on trouve des petites ruelles avec des bicoques en paille... le village à peine masqué par la ville. On boit du jus de canne à sucre, du lait de coco vert directement à la paille dans la noix, on goûte un paquet d'affaires plus ou moins étranges... des boules de quelque chose dans de la noix de coco, de la heaven meat (viande séchée locale), des cafés au lait condensé sucré, des chips aux bananes, des beignets au coco...
          Arc-en-ciel dans une ruelle de Luang Prabang (il manque ma chemise verte)

            • Nous avons loué des vélos pour une journée. De très mignons petits vélos de ville «vintage» avec un petit panier en avant et... aucune vitesse. Qu'à cela ne tienne, nous avons tout de même décidé d'aller nous perdre sur des petites routes de terre qui montent et qui descendent à travers la colline. Des vrais énergumènes sur la route. On a travaillé fort des mollets (et avons aussi épongé, en passant, un peu de sang dû à une chute de Thomas) mais on s'est rendus dans un genre de centre avec des éléphants et, de là, nous avons pris un bateau (chouette!) pour nous rendre aux chutes de Tad Sae. Nous y avons barboté un bon deux heures dans des bassins d'eau turquoise. Retour en fin de journée, juste avant le coucher du soleil. On a adoré.
             
            Vélos «vintage» fumants
             Mollets en formation




            Barbotage dans des bassins d'eau turquoise

             Contemplation devant les merveilles de la nature, c'est-à-dire le menu

             
            Pas évident de prendre des photos à vélo...

            Gros truck qui nous dépasse

             Autre dépassement du genre



            Voilà.

            Au total c'est une bonne grosse semaine que nous avons déjà passée à Luang Prabang. C'est fou comme le temps file à toute vitesse! Nous prévoyons rester encore deux jours ici et ensuite nous diriger un peu plus au sud. Ce sera avec regret que nous partirons... signe que nous sommes bien.

            Tranche de vie peinarde au Laos

            6 nov. 2011

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            [NdP: Les pomelos qui nous ont appelés.]

            La journée commence tôt à Nong Khiaw.

            Dès deux heures du matin, ce sont les coqs qui font chorale, rejoints quelques moments plus tard par les chiens. Un concert relativement courant en Asie et nous arrivons presque à dormir, fort de nos deux mois dans le coin, en faisant fi de toute cette ménagerie.

            Vers six heures c'est le commerce qui reprend ses droits. Pêcheurs et trafic fluviaux procèdent alors à un ballet intense sur la Ou.



            En ouvrant la porte de notre bungalow, c'est la brume qui enrobe d'une aura mystique les montagnes qui nous font face et le temps est gris, comme tous les matins au Laos. Nous croyons invariablement et naïvement que la journée sera alors à la pluie mais le soleil se pointe quotidiennement vers neuf heures, pour nous détromper.



            Sur la petite rue de terre de notre auberge, les gens ont ouvert des «restaurants» devant chez eux. Quelques tables, une nappe, un menu et quelques femmes et enfants qui attendent le client. Notre rituel depuis que nous sommes au Laos, ce sont les shakes aux fruits pour débuter la journée. Mangue, lime et menthe, ananas, papaye, banane, pommes, orange, melon d'eau... nous les avons tous essayés et réessayés encore. Sur le menu, un savant mélange de tout, des crêpes jusqu'au riz collant, du muesli jusqu'aux soupes piquantes.

            Aujourd'hui on va prendre la petite route de terre, celle qui longe la rivière vers le nord. Home, le gérant du salon de massage (!), nous a fait un petit dessin sur une carte. La rivière, le pont, la route juste avant, deux villages et une phrase en lao pour demander à prendre un bateau pour revenir ici. Adorable ce Home, et le Laotien parlant le mieux l'anglais de tout le nord du Laos, pour sûr!

            Il fait beau, la terre du chemin est rouge, comme la fond de la rivière qui donne cet air si boueux à la Ou et au Mékong. Nous sommes entourés d'une végétation incroyable, et les promontoires rocheux nous offrent un paysage digne de la forêt du Gondor (dixit les enfants). On est seuls sur le sentier et nous croisons seulement quelques femmes qui se rendent à la «ville». Toujours un peu surréalistes, ces rencontres à mi-chemin entre une conversation entre sourds, et une envie de prolonger, tout de même, ces échanges. Les femmes sont rieuses et on se jase ça entre mille sourires et gestes plus ou moins compréhensibles.


            [NdP: Au retour, le sac à dos de la chapardeuse était plein!]

            On s'arrêtera au premier village, à l'ombre, et on mangera des pomelos que des passantes nous offriront, surprises et intriguées par cette meute d'étrangers se reposant en troupeau. En route vers le deuxième village nous sortons du sentier pour «tomber» sur une immense orangeraie. On se cueille alors des pomelos et des oranges et nous piqueniquerons à la laotienne, sur des feuilles de palmier coupées par la machette de Nicolas. On est complètement seuls, les enfants se ramassent des bouts de bois et jouent aux hommes des cavernes. Ils sont drôles!

            [NdP: Hommes des cavernes, état brut.]

            Au second village, c'est l'école qui nous accueille. Une cabane de paille et de tôle, quelques classes, des enfants qui sautent avec un élastique, des chiots dans le tas, deux professeurs qui prennent une pause en fumant des cigarettes. Nous arrivons au début de la récréation. Michel manque de créer une véritable émeute en sortant son appareil photo. Tous les enfants veulent être devant l'objectif, en même temps, et c'est la bousculade intense! Je dois même faire une diversion pour sauver mon chum du piétinement, c'est tout dire.

            [NdP: Et ça, c'était la diversion. Z'auriez dû voir le capharnaüm initial: impossible à cadrer avec ma lentille quand l'enfant le plus éloigné était à 30 centimètres!]

            Nous sortons alors les marionnettes à doigts et c'est Olivier qui fait rire les petits diablotins avec ses pitreries.



            [NdP: Fiou, Olivier à la rescousse, et Laurence et moi avons pu souffler...]


            Au village, nous n'avons qu'à montrer la carte de Home avec la phrase en laotien pour que débute les négociations sur le prix pour un éventuel retour en pirogue vers Nong Khiaw. C'est assis à croupetons avec la terre en guise de papier et un bâton en guise de crayon que Michel et un jeune homme s'entendent sur le prix de la course. Douze dollars plus tard, nous sommes en route, sur une pirogue (avec un moteur tout de même), pour un vingt minutes de navigation somptueuse sur la Ou, entrecoupée par quelques pêcheurs et quelques buffles qui prennent le frais dans l'eau. Paysages majestueux, nous sourions béatement dans la lumière décroissante du jour.




            Retour au bercail, la pirogue nous déposant juste en bas de notre bungalow. Nous irons prendre une bière (ici, la BeerLao est une institution) au restaurant Indien ainsi qu'une partie de notre repas (n'ayant pu résister au fish masala et au tandoori chicken). On ira ensuite finir notre souper dans un autre petit restaurant plus loin avec une soupe aigre-douce d'influence thaïe, quelques crêpes et des fruits frais.

            C'est Nong Khiaw, le soir se couche tôt sur la Ou, et nous aussi.

            C'est le Laos, tranquille.

            Quinze ans et toutes mes dents

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            Depuis un mois, J'attendais impatiemment ce jour de fête. Dans ma tête, j'avais déjà quinze ans, mais ce n'était pas officiel. Ce jour-là, c'était pour de vrai!


            Ça ne commençait pas très bien, nous devions faire 8 heures de voiture pour nous rendre dans une autre ville. Disons que je n'étais pas du tout enchanté de passer la journée de ma fête dans un véhicule, à vomir tout ce que j'avais ingéré les derniers jours. C'était donc bourré avec des gravols que je me dirigeais, somnolent, vers notre carrosse. Ce fut un trajet assez éprouvant, dû à la mauvaise condition des routes et de la longueur interminable de notre itinéraire.

            Mais ça ne fait rien, c'était ma fête et c'était moi le roi! Une fois enfin arrivé à destination dans nos bungalows en bambou, j'ai eu le privilège de choisir le restaurant où nous irions manger pour la soirée de ma fête. J'ai donc élu le plus chic resto de la ville comme étant digne de me recevoir pour cette soirée.




            Le repas et l'ambiance étaient très agréables, mais ce qui m'a le plus surpris, c'est quand les lumières se sont fermées et que mon dessert (la traditionnelle «Banana Pancake» des voyageurs) est arrivé, orné de quinze bougies. C'était littéralement l'annonce du restaurant Barbie's Resto Bar et Grill qui se reproduisait devant moi. Disons que j'étais déjà très content et ému, mais ce n'était pas fini, car j'ai reçu plein de beaux cadeaux: Un paquet de Vache qui rit, un couteau digne du plus grand chasseur Hmong, un massage Lao et des bonnes gommes népalaises.

            Finalement, passer sa fête en voyage, ce n'est pas si mal, mais il manquait quand même mes amis et le reste de ma famille autour de moi.

            Postscriptum -- Je sais que ma fête est passée depuis une bonne semaine, mais le temps que j'écrive ce texte, que je le corrige, que je le montre à mes parents, que je le recorrige et que je l'envoie au blogue, nous voilà le 6 novembre...

            Un peu plus au Nord-Est

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            [NdP: Indigènes.]

            La fin octobre est toujours un temps bien occupé pour la famille Sardi. En effet, c’est la fête de Nicolas le 30, l’Halloween ensuite (et qui est vraiment notre fête préférée dans l’année) et la fête de Catherine le 1er novembre. Autant dire que, lorsque nous sommes à la maison, nous ne chômons pas durant cette période. Nous savions cependant, et les enfants le savaient aussi, que fêter des anniversaires en voyage serait bien différent que lorsque nous sommes à la maison.
             
            Pour la fête de Nicolas, nous devions faire de la route. Ce n’est sans doute pas le plus beau cadeau de fête que nous pouvions lui faire (huit heures de route vomitive et défoncée) mais nous ne voulions pas rester encore à trainer à Luang Namtha dont nous avions vraiment fait le tour, plusieurs fois. On savait aussi que l’on se dirigeait vers un beau coin et que nous y serions bien pour quelques jours tranquilles. 

            Avant d’aller plus loin, je tiens à m’excuser auprès de John et Célia, un très charmant couple de français rencontré à Luang Namtha et avec qui nous avons mangé. La nourriture du marché de nuit n’était peut-être pas si salubre que je le prétendais. J’ai été malade toute la nuit et Olivier a été blême tout le lendemain, ce qui nous a obligés à serrer les dents durant tout le trajet en voiture (oui, oui, durant le huit heures de route en spirale). Nous sommes, depuis, incapables de repenser à du riz collant ou à de la salade de papaye verte sans avoir le haut de cœur. 

            Après avoir soupesé les diverses options de transports, c'est finalement en mini-van privé que nous ferons la route. Et comme finalement nous serons avec une autre personne ce ne sera pas beaucoup plus cher que le bus local, et notamment plus rapide et confortable.C'est fête, tout de même!

            Plus rapide en effet, malgré les deux arrêts pour réparer un trouble avec le joint de cardan de la mini-van (dur pour les voitures, les nids-de-dindes laotiens). C'est vraiment pas compliqué au Laos d’avoir des troubles de voiture et bien moins énervant que de tomber en panne sur l’autoroute 20. Ici, il y a des gosseux dans tous les villages. Une cabane de bric-à-brac et un gars qui sort une rallonge d’une hutte de paille et qui soude un machin (un boulon près du joint de cardan) sous la voiture. Une affaire d'une vingtaine de minutes avant que l'on puisse repartir à l'assaut de la route. On a bien aimé ces interludes car, pendant ce temps, on pouvait se balader dans le village (d’une rue), Catherine faisait sensation en offrant des graines de tournesol à tous les enfants et Olivier et moi pouvions prendre un peu d'air et des couleurs. 

            [NdP: Interlude #1]

            [NdP: Interlude #2]

            Nous avons tout de même fini par nous rendre à Nong Khiaw sans que personne ne soit malade (merci Gravol). L’endroit était à la hauteur de nos espérances et nous avions réservé trois bungalows en bois tressé, sur pilotis et avec hamac, donnant directement sur la rivière avec, en arrière-plan, des promontoires rocheux. C'était vraiment superbe comme panorama.

            [NdP: Les trois bungalows du devant seront les nôtres pour cinq jours. Prix: 140$. Pour les trois bungalows. Pour les cinq nuits.]

             [NdP: Test de hamac #1.]

             [NdP: Test de hamac #2.]

             [NdP: Test ultime de hamac.]

            La rivière (la Ou, un affluent du Mékong) est très animée car c’est une route importante qui relie Nong Khiaw à Luang Prabang et aux autres villages plus au nord, qui ne sont accessibles que par bateau. Nous avons donc droit, durant tout notre séjour, à une vue imprenable sur le trafic de pirogues et sur les pêcheurs relevant régulièrement leurs filets.



            Nong Khiaw est en plein boum touristique (la faute à tous les voyageurs qui en reviennent en disant que c'est franchement beau et parce que c'est franchement beau). Personne ne venait ici il y a quelques années, maintenant c’est presque un incontournable pour les touristes visitant le nord du Laos. Nous y trouvons donc des restaurants et quelques «dépanneurs» sans que cela ne soit, pas contre, encore trop dénaturé. Mais c'est certain que, dans quelques années, ce sera une autre paire de manches!

            On s’installe donc, peinards, dans nos bungalows (les enfants très contents d’avoir un bungalow pour deux, ils ont, je crois, un peu l’impression d’être en appartement) et Nicolas choisit le restaurant pour ce soir. Ce n’est pas vraiment spécial de manger au restaurant pour sa fête puisque nous mangeons au restaurant tous les jours (je sais, on fait très pitié!), mais là, ce sera son choix et Catherine pourra faire de même le jour de son anniversaire.

            Le temps se la coule douce dans ce patelin. Nous n’avons pas trop trop envie de faire des treks et comme les prix sont ici encore plus prohibitifs qu’ailleurs, c’est bien tant mieux (on parle de plus de 30$ par personne, pour une journée de marche dans la jungle, vraiment au-dessus de nos moyens!). Au fait, nous sommes très contents de «juste» nous promener autour, de lire et de saluer les gens que l’on croise. Les enfants se sont baignés dans la rivière, ramassent des sauterelles, sympathisent avec le pêcheur et en profitent aussi pour lire des trucs pas mal via iPod, bien tranquilles sur les hamacs du petit restaurant dont la terrasse surplombe la rue principale. On en profitera aussi pour se faire masser vigoureusement (on se fait littéralement marcher dessus selon la technique laotienne) juste au coin de notre auberge, sous une hutte de paille. Pour Nicolas et Catherine ce sera leur cadeau de fête et pour moi, heu, en remerciement pour avoir mis ces beaux enfants là au monde, il y a quinze et douze ans. Déjà.

            [NdP: Sabaï sabaï = relaaaaaxe. Oh que oui.]

            Nous arrivons même à trouver des grignotines pour souligner l’Halloween dans les petites échoppes de LA rue principale (les bonbons étant tout de même un truc relativement universel même si on n’en trouve pas facilement des masses ici). Les enfants sont un peu (pas mal) nostalgiques de ne pas être chez nous pour cette occasion. Mais bon, à la guerre comme à la guerre et c’est devant le film Alien que les enfants se déguiseront en enfants très sages et que les grignotines seront mangées… On a connu pire!