Dans un grand bol de strychnine...

1 sept. 2011

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Voilà, j'ai la potion magique fricotée par Docteur Ho dans le fin fond du village de Baïcha. Celle qui me guérira de tous mes maux. Bon, mes maladies étant avant tout imaginaires, vous me direz que ce n'est pas très difficile et que Fabyen, dans sa cuisine, avec un verre de vin, pourrait faire la même chose.

Mais, on vient de loin pour rencontrer Dr Ho. Il parait que la clinique Mayo le consulte, il parait qu'il soigne tout, il parait qu'il s'est guéri d'un cancer, il parait qu'il vivra mille ans, il parait bien des choses. 

Ce qui est certain, c'est que le personnage est fort sympathique et très fier de sa notoriété. Il nous fait visiter sa caverne d'Ali Baba, me prend le pouls, me pose quelques questions et s'en va puiser dans ses seaux d'herbes. Un peu de ceci, un peu de cela et un peu de poivre en grains, que je chantais dans ma tête! Voilà, j'ai une concoction magique qui me donnera du fer dans le sang, m'aidera à dormir, enlèvera mes maux de dos et me rendra rousse et bouclée. Le tout en échange d'un don substantiel, il faut le dire. Mais, comme il soigne gratuitement les pauvres, on ne commencera pas à faire des chichis!

Son meilleur conseil? Soyez heureux et vous serez en santé. Ça valait bien un don.



On s'est rendu à Baïsha en vélo, et Michel avait la tâche évidente de décoder les panneaux de signalisation... Route bucolique qui avait des relents de Suisse. Mais c'est peut-être juste moi qui pense à la Suisse dès que ça sent un peu la vache. Il y a des souvenirs d'enfance qui ne s'effacent pas!

Nous avons tenté d'aller visiter un monastère en haut d'une colline. Je dois vous avouer que la moitié de la famille a déclaré forfait à la mi-course. Une côte sans fin sur des kilomètres, en plein soleil avec un fond d'eau a eu raison des plus courageux et nous sommes redescendus, sur les freins tout le long!

Comme la Chine n'est vraiment pas une société des loisirs, nous n'avons croisé aucun cycliste en cuissards jaune fluo en train de faire semblant de s'entrainer pour le tour de France, comme on en croise des milliers sur toutes les buttes d'Europe. Du coup, personne ne pouvait me voir marcher à côté de mon vélo. Mon honneur était sauf!

Retour en pente douce sur des kilomètres (tiens, il me semblait bien que c'était un peu ardu à l'aller) et repos à l'auberge. C'est le temps du lavage, de Pokémon à la télévision et de la sieste. Je vous laisse deviner qui fait quoi!





Une rentrée sans nous...

31 août 2011

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Ce matin, je vous le jure, j'ai entendu, au cœur de Lijiang, une cloche d'école sonner. La même que celle de la Cité-des-Jeunes. Même pas des blagues.

Il n'y a pas de hasard.

Je pense à vous, chers collègues.

Beaucoup.

J'ai un peu les papillons que vous avez sans doute, à quelques heures de donner votre premier cours, de rencontrer ces nouveaux élèves pour la première fois. C'est tellement chouette le premier cours, et tellement énervant!

Je suis un peu nostalgique, aussi, de ne pas être là, avec vous. Oui, oui…vraiment! Parce que j'aime beaucoup mon travail et mon école, mais que je vous aime encore plus!

Vous me manquez et je vous souhaite des élèves curieux et allumés, à la hauteur des enseignants que vous êtes.

Attendez-nous pour chambouler l'école, soyez sages et surtout… amusez-vous! C'est beaucoup ça l'enseignement!

Jour 1

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Demain, c'est jour 1.

Je manque ma journée préférée d'école. À part peut-être la dernière journée de cours, dans une catégorie bien à part, mais pas pour les raisons qui sembleraient évidentes. Mes anciens élèves comprendront... D'ailleurs, ils diraient sans doute que ce sont deux cours bien dérangeants, que le premier et le dernier de l'année scolaire. (Oui, je sais : pour certains, ceux entre les deux aussi...)

J'ai, d'ordinaire, ce privilège, voyez-vous, de savoir que ma journée préférée reviendra chaque année. Chance inouïe, vous comprenez?
Si l'année précédente ne s'est pas déroulée exactement comme on l'aurait voulu avec nos élèves, alors on peut tout recommencer. Tout. Tabula rasa, au besoin.
Et si, au contraire, on a été ravi l'an dernier, bien on continue sur la lancée et tous les espoirs sont permis!
Et ça commence demain, jour 1.
D'une manière comme d'une autre, dans un trac à couper au couteau, une bordée toute fraiche nous arrive, et c'est un délice de les observer nous observer, durant soixante-quinze minutes qui marquent le début d'une relation particulière, intense et, on le sait d'avance, éphémère. C'est, entre autres, ce qui fait sa beauté.

Ceux qui me connaissent savent qu'ils me manqueront, ces élèves que je n'aurai pas la chance de voir grandir cette année, tout comme ils m'ont manqué ces autres années où j'étais loin de ma classe. J'aurai hâte de revenir, si ce n'est que pour eux. Entretemps, j'ai le souvenir de mes anciens pour me tenir compagnie et, il faut le dire, quatre élèves à temps plein!

Jour 1...
Aux profs qui nous lisent, tout particulièrement aux plus jeunes et à mes collègues de la Cité, ceux à qui je n'ai pas eu la chance encore de le dire, sachez que vous faites le plus beau métier du monde. Vous avez de quoi être fiers. Portez tout ce qu'il vous faut porter, du flambeau proverbial jusqu'à ces piles de livres très palpables, mais transportez surtout ces élèves. Et un petit peu pour moi si vous le pouvez; ainsi je me sentirais moins loin...

Lijiang la rouge et or

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Alors que Dali était blanche et grise, Lijiang est rouge et or. Le soir surtout, avec les lanternes qui illuminent les rues. Un petit air de Venise (pas de voitures, des canaux et des touristes), de la place du Tertre à Montmartre (encore pour les touristes mais surtout pour les vendeurs de cossins dans la rue), des Cotswolds anglais (pour l'homogénéité des coquettes maisons) et le marché aux puces de St-Eustache (pour la musique disco et le kitsch ambiant). Vous imaginez?

Lijiang, c'est simple. Il y a une boutique de viande de yak séché, une boutique de thé, une boutique de foulards, une boutique de bijoux, une boutique de cuir, une boutique de gravure sur bois, un restaurant… et on recommence avec la boutique de viande de yak, la boutique de thé, la boutique de foulards, etc. … fois 100, ça commence à être un brin redondant.

Mais, il y a des encore des petites rues tranquilles qui serpentent vers la colline, des vendeuses de grenades vertes, un monsieur qui faisait cuire des patates aussi bonnes que celle de grand-papa Samir (c'est vous dire comment elles devaient être fameuses!), des bonbons au gingembre faits sur la rue, des minous qui se dorent au soleil, des femmes qui transportent des sacs de pierres sur leur dos, des beaux points de vue au détour, des poissons dans le ruisseau…

Nous devons faire des choix lorsque nous voyageons à six, entres autres sur le cout de certaines visites par rapport à notre intérêt pour la chose. Après réflexion, nous avons donc laissé tomber la visite du parc qui surplombe la ville. 16$ par personne, c'était un peu trop pour nous et puis, comme la balade pour nous y rendre nous satisfaisait déjà amplement...

Arrêt, au retour, sur la place centrale où des femmes Naxi dansaient pour les touristes. C'était tellement arrangé avec le gars des vues et pour tous les touristes chinois qui se filmaient en esquissant quelques pas de danse, que c'était presque pathétique. Alors, pendant ce temps, nous prenions des photos des bébés transportés par les grands-mères et trouvions surtout étonnant que la danse Naxi ressemble autant à de la danse grecque.



Nous avons terminé la soirée dans un restaurant tibétain (nous ne sommes pas tellement loin du Tibet, le pas tellement loin étant relatif, on s'entend!) et par un arrêt dans un magasin de jeux en bois qui avait tant fasciné Thomas, ce matin.

La vue de notre chambre est tellement belle... De notre lit, et sur deux côtés nous voyons les toits de la ville (harmonie d'argile grise) et les montagnes au loin.

Et comme nous ne sommes pas des incapables, on remet ça, demain, pour le vélo!


De la discipline, SVP!

30 août 2011

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Ce matin, ce sont nos articulations qui nous ont rappelé que nous n'avons malheureusement plus vingt ans. Super ouille pour les parents qui se meuvent péniblement pendant que les enfants cabriolent. Pfff! Nous en sommes quittes pour quelques Advil pour Michel et un air bête pour moi, allergique aux anti-inflammatoires que je suis.

C'est le temps du paquetage des sacs. Je vérifie la chambre des enfants pour m'assurer qu'ils ne sont pas des petits poucets (ils ont bien essayé de laisser des traces de leur passage à Kunming en «oubliant» dans leur chambre: trois culottes, une paire de souliers, des lunettes de soleil, la guitare, un étui à verre de contact et des bas) et nous quittons pour une dernière promenade dans Dali.


Ce sont des cris d'enfants hurlant en chœur qui nous ont fait nous arrêter près de l'école. En contournant le muret, nous sommes tombés sur, heu, des exercices militaires pour jeunes écoliers? Un étrange mélange entre un camp de cadets, une répétition de spectacle de danse et un cours d'éducation physique. Sous un soleil écrasant, près de 300 enfants en rang d'oignons, avec des instructeurs en uniforme militaire qui n'avaient pas l'air de rire du tout, s'activaient à marcher en cadence, à balancer des bras, à tourner en rang! J'ai tenté une ébauche de film, mais un des gars qui n'avaient pas l'air de rire du tout m'a fait un signe que j'ai décodé très vite comme un «arrête de filmer tout de suite où sinon ça va vraiment aller mal pour toi». Glurp! 

J'ai souri, tout de même, en voyant certains élèves polissons se trainer les pieds, rigoler un brin, se dandiner sans grande motivation… les futurs dissidents de la nation, peut-être? Et que dire de celui qui faisait du piquet, au garde à vous, après avoir été sorti des rangs? Un révolutionnaire en culotte courte?

Bon, nous avons diné (pour 3$), acheté des fruits et de l'eau et rejoint notre auberge où nous attendait Kevin(!), le charmant réceptionniste, qui nous avait arrangé un transport pour Lijiang. Une voiture est donc venue nous chercher à l'auberge pour nous amener à un bout de trottoir, directement sur le bord de la grande route d'où un gros autobus de touristes chinois nous a ramassés. Honnêtement, il parait que nous visitons un coin rempli de touristes chinois, mais comme je ne fais pas vraiment la différence entre les touristes chinois et les locaux, ça ne me dérange pas vraiment.

Route superbe qui surplombe le lac et qui traverse les montagnes (merci Gravol!). Nous sommes à 2400 mètres et la vie continue de bourdonner. Le trajet dure quatre heures et nous dégotons, dans la neuve ville de Lijang, un petit bus/taxi pour nous conduire à notre auberge, au cœur de la vieille ville.

Lijang c'est vraiment très beau (village classé au patrimoine mondial de l'UNESCO) mais aussi vraiment très touristique. Le soir, tout est éclairé avec des lanternes rouges sur le long des canaux et il y a des tas de boutiques «d'artisanat», des restaurants avec des serveuses qui racolent dans la rue et de la musique genre sons et lumières dans tous les racoins. Ça grouille et, là, je pense reconnaitre le touriste chinois, c'est simple, il est partout!

On trouve un resto Naxi (ce ne sont plus des Baï dans le coin mais des Naxi) et on soupe des petits poissons frits, un gros poisson grillé, de la soupe poulet et nouilles (si vous imaginez de la Lipton, vous avez tout faux), de la soupe avec des tas de trucs dedans, du riz frit et des légumes genre pousse de quelque chose. Les enfants mangeront ensuite des crêpes sur la place centrale et comme j'en ai un qui me tape un peu sur les nerfs (n'oublions pas que nous avons des adolescents, avec tout ce que cela implique) nous rentrons à l'hôtel où nous avons, heureusement, deux chambres! Il y a des petits bonheurs comme ça…








Dans la cour de récré

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Dernier tour de piste à Dali ce matin les corps endoloris de blessures de la guerre d'hier : avant bras meurtris pour l'une, genou qui se réveille du pied gauche, coups de soleil pour les deux malgré les précautions... Les enfants, eux, sont pimpants! Nous qui nous sentions presque coupables de les avoir trainés si loin hier...

En passant tout près des murs d'une école en plein centre de la ville, nous sommes attirés par les cris des enfants, en chœur, qui rythment ce qui semble être un exercice quelconque; à travers une première grille, on aperçoit des dizaines d'enfants alignés, ce qui nous pousse à percer vers l'intérieur des murs, tout fouineurs que nous puissions nous sentir.

Et ça vaut le coup. Collègues concernés, prenez note : on fusionne savamment ici l'éducation physique et l'éducation à la citoyenneté : des militaires (des vrais, pas juste des profs d'éduc qui se croient) se partagent en pelotons les quelque deux-cents élèves de l'école. Au menu : exercices... militaires.

Fascinant. On se demande quoi penser devant une telle démonstration. De toute évidence, ces élèves sont drillés depuis longtemps à la chose. Depuis les premières années d'école, à en juger par leur capacité à garder le décorum. (Sauf un, que l'on enverra faire le piquet en saluant tout en haut des marches.) Que leur apprend-on ainsi, sinon l'obéissance aveugle à l'autorité, la haute discipline citoyenne, et la perception d'être un soldat du peuple comme tous les autres, ni plus haut ni plus bas que le voisin? Pour une nation de 1.3 milliard d'habitants, c'est peut-être une nécessité... y a-t-il vraiment de le place ici pour les crises de diva, les quinze minutes de gloire et les «je-ne-suis-pas-un-numéro barre oblique on-est-tous-différents»? On se pose bien des questions et on se demande quoi penser, parce que, malgré tout cela, à un enfant par ménage, à un enfant par grand-parent même (faites le calcul!), ce qui fait que les enfants sont considérés comme un bien ultraprécieux, ne favorise-t-on pas un peu les enfants-rois? Paradoxes, paradoxes, et c'est ce qui fascine.

Vous pardonnerez la qualité des photos, mais à peine l'appareil sorti, on s'est fait avertir par de grands gestes de bras du caporal à l'avant plan. Il a fallu attendre qu'il ait le dos tourné pour tirer furtivement un cliché ou deux. (Ne t'en fais pas Maman, ils ne fusillent pas les familles. Encore.)


Mais on se console de les voir, à la pause-diner, déferler par centaines dans les rues de la vieille ville jusqu'à les envahir momentanément. Et là, ce ne sont plus les miliciens stoïques de tout à l'heure; ouf, ce sont encore des enfants!




[Oh, petit avertissement : comme Laurence et moi ne nous donnons pas nécessairement le mot pour savoir qui écrit quoi (on écrit surtout ce qu'on a envie d'écrire), on se répète parfois... En espérant que ce ne soit pas trop rasant!]

Zoboomafoo

29 août 2011

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C'est le postérieur en compote mais le cerveau en pièce montée que nous revenons de notre randonnée dans la campagne yunnanaise. Disons-le d'emblée, c'est près de 70 kilomètres que nous aurons parcourus... On nous parlait d'une marché sympa à Sha Ping (non, ce n'est pas un calembour...), on s'est donc lancés en pensant suivre les bords du lac Erhai, septième plus grand de Chine.

Mais avant, je me permets de vous dire deux ou trois choses. Tout d'abord, on se trouve chanceux d'avoir ce blogue pour partager ce qu'on vit. C'est un exutoire qui semble pour l'instant nécessaire, parce que de garder tout cela juste pour nous, on exploserait. Puis on aime ça, tout simplement. Par contre, ce n'est déjà pas possible de tout rendre par écrit, ni même en images, de ces aventures. D'abord on doit choisir, faute de temps (déjà tellement de billets amorcés en brouillon!) et, parfois, ce serait indescriptible ou pas photographiable (ou c'est trop long de mettre plusieurs photo, ou encore... la caméra était trop loin...). Enfin, malgré tout, on vous avertit qu'on se réserve un peu le droit de nous tanner de partager puis de prendre une pause de billets.

Cela étant dit, c'est par des chemins de traverse, et non pas par la route recommandée par le Lonely Planet, ni celle de notre auberge, que nous amorçons la randonnée. Et s'il existait une petite voie qui longe le lac, au lieu de passer par les quasi-autoroutes? que nous nous demandons. On s'essaie, et on tombe sur ce qui finira par être la partie la plus magique de la journée.

Le labyrinthe de sentiers de tous acabits nous fait passer deux bonnes heures et quinze kilomètres de découverte dans la Chine rurale, dans des endroits où Google Street View ne saurait mettre l'ombre d'un orteil. Pas compliqué, donnez-vous l'image mentale suivante : si la petite carriole tirée par un cheval peut passer là, la famille Sardi aussi.

Quelle récompense d'avoir osé... Je laisse le soin à Laurence de vous donner les détails juteux, et je me limite à vous dire ce que je n'ai encore confié à personne.

J'ai eu des doutes en ce qui concerne ce voyage. À l'ère des documentaires en streaming à gogo et de la mondialisation jusque des pantoufles pour chiots, était-il nécessaire de voir en personne ce qui se passe de l'autre côté de la terre, qui plus est, en flambant tout un tas de fric?

Je me doutais de la réponse (évidemment), mais j'en ai eu la confirmation aujourd'hui. Que oui. Ces deux heures à elles seules valaient bien mille documentaires ou même sessions des Grands Explorateurs. Oui, c'est essentiel de voir le monde pour tenter de le comprendre. Tenter, parce qu'en quelques semaines, on est encore loin. Mais beaucoup plus près...


*

Alors, ce marché? Sympathique, peuplé de femmes Baï en costume traditionnel, la grande majorité pas tourist-oriented, donc assez authentique. Sinon quelques tentatrices de vacanciers avec leurs batiks (fort jolis par ailleurs), joailleries pacotillesques... et substances illicites pour une d'entre elles! Avec son petit accent de «Oh!You-come-from-Québec?-I-know-people-in-Québec», je ne suis pas certain si c'est hash ou ganja qu'elle essayait de me susurrer, mais, honnêtement, juste sur le ton de son offre, elle m'aurait dit : débarbouillette désoxyribonucléique que cela aurait été clair...



*

Bon, je sais que plusieurs préfèrent ne pas le savoir, mais les casques de vélo ne sont pas très répandus ici... On a quand même joué nos rôles de parents responsables lorsqu'on a rejoint la grande route (sur un bon cinquante kilomètres) : on a expliqué aux enfants de bien rouler sur l'accotement, cet espace entre les camions qui jouent à chicken en se doublant, et le ravin. On leur a suggéré de viser entre les deux, sans trop zigzaguer. (Ne t'en fais pas Maman, c'est un tout petit ravin qui donne dans des rizières, deux-trois mètres tout au plus, duquel on ne meurt pas en tombant, habituellement.)


*

Ah, et Zoboomafoo là-dedans? Les jeunes et les parents récents se rappellent peut-être de la chanson du placard, quand les frères Kratt prennent leur équipement... Une petite phrase nous en revient souvent, et on la chante quand c'est approprié, comme ce matin :

Ils s'en vont a l'aventure,
sans savoir ce qui les attend...


Parfois pertinentes, ces émissions-jeunesse.


*
Postcriptum -- Soyez patients pour les photos, nos logiciels anti-GFWC ne les laissent passer qu'au compte-gouttes... [màj: les voici!]

L'art du spinning en Chine

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Je ne sais pas de quoi sera fait le reste de notre voyage mais une chose est certaine, nous allons nous souvenir de cette journée!

Ouf!

Ayoye!

70 kilomètres de vélo sous un soleil de plomb.

Nous avons longé le lac Erhai, en traversant des villages ruraux Baï. Bon, ça a l'air simple dit de même, mais faut comprendre qu'il n'y a pas vraiment de routes, pas de cartes, pas de plans. On a suivi les chemins de traverses à travers les champs qui mènent de villages en villages. Dédales de rues étroites et désertes, maisons toutes en teintes de blanc et de gris, petites places avec des petits marchands, voix des enfants qui récitent leurs leçons quand nous passons à côté d'une école.

Dans les champs et dans les villages une constatation, les chinois sont des fourmis! Ils travaillent tout le temps. Tout le monde fait quelque chose, transporte un truc, cueille des plantes, vend des légumes, grille des maïs, balaie la rue. Du coup on se sent presque coupables de faire du tourisme, fainéants que nous sommes.
Nous avons roulé près de deux heures sur des routes tapes-culs en terre, roche, herbe, pavé, avec des surprises à chaque détour, du genre : plus de route du tout! Mais aussi des scènes incroyables de la vie quotidienne, loin des touristes. Cependant, comme notre destination prévue était le marché de Shaping et que nos fesses commençaient à rendre l'âme, nous avons quitté la quiétude des villages pour prendre la route secondaire afin d'arriver un peu plus vite.

Dur, dur, cette route secondaire. Des voitures, des camions, des carrioles avec des chevaux, des odeurs épouvantables… la rue de Lotbinière en cent fois pire, mais sans les montagnes en arrière-plan, tout de même! Qu'on se le dise, si j'ai un cancer des poumons un jour, c'est ici que je l'ai attrapé certain!
Les enfants ont été franchement épatants! Thomas qui chantonnait «Jonas dans la baleine» pour se donner du courage, Catherine toute contente de faire enfin du sport, Nicolas motivé par la perspective d'accomplir un défi exigeant et Olivier fier (ou fanfaron, au choix) de n'avoir même pas mal aux fesses!

On s'est rendus. Nous avons mangé les meilleurs oranges vertes du monde entier, un bol de riz chacun, louvoyé entre les vendeuses de cossins, souri à tous les hommes qui tapaient sur l'épaule de Michel (brave taureau) après avoir compté les enfants et acheté des bonbons pour les enfants, question de motivation pour le chemin du retour.



Et on est reparti, pour 35 autres kilomètres de route aggressante où le klaxon est maitre et roi. 

C'est aussi ça le tourisme! 

La douche n'a jamais été aussi bonne, ni le repas de l'auberge! 

 [note de Michel: Ici, Laurence après sa douche.]






Dali

28 août 2011

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Fin du cinquième jour du voyage. 

Nous sommes tous relativement reposés, après une bonne après-midi de repos dans notre super hôtel.
Je passe, malgré un rhume pas mal énervant, un très beau début de voyage. Je suis émerveillé par la simplicité et la facilité de se déplacer, s'héberger et se nourrir. Bien sûr, il y a eu quelques difficultés, mais bon la beauté de l'expérience que nous vivons les efface pratiquement toutes. 




J'adore Dali. 

Le dégout des villes chinoises tout d'abord instauré par Kunming vient juste d'être annihilé par la beauté de la vielle ville de Dali. Les toits, se défilant jusqu'aux montagnes, cachées par la brume, me fascinent, ainsi que la pagode illuminée de la porte Est. Je capote devant tout cela. Et je l'avoue, j'adore les marchands de tissus, de bijoux et de pleins d'autres babioles pour les touristes chinois. Ce n'est pas que je n'aimais pas Kunming, je détestais surtout le marché grouillant aux mille odeurs, tantôt bonnes tantôt dégueulasses, ainsi que la foule et les immenses magasins. Je trouve mon bonheur dans le calme de Dali et j'ai super hâte de faire notre première randonnée asiatique en vélo aujourd'hui.

Sleepyfish

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Manger à Dali est un vrai charme. Tout est dans la rue, ouvert et préparé sous nos yeux. Ce n'est pas le choix qui manque, car chaque maison semble faire office, sur son parvis, de restaurant. Les enfants s'enhardissent et il faut voir Catherine manger des trucs hyper pimentés avec délice (au fait, ce midi, c'était le jeu de qui mangerait le gros piment dans le fond du bol… Nicolas a gagné!). On pointe ce que l'on veut, Michel nous traduit les chiffres et les gens nous aident gentiment. Au fait, c'est fou ce que les gens ici sont gentils.

Nous avons des surprises à chaque fois que nous croquons dans un truc nouveau. Ce matin, pour le déjeuner, c'est une femme qui faisait cuire des genres de pain dans un four à bois qui nous a attirés. Pour 40 sous nous avons dégusté un pain chaud fourré avec une sauce du genre mélasse-érable-caramel, tellement bon que, au diable la dépense, nous en avons acheté deux autres. Les enfants ont ensuite acheté des pop-sicle et, après consensus de toute la famille, nous avons déduit que c'était sans doute du tofu glacé avec des fèves sucrées à l'intérieur. Je ne gagerais cependant pas ma chemise là-dessus!

Manger est sans doute ce qui nous coûte le moins cher. Ce midi, sur la rue toujours, les enfants se sont remplis des bols de riz avec des garnitures au choix pour 1$, baguettes incluses! J'ai passé mon tour, mon estomac ne suivant pas la cadence des estomacs de plomb des enfants (pour le moment du moins!).

Comme nous nous levons, littéralement, au son du coq, la journée commence tôt. Nous avons déambulé dans la ville tout l'avant-midi. L'avantage de voyager longtemps, c'est que nous ne sommes pas pressés, surtout que nous savons bien que nous ne pourrons jamais suivre une cadence effrénée pendant dix mois. Nous ne nous sentons donc pas du tout coupables, après le diner, de retourner nous reposer à l'auberge. Ça tombe bien, notre auberge s'appelle Sleepyfish! 

Après la sieste des parents, les enfants envahissent notre chambre. Nicolas a un peu le rhume, Olivier écrit sur le blogue, Catherine dessine une carte pour Clara et Thomas suit son premier cours de «comment mettre des verres de contact», donné par Michel (patient, le papa!). Tranche de vie quotidienne, repères rassurants.

Pour ma part, je suis sous la couette, encore un peu enrhumée et avec mon estomac qui me conseille de ne manger que du riz pour ce soir… ça tombe bien, c'est simple à trouver!

Manger frais

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Dali.

Arrivés à notre hôtel, nous étions séparés en deux chambres. L'une possédait deux lits doubles ainsi qu'une salle de bain. Elle nous était destinée, mes frères, ma sœur et moi. L'autre, séparée du reste, hébergeait nos parents. Nous nous installions donc, et nous sortimes pour aller souper.

Le restaurant où nous sommes allés, situé juste au coin de notre hôtel, nous avait été recommandé par l'hôtel. Tout était très bon, mais je me sentirais mal de ne pas expliquer dans les moindres détails ce qui avait constitué notre souper du soir. Alors, pour commencer, nous pûmes choisir notre repas jusqu'au morceau de viande qu'ils allaient cuire et les légumes d'accompagnement, tout cela entreposé dans un espèce de frigo blanc et rouge (la couleur n'est pas importante, mais bon, ça fait plus style). Donc, ils nous cuisent live la viande et nous l'apportent à notre table.

Premier plat: viande style porc très gras accompagné de petits légumes verts. Goût: jambon genre prosciutto cuit. Je n'ai pas aimé, en conséquent il en restait dans le plat à la fin du souper.

Deuxième plat: viande genre côtes levées en petits morceaux (ou en cubes, pour faire une salade de cubes). Goût: côtes levées. J'ai aimé, et il n'en restait plus à la fin! 

Troisième plat: Légumes verts genre épinards bouillis. Goût: Légumes verts genre épinards bouillis.

Quatrième plat: Légumes verts genre épinards bouillis MAIS avec du bouillon. Goût: Soupe pas mixée avec légumes verts genre épinards bouillis dedans.

Ces deux plats, je les ai aimés, mais pas plus que le deuxième plat.

Dernier plat: Concombres crus avec piment fort dessus. Goût: Concombre épicé. J'aime.

En sortant, nous fumes attaqués par des espèces de crocodiles rampants qui nous auraient bien croqués si je n'avais pas eu sur moi mon collier de plumes…

Les bêtes s'avancèrent vers les pauvres aventuriers, qui n'avaient malheureusement pas l'habitude de ce genre d'attaque. Les porteurs sortirent leurs machettes, mais la flore abondante de la forêt les gênait et les crocodiles n'en firent qu'une bouchée. Ces monstres s'apprêtaient à nous avaler tout crus quand soudain une lumière émana de mon collier et… les tua tous.

Bon c'était pas mal ça.