On savait bien que personne ne parlait anglais dans le coin de Chine que nous visitons mais on ne pensait pas que toute communication serait aussi ardue. Même les chiffres avec les doigts ne sont
pas les mêmes pour nous que pour eux! Moi qui pensais m'en tirer à bon compte, je dois revoir mon cours de mime 101! Du coup, faire les courses au marché est pas mal plus complexe que prévu...
Tout est donc un exploit pour nous. Trouver notre chemin, comprendre ce que les gens font et surtout, surtout, se nourrir. Les épiceries sont des mystères. Dur de faire la différence entre ce qui se mange, du savon ou des suppléments alimentaires. Comme c'est impossible de lire les ingrédients, il faut se fier au dessin, quand il y en a! Impossible de faire son difficile ou de souffrir d'une allergie alimentaire quelconque quand on voyage en Chine sans parler Chinois.
Nous avons eu de l'aide dans un restaurant. Une gentille touriste chinoise parlant anglais qui est venue nous proposer ses services. Ce n'était pas évident car il fallait commander (sans savoir du tout ce qu'on pouvait manger) la nourriture à l'extérieur, prendre un coupon, le donner à la cuisine et attendre son plat… le tout en étant le centre d'attention. Nous avons eu droit à des surprises gustatives dont un genre de breuvage brun sucré avec de la gélatine et des graines de sésame dedans!
Ici, on se fait dévisager sans arrêt et ce n'est pas si évident que ça à gérer. On ne sait pas trop pourquoi on se fait autant regarder. Des fois les gens partent à rire en nous fixant, s'installent en face de nous et nous contemplent, se parlent entre eux en nous suivant du regard. Du coup, on est super complexés! Tiens, j'ai eu droit à une femme qui, en comprenant que c'était tous mes enfants, m'a fait un sourire extasié en levant le pouce, signe universel que j'ai bien compris (enfin, j'espère...)
Comme le dit Nicolas, si quelqu'un souffre d'un manque d'attention, c'est en Chine qu'il doit aller! Bon, mon fils pense que c'est à cause de ses lunettes de soleil et de ses pantalons en toile orange qu'il se fait autant regarder… Ça torche (sic), hein maman?
Pour une première journée nous avons eu droit à des instantanés tellement typiques de ce que nous pensions trouver en Chine qu'on pensait assister à une mise en scène organisée juste pour nous: des parcs remplis de personnes âgées qui font du taï-chi, jouent aux cartes ou au mah-jong, font des exercices avec des éventails ou des épées, promènent leur petit-fils, des enfants qui font pipi dans la rue ou dans les poubelles des épiceries, des bassins de carpes que l'on peut nourrir (ou pêcher) en plein centre-ville, des marchés grouillants avec des crapauds, des anguilles et des poissons que l'on coupe en deux vivants et dont une partie se sauve en frétillant. On n'avait pas assez de nos yeux pour tout voir!
Dans le marché géant (genre dix fois le marché Jean-Talon) nous étions les seuls touristes. Impossible de perdre Olivier, il dépasse tout le monde! On a réussi à acheter des fruits et des petites pâtisseries. Cela semble anodin, mais je vous le dis, un exploit!
Nous avons donc flâné toute la journée dans cette ville à l'urbanisme totalement décadent. C'est un mélange de pauvreté, de kitch, de genre architectural, le tout sans aucun souci esthétique. Une ville fourre-tout où chacun tente son petit bonheur sa chance en exerçant trente-six-mille métiers. Il y a des vendeurs de tout, partout. Des gens qui dorment en tout temps, partout. Des gens qui jouent aux cartes, partout. Des gens qui mangent, partout.
Nous sommes allés voir le Wal-Mart et franchement, c'est débile! Aucun rapport avec ce qu'on voit en Amérique. Un bazar (un fatras, un souk, un bordel…
name it) incroyable sur quatre étages avec des employés (ou des représentants alimentaires?) devant chacune des rangées et qui hurlent des trucs dans des micros. Étourdis, nous avons acheté de l'eau (juste trouver la rangée et déchiffrer ce qui est de l'eau normale nous a pris un bon vingt minutes) et nous nous sommes assis dans un parc pour regarder un monsieur faire des katas avec un sabre.
Retour à l'auberge de jeunesse en fin de journée, juste à temps pour voir des jeunes hommes français jouer au ping-pong pour tenter d'épater les filles… super! nous étions enfin de retour dans nos repères!
Après une petite collation de fruits durement acquis et un cours rapide de lavage de vêtements dans un lavabo pour les enfants, nous nous sommes couchés. Crevés? Oh que oui!