De la jeunesse

10 sept. 2011

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Les auberges de jeunesse, j'adore!

Faut tout de suite s'enlever de la tête l'association auberge de jeunesse = jeunes pouilleux qui grattent la guitare dans des dortoirs miteux. Les auberges de jeunesse où nous avons couché, depuis notre départ, ont toutes été géniales. Coquettes, propres, accueillantes, avec cette ambiance bon enfant qui permet à une famille nombreuse de s'y sentir bien. Nous réservons toujours des chambres avec salle de bain et les décors sont presque toujours magnifiques.

Hier, nous sommes allés prendre un verre au «bar» de l'auberge. On a passé le reste de la soirée à jaser avec Pau et Clothilde (un couple catalan-française vivant à Vancouver) et avec Maria (une polonaise ayant appris le français à Paris et travaillant à Pékin). Autour d'une bière chinoise, d'un mojito et d'un Pernod, c'était des rires et des échanges sur les voyages et sur la Chine. L'avantage indéniable de voyager avec des enfants de l'âge des nôtres c'est qu'ils sont assez vieux pour être seuls dans leur chambre mais trop jeunes pour nous suivre au bar!

Dans les auberges, on peut manger nos fruits sur le coin d'une table, faire notre lavage, grignoter un morceau, jouer au billard, caresser les chats, louer des vélos. On y parle souvent un peu anglais, et on donne gentiment des indications pour le transport vers la prochaine étape, quand ils ne nous l'organisent pas eux-mêmes. 

Comme nous ne déambulons pas de 8 heures à minuit dans la ville, l'endroit où l'on se pose prend toute son importance. C'est là, souvent, que nous prenons le temps de respirer et de ne rien faire. Les enfants sont libres, ils s'installent, jouent aux cartes, écrivent à leurs amis, lisent un peu. Ils ont leur clef et sont relativement autonomes pour le dodo et l'organisation de leur chambre. Bon, c'est souvent bordélique (quatre ados dans la même chambre, je vous laisse visualiser), mais c'est leur problème. Je lâche définitivement prise sur cet aspect de l'organisation. Ils font leur sac seuls, s'arrangent pour que tout rentre, doivent nous prévenir s'ils doivent laver du linge. Je vérifie uniquement si rien n'est oublié et si la chambre est relativement propre lorsque l'on quitte. Souvent, je parle avec Nicolas via Messenger, le soir, pour vérifier (paresseusement car je pourrais me lever) que tout va bien, que les dents sont vraiment brossées et qu'ils ne font pas trop de niaiseries.

Dans l'auberge de jeunesse de Shaxi, nous avons réservé trois chambres. Super luxe car, la plupart du temps, nous réservons deux chambres et les enfants dorment deux par lit (double, tout de même).

Aujourd'hui, l'auberge de jeunesse organisait gratuitement un trek de cinq heures dans les collines surplombant la vallée. Nous étions quatorze avec le guide (Sleeper (!), un chinois de Chengdu super en forme et qui parlait vraiment bien anglais) et l'énorme Saint-Bernard, et ce fut toute une journée! On a marché, on a vu des paysages superbes, on a sué comme des bœufs (moi surtout), on a jasé avec les autres, on a cueilli de l'eucalyptus, vu des tonnes d'edelweiss, eu peur que les enfants se brisent quelque chose sur les rochers (le petit Chinois qui me suivait avait tellement que JE me brise quelque chose qu'il me tenait de temps en temps le bras!), eu de la petite pluie juste à temps pour nous rafraichir, partagé des fruits et des biscuits avec nos compagnons, vu des champignons et évité des araignées de la mort.




Les enfants ont été incroyables!


Toute une marche qui nous a fait délacer nos souliers dès notre arrivée à l'auberge et apprécier triplement une excellente bière froide!
C'est toujours à l'auberge que nous avons soupé. C'était le «family dinner». Une longue table, la proprio, le guide et tous les gens qui, pour moins de 3$, veulent bien se joindre à la «famille». Des plats variés sur la table et un côté bonne franquette chaleureux. On a vraiment apprécié et, comme les maisons chinoises ont presque toutes des cours intérieures, c'est dans celle-ci que nous avons terminé la soirée avec Clothilde et Pau.

Si nous n'avions pas rendez-vous avec un avion le 13 septembre, on resterait certainement quelques jours de plus ici!

Sur la route du thé

9 sept. 2011

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Départ de Shangri-La, très tôt ce matin, sous une petite pluie et dans le brouillard.

Nous avions réservé une voiture avec un chauffeur (genre de station-wagon, pas de suspension) pour nous conduire à Shaxi (prononcer Cha-shi, et oui, les enfants trouvent ça très drôle) notre prochaine destination. Nous aurions pu prendre l'autobus (deux ou trois, au fait) mais pour quelques sesterces de plus, on avait un service porte-à-porte avec un chauffeur qui semblait prendre personnel s'il ne doublait pas toutes les voitures devant lui.

Shaxi est sur notre route de retour vers Kunming. On pensait monter plus au nord dans le Yunnan, après Shangri-La, mais parait que la route est en construction sur près de 200 kilomètres, ce qui veut dire un bon quatorze heures de route, juste pour se rendre. Comme nous avons tout de même un avion qui part de Kunming le 13 septembre, on a préféré redescendre tranquillement, en nous arrêtant à Shaxi, que deux personnes, différentes, nous avaient conseillé de visiter.

Shaxi est un ancien centre névralgique, moyenâgeux, du commerce du thé. En plein cœur d'une vallée verdoyante et entourée de montagnes, les tibétains venaient échanger des chevaux contre le thé du Yunnan. Il en reste maintenant une charmante vieille ville, encore peu fréquentée par les touristes.

Nous sommes arrivés en plein marché du vendredi. C'est le jour de la semaine où les gens des villages autour de Shaxi descendent pour échanger, acheter et vendre des trucs. Un super charmant bordel! Des fruits, des légumes, des pâtisseries pour la fête de la mi-automne qui s'en vient, de la viande, des noix… le tout à profusion. Nous avons acheté des grenades gigantesques (ici elles sont vertes et les grains à l'intérieur sont presque translucides), des bananes, des oranges vertes, des pommes, des tomates, des concombres et des gâteaux, à des prix défiant toute concurrence! Les enfants ont même mangé des saucisses grillées (c'est des protéines, non?) pour rassurer Cathy.

Ce sera définitivement notre camp de base pour deux ou trois jours, le temps d'explorer la vallée.

Ce soir, comme c'est ma fête et alors, au diable la dépense, nous sommes allés souper dans un restaurant indiqué comme étant le meilleur et le plus cher de la ville. Bon, fallait d'abord le trouver ce resto. Cela a dû nous prendre une bonne heure en demandant à cinq personnes qui n'avaient aucune espèce d'idée de quoi on parlait. Pas évident à trouver car aucune enseigne devant la porte. Et en franchissant le seuil, pour pénétrer dans une petite cour intérieure, nous avons bien failli rebrousser chemin. Personne, pas de table, pas l'air d'un restaurant du tout. On s'en allait quand une petite madame est sortie de son salon, avec son mari, pour nous faire signe de revenir.

On s'est assis sur des petits tabourets, dans la cour intérieure, et la dame nous a demandé de la suivre dans sa cuisine. Elle nous montrait des trucs et nous avons déduit (perspicaces que nous sommes) qu'elle nous demandait ce que nous voulions manger. Elle nous a alors cuisiné un des meilleurs repas de notre séjour en Chine. Champignons sautés (elle nous a fait comprendre qu'elle venait tout juste de les cueillir), pommes de terres en juliennes, bambous (?), fèves (?) frites, omelette aux herbes, choux en salade… C'était tellement délicieux que nous avons tout dévoré! À la fin du repas, elle a amené les enfants se cueillir une grenade à même l'arbre dans sa cour. Et c'est sur le boulier chinois qu'ils nous ont indiqué le prix pour ce repas, un gros 20$ avec le thé, le riz et des bières! Si c'est le restaurant le plus cher de la ville, je me demande ce qu'offrent les autres!

Notre auberge est super accueillante, les gens vraiment gentils et demain nous partons marcher avec un guide de l'auberge (un trek gratuit de cinq heures dans la vallée) et des «copains» de voyage. Au retour, l'auberge organise un «family dinner», genre de repas collectif. 

Hum, je sens que nous allons aimer cette ville!

On vous en redonne des nouvelles!

Bien commencer la journée

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Tel quel, le courriel que j'ai reçu, ce matin, depuis le Ipod de Nicolas.
Que dire de plus?

Maman, c'est aujourd'hui ta fête. Déjà 40 ans! personnellement,je trouve que tu ne les fait pas du tout  J'adore être en voyage avec toi et je me demande ce que je ferais sans toi. Passe une super belle journée et je vais essayer de ne pas me chicaner avec mes frère et ma soeur aujourd'hui. 
Je t'aime Nicolas


Bon, je me suis brossé les dents, alors je n'ai pas vraiment besoin de te donner de cadeau... Non ce n'est pas vrai; mon vrai cadeau, le voici... Bon anniversaire-euh Lianne-euh Lianne, bon anniversaire-euh Lianne. Voilà. C'était mon cadeau.
Olivier


Bon anniversaire ! 40 ans? Déjà! Lorsque tu m'as eue tu n'avais que 29 ans! Comme ça passe vite! Tu es ma maman préférée! Je t'aime énormément,beaucoup, vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup...
ta petite fille Catherine.


Bonne fête maman je t'aime beaucoup tu est ma maman préféré sur les dix million que j'ai (ça ces difficile à battre):) je t'aime vraiment beaucoup.
Thomas

Rien

8 sept. 2011

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Souviens-toi, rien n'est compliqué.

Elle me regarde dans les yeux et, en guise d'au revoir, je crois bien qu'elle me répète cette phrase.
Désarmant, tellement c'est sincère et sage à la fois.

Elle avait bien raison, c'est la plus belle façon de faire face à l'angoisse, notamment dans ce genre de voyage. À la station d'autobus, devant l'apparente immensité de la tâche de trouver des billets; lors de ces «conversations» qu'on comprend condamnées au cul-de-sac, et qui perdurent en silence inconfortables; en franchissant la chute d'eau qui obstrue le sentier qui longe le ravin sur des pierres glissantes; en soufflant comme un débile en montant une côte à vélo à 3300 mètres; en établissant des connexions Internet qui se déconnectent au moment idéal, comme si un fonctionnaire chinois était payé pour donner une leçon aux apprentis pirates... à tous ces moments-là (parmi tant d'autres), c'est une esquisse de sourire intérieur qui remonte en moi; avec lui, immanquablement, la phrase de Josiane résonne, et c'est comme si ma propre voix me rappelait que

en effet

rien n'est compliqué.

Dans la Lune

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Depuis quelques jours, la Chine est dans les préparatifs de la Fête de la Lune. En gros, c'est une fête qui se déroule le quinzième jour du huitième mois lunaire, un soir de pleine lune (le 12 septembre cette année), pour célébrer les récoltes de l'année et l'unité de la famille. Lors de cette fête, les Chinois en profitent pour manger un genre de petit gâteau nommé gâteau de lune qui est seulement préparé dans la période de cette fête. C'est un des rares moments où les Chinois mangent du sucré. Les gâteaux de lune existaient lors de la dynastie Tang (entre 618 et 901), mais ils sont devenus populaires pendant le règne des Song car c'est grâce à ces petits gâteaux que des plans d'attaque furent transmis, durant la nuit de la Fête de la Lune, pour que les Chinois de l'ancienne dynastie puissent se délivrer du joug des Mongols. Ces plans étaient cachés dans les gâteaux de lune que les Mongols ne mangeaient pas, contrairement aux Chinois.

Tout cela pour en venir au fait qu'Olivier avait lu dans Les mille et une saveurs qu'il fallait absolument avoir gouté un gâteau de lune dans sa vie. Plus précisément, ceux avec un œuf à l'intérieur. Il s'était alors mis dans la tête qu'il devait absolument en manger un.

Croyant d'abord que tous les gâteaux de lune était fourrés avec un œuf, nous en avons acheté deux devant une épicerie. Nous nous sommes rapidement rendu compte qu'ils en fourraient à toutes les sortes: dates, pavot, viande… On savait qu'il en avait un avec un œuf à l'intérieur mais lequel? Naturellement ce n'était pas indiqué en anglais et nous ne sommes pas encore capables de déchiffrer le chinois. Nous nous sommes donc hasardé à savoir lesquels étaient les bons… Les résultats n'ont pas été très concluants.

Aujourd'hui, Olivier voulait de nouveau absolument un gâteau avec un œuf à l'intérieur. Il a donc essayé de baragouiner avec les vendeuses d'une autre épicerie. Pris un peu par pitié par les techniques de mon frère (dire le mot œuf en chinois en boucle en pointant les gâteaux) j'ai sorti mon Ipod, puis j'ai commencé à dessiner un gâteau avec un jaune d'œuf à l'intérieur (je suis très bon en dessin : mon œuf ressemblait à une crème glacée chocolat-mangue fondue). J'ai montré mon magnifique dessin et la vendeuse (très perspicace) m'a immédiatement ouvert un gâteau en deux puis m'a fait gouter. C'était exactement ça! Nous en avons pris trois puis nous avons chaudement remercié la madame. Olivier était super content et il faut l'avouer, c'est quand même vraiment bon.


Sources:
Wikipédia.org, Fête de la mi-automne, http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_de_la_lune
Autreschine.com, Fête de la lune ou de la mi-automne, http://autreschine.com/2010/09/la-fete-de-la-lune-ou-fete-de-mi-automne/
www.ouxiangquing.com , Fête de la mi-automne

(Désolé si ce n'est pas selon le modèle de l'agenda)

Ne rien faire à Shangri-La

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C'est ce que l'on a fait hier.
Rien.
Et c'était vraiment chouette!
On vous prévient tout de suite, si un jour on quitte définitivement le Québec, c'est à Shangri-La qu'il faudra venir nous chercher.
On aime cette ville.
On y a nos aises. On s'y promène tranquillement. On salue les gens que l'on a croisé la veille. On va manger la soupe la plus incroyable du monde dans un boui-boui tibétain hallucinant. Ça fait trois soirs de suite que nous y allons. Et je sais déjà que je vais longtemps m'ennuyer de cette soupe. C'était d'ailleurs la réflexion de Catherine aujourd'hui. Toute triste de savoir, qu'inévitablement, il y a des choses qu'on ne pourra plus jamais remanger. Comme la soupe de ce soir, et les momos sur la rue, et les brochettes de la place, et les bonbons White Rabbit, et le yogourt de Yak en bouteille de vitre, et… et…
On se sent à Shangri-la comme dans une petite station de ski, les pentes en moins. Le soir, on doit sortir notre petite laine et le matin, c'est le soleil qui doit travailler fort pour dissiper la brume.
C'est pas mêlant, même les chiens sont gentils ici.

Méli-mélo

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Je ne sais pas si c'est parce qu'on se rapproche du Tibet, mais, ouf, que c'est long et ardu de se connecter à notre blogue, ces derniers jours! Vous nous excuserez d'ailleurs si on ne répond pas immédiatement aux commentaires (on adore en recevoir!) ou si les billets paraissent avec quelques jours de retard. Il faudra comprendre que parfois, les repères temporels dans nos billets doivent être compris avec un peu de latitude: hier signifie peut-être avant-hier... Il faut en effet plusieurs tentatives (et parfois sans même réussir de toute la journée) pour passer à travers...

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Quant aux photos, c'est rudement long de les ajouter aux billets (vous pouvez cliquer dessus pour les avoir en plus haute résolution). La connexion en proxy est bien plus lente... Sortis de Chine, j'essaierai de synchroniser un album de photos sur Picasa. On a hâte de les partager. (D'ailleurs, la patience, et pas seulement en informatique, est ici une des qualités essentielles à la survie...)

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Pour les amateurs de géo, nous mettons à jour (par à-coups...) notre itinéraire sur la carte dans la section de droite de cette page.

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Plus on monte vers le Nord, plus on voit d'occidentaux per capita... Si à Kunming nous avions l'impression d'être des martiens, si à Dali on se faisait encore dévisager, et si à Lijiang on commençait à passer un peu plus inaperçus, ici, à Shangri-La, nous sommes des backpackers comme les autres!

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Vous aurez remarqué que nous arborons le fleurdelisé sur nos sacs à dos. Oui, ça fait quétaine et rikiki, mais hormis la fierté d'appartenir à un si grand peuple, on a nos quelques raisons d'avoir l'air un peu ploucs. Avant tout, cela confirme que nous ne sommes pas des Étasuniens, ni Français. Ensuite, ça permet à ceux qui reconnaissent le drapeau d'avoir un préjugé favorable à notre égard (on a quand même bonne réputation : ils connaissent peu Jean Charest) et de nous accoster en français s'ils le veulent et peuvent, et à ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir, puis de l'associer à des gens sympas!

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Nous avons déjà perdu notre guitare portable, achetée exprès pour ce voyage. Avec deux jeux de cordes neufs. Oubliée à l'arrière de l'autobus Dali-Lijiang. Pas dans les objets trouvés.
Petite consolation du fait qu'on trouve une fois de temps en temps une vieille guitare (qui sonne parfois bien!) dans les guest house.

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Leçon apprise dans les autobus chinois, aux dépens de Catherine : ne pas trop regarder sous les sièges. Une tête de poisson? Une tête de poisson.
Thomas, qui n'a pas appris la leçon à temps, trouve l'autre partie du poisson sous son siège.

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Si vous êtes comme nous, vous serez surpris de savoir que le thé n'est pas bon marché, ici. Sinon, la plupart des thés vendus en boutique ou au supermarché affichent un prix exorbitant, digne des Kusmi et autres Camelia Sinensis. Et au restaurant, un thé coute plus cher qu'une grande bière...
Il nous aura fallu plus d'une semaine avant de trouver du thé «ordinaire» au même prix que chez nous (et il aura fallu fouiller!). Mais on se régale maintenant, avec nos petits thermos à thé qu'on s'est aussi procurés et que tout bon chinois traine avec lui... (Hé, mes anciens élèves, ici, tout le monde a des mottons dans son «thé»...)

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Oh, et les fruits aussi, sont chers. Mais les oranges (vertes… à l'extérieur!) et les bananes sont plus gouteuses que chez nous. Alors on ne se prive pas trop!

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Toujours en ce qui concerne les prix, il faut savoir qu'ici presque tout se marchande, surtout ce qui se vend sur la rue (même s'il faut toutefois accepter que les étrangers paient un peu plus cher que les résidents...). Un truc qui semble fonctionner pour nous, c'est de répéter le prix que l'on nous donne de la manière suivante : Ba shi kwaï? Taï gouï le! [Quoi? Quatre-vingts yuans? Diantre! Mais c'est bien trop cher, ma p'tite dame!] Habituellement, en entendant le Taï gouï le!, l'étonnement amusé du vendeur de rue se transforme soit en colère et en injures, ce à quoi on comprend que c'est le dernier prix, soit en sourire complice qui laisse s'amorcer la négociation...

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Pas cher en Chine : les petites brochettes dans la rue (viande de yak, crevettes, calmars, légumes variés, patates, viande inconnue, autre truc inconnu qui ne goute rien d'animal ni végétal) tout à moins de 4 yuan (1 yuan < 20 cents), momos tibétains et autres dumplings chinois (1 yuan), pâtisseries et biscuits (mais on n'est pas à la Gascogne), soupes-repas (6-10 yuans), riz (évidemment... 1 yuan par bol).

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On est drôlement contents d'avoir enseigné tôt à nos enfants à manier les baguettes. Ils sont impressionnants! Ici, ils seraient bien malheureux sinon... parce que demander une fourchette dans un restaurant du coin, c'est un peu comme demander des baguettes au Vieux Duluth.

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Pour ceux qui aiment savoir (Julie?), le décalage horaire en Chine est de 12h face à Montréal. Facile : juste à changer AM pour PM, et vice versa! (On sait maintenant qu'on est à l'autre bout du monde.
Soit dit en passant, c'est le même fuseau horaire pour toute la Chine, caprice centralisateur (totalitaire sur les bords?) de Beijing... Au Népal, ce sera Montréal + 9h45 (oui, oui, des quarts de fuseaux!), et pour le reste du voyage, ce sera plus ou moins Montréal + 11h.

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Mon disque dur fait des bruits étranges, et ça me flanque la frousse.

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Faudra qu'à un moment donné quelqu'un de calé m'explique le rôle du communisme dans la Chine moderne. Je vous tiens au courant si ça arrive.

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Dégustation de chips à saveur du coin : viande au sésame (c'est ce que ça goute – hé y'a pas de viande dedans, je peux bien en manger, non?), sashimi de saumon (goût prononcé de wasabi), concombre (gout de jacque, un fruit particulier), piment (absolument pas piquant – on est déçus, mais odeur de lavande et gout de savon...).

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Oh, et les sacs de croustilles gonflés sur la photo? C'est comme ça partout, à Shangri-La, et pas seulement les chips! En effet, à 3300 mètres d'altitude, l'air se raréfie, ce qui fait que la pression atmosphérique est plus faible que sur les lieux d'empaquetage... je laisse vos souvenirs de cours de sciences faire le reste! (Une pensée pour toi, Richard!)

Tintinophile honteux

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Randonnée à vélo en campagne tibétaine (du côté chinois de la frontière) dans des sentiers de campagne. Et l'inévitable tibétain se produit à peine cinq cents mètres après le départ : un chorten apparaît à l'horizon. En tête de file avec Olivier, je lui lance quelque chose du genre : «Cher ami et fils, si vous connaissez bien vos classiques du neuvième art, vous saurez qu'il faut passer à ****** d'un chorten!». Et de m'exécuter, montrant l'exemple en digne père que je prétends être.
Ha.
Dites, amis lecteurs de BD, vous auriez fait quoi, vous? Allez, remuez ces méninges! (Nenon, sans courir fouiller dans votre Tintin au Tibet bien rangé dans l'étagère du sous-sol, page 21.)
«Je voudrais vous y voir...», comme le dit si bien le capitaine Haddock sur cette même page.

Eh bien, oui. Je me suis gouré. Et Laurence a voulu que l'on fasse demi-tour, parce que Démons en colère quand hommes passer à droite chorten, comme le dirait Tharkey. Bon, nous on avait pas Tharkey, mais Andrew Webster, guide originaire de la très himalayenne Buffalo. Un peu moins exotique, je l'admets.

Mais lui, au moins, n'enseigne pas à ses enfants à invoquer des démons.


Postcriptum – On a tout de même passé à gauche les trois autres fois d'après (la dernière fois sous les regards souriants de paysans tibétains en apparence ravis de ne pas avoir à nous avertir), alors on a sans doute conjuré ce qu'il se trouvait comme méchant dans les environs (pas besoin de boukhour, Maman!)


Saveur locale

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Hier, nous avons passé la journée avec Andrew, un américain vivant dans le coin depuis quelques années, et qui loue une maison, avec sa femme et ses trois garçons, dans un petit village tibétain un peu en dehors de Shangri-la. Nous l'avions rencontré lors de notre trek et comme il fait un peu office de guide pour la région, on l'a réservé pour une journée.

C'est de chez lui que nous avons commencé une randonnée à vélo dans la campagne. Qu'on se le dise tout de suite, faire du vélo de montagne dans des villages perdus tibétains c'est déjà un peu de sport. Mais lorsque les villages se trouvent à 3300 mètres, c'est encore plus sportif! Au fait, c'est relativement simple, nous avions tous l'air d'asthmatiques chroniques, sauf Andrew, naturellement!

Nous avons donc grimpé (péniblement) vers un petit monastère sur le sommet d'une petite butte. Vraiment petit monastère tenu uniquement par deux vieux moines et deux petits moinillons qui ânonnaient, ce matin-là, sans grande conviction, leurs prières. J'eus un peu l'impression d'être dans une scène du film Le nom de la rose quand le vieux moine boitillant avec un œil blanc crevé et avec «pas de dents» est venu nous «jaser» en pointant Nicolas. Cette impression s'est confirmée quand Andrew nous a raconté que les moines n'avaient pas toujours bonne réputation dans les villages. Parait que plusieurs ne s'intéressent qu'à trois choses : la boisson, les femmes et l'argent. Ouille, moi qui les voyais tous comme des Dalaï-lamas en puissance!



Les moines étaient installés dans un monastère provisoire car le premier (datant du 14e siècle) a été rasé par les moines pour pouvoir en construire un neuf. La gestion du patrimoine est ici un concept totalement inconnu. Pourquoi conserver des vieilleries alors que l'on peut rapidement construire un nouveau truc? En plus, on rase aussi une forêt centenaire pour se faire des poutres immenses qui deviendront des piliers impressionnants... Alors, sur le tas de bois pour bruler, on retrouvait des planches de bois ouvragées et peintes datant de je ne sais quand… et non, ça ne rentrait pas dans mon sac à dos!

De retour chez Andrew (après du vrai vélo de montagne, dans la bouette, à travers les vaches, les fleurs et les ruisseaux sous un mélange de soleil et de pluie fine), nous sommes allés prendre le thé chez sa voisine tibétaine. Prendre le thé étant aussi un prétexte pour voir l'intérieur d'une maison tibétaine «ordinaire» (énorme salle commune, tout est en bois peint à l'intérieur). La voisine, super gentille mais pas très jasante, nous avait préparé un thé au beurre de yak (du thé noir, du sel, du beurre et du lait de yak), du pain (genre de pain pita un peu plus épais que l'on trempe dans le thé), des pommes de terre (que l'on peut aussi tremper dans des épices rouges) et du fromage de yak (genre de fromage fumé un peu schouik-schouik, avec un goût très acidulé que l'on mange avec du sucre). Lorsqu'il ne reste qu'un fond de thé, on rajoute de la farine d'orge dans notre bol pour former une boule que l'on peut ensuite, avec les doigts, manger après l'avoir roulée dans le sucre. Nous avons tout mangé, sauf l'énorme assiette de fromage de yak qui n'est vraiment pas un goût inné!

Le but de cette journée était aussi de se baigner dans les sources chaudes et sulfureuses qui sortent à travers la roche. On avait le choix entre le «spa» pour les chinois riches et le «trou» pour les tibétains de coin. On a naturellement choisi la saveur locale. Et nous fûmes servis! Dans cinq bassins d'eau brulante, s'ébattaient (ou plutôt se lavaient) des hommes, des femmes et des enfants de tous les âges, et flambants nus. Du coup, on se sentait un peu ridicules avec nos maillots, mais bon, on s'est trempés pareil dans cette eau un peu vaseuse (Papa, c'était à des années lumières de Baden Baden!). J'ai tenté d'aller dans le bassin plus haut, mais des cris m'ont vite fait comprendre que c'était le bassin réservé aux hommes! J'imagine que nous avons transgressé une tonne d'autres interdits mais comme nous n'avons pas eu d'autres réactions des baigneurs, ça allait encore. Même notre guide trouvait que ça faisait National Geographic, comme moment. (Je tiens à dire à Raphaël M. que je m'étais rasé les jambes mais que franchement, tout le monde s'en foutait pas mal!)



Je ne sais pas trop si j'étais plus propre ou plus sale en sortant de l'eau, mais j'avais certainement plus chaud et moins peur du ridicule qu'en y entrant. Nous qui voulions du local, c'était très très local.

De retour en fin de journée, un tantinet crevés, mais juste à temps pour faire notre lavage et l'étendre sur la corde avant la pluie. Nous avons maintenant nos habitudes à Shangri-La. Les enfants vont seuls acheter des trucs, on a un restaurant préféré juste en face de notre auberge, on salue nos «amis». C'est petit, Shangri-La, il y fait frais comme un automne québécois. C'est peut-être pour ça que l'on s'y sent si bien.

Chine!

7 sept. 2011

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Chine!

Non, pas Chine, Chine! C'est l'expression qui nous revient souvent, bien que je la dise rarement. C'est aussi L'Expression (grand «L» grand «E») qui fitte dans le contexte du voyage. Chine, Chine. Expression dérivée de shitte, transformée en chine par Nicolas, il y a longtemps. Bon, ça ne veut rien dire, mais on l'utilise assez souvent.

Exemples:
Gros ravin: Chine!
Gros effort physique: Chine!
Tomber dans un gros ravin: Chiiiiiiiiiiiiiiiiiine! ---Après ça, d'habitude on ne dit plus rien.
Annonce d'un gros effort physique potentiel: Chine! ---Celui-là, c'est le pire.
Où est-ce qu'on s'en va: Chine! ---Ça se dit pareil. Chine et Chine.
Bon en gros, c'est ça.

En moins gros, c'est ça:
-Bon on a-tu bientôt fini de marcher?
-Oui, oui
-Combien de temps il reste?
-Deux heures.
-CHINE!


Voilà. C'était moins gros.

Et encore, à l'échelle nanométrique, ça donne ça:

Il faisait très noir cette nuit-là, mais la noirceur n'est pas un problème pour Hans l'intrépide. Comme un chat, il bondit sur le toit le plus proche et se mit à déambuler sur les gouttières. Bien sûr, personne ne le voyait, dans sa combinaison de plongée sous-marine bleu marine. Ceux qui auraient été munis de lunettes-à-voir-dans-le-noir auraient pu le distinguer, mais personne n'eut vraiment envie de sortir à trois heures et vingt-quatre minutes du matin avec des lunettes-à-voir-dans-le-noir juste pour voir Hans se balader sur les toits de la ville, et encore moins si l'inspecteur Winston se serait trouvé là, en essayant de parlementer avec lui.

-Hans, plus la peine de te cacher, on tient ta famille!
-Tu peux toujours parler!
-On tient ton nounours!
-J'en ai rien à faire!
-On tient ton poulet!
Un long silence suivi ce dialogue. Enfin, Hans sortit de sa cachette, et un long et retentissant juron se fit entendre:
-CHINE!!!

Un portail facile d'accès...

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Notre paranoïa occidentale quant à la sécurité dans les écoles semble être bien loin des tracas quotidiens des enseignants de Zhongdian (Shangri-La).

Nous sommes sur la place centrale, face au parc, il est midi trente, et nous voyons plusieurs écoliers suivre le chemin du retour de la pause-diner. Facile de les reconnaître à leur uniforme, ici un ensemble de sport en nylon rouge et blanc et, comme semble-t-il partout ailleurs en Chine, un foulard rouge noué autour du cou. (Symbole communiste, que nous supposons? Probablement. Et patriotique aussi...)

Les deux profs en nous subissent la même tentation : les suivre jusqu'à leur école, et demander à visiter une classe.

Alors c'est ce qu'on fait, et cinq cents mètres plus loin, nous aboutissons au portail qui donne sur la cour d'école. On cherche du regard un responsable qui encadrerait peut-être les quelque vingt élèves qui balaient la cour (enfin, qui s'amusent avec des balais...), mais peine perdue. Les seuls adultes sont des parents qui raccompagnent leur enfant (j'allais commettre un lapsus et écrire : leurs enfants). Pas même l'ombre d'un militaire. On se risque donc et on franchit le portail, en longeant le bâtiment de l'école et en zyeutant par delà les portes ouvertes. Les enfants, étonnamment, ne nous accordent que peu d'attention, et encore moins dès qu'on croise leur regard. Nos propres enfants nous trouvent étranges de pousser plus loin, car on se propose d'entrer pour aller nous-mêmes à la rencontre d'enseignants. Avec circonspection, nous passons dans le corridor principal qui jouxte les classes. À peine deux mètres plus loin, on tombe face à face avec une maitresse d'école (elle a vraiment le stéréotype de la maitresse d'école – je ne m'avance pas plus sur le sujet potentiellement glissant), assise à son bureau à l'avant de la classe, plongée dans une pile de corrections de grands cahiers identiques. On cherche à attirer son attention, sans grand résultat. En avançant un peu, on se rend compte que ses élèves sont en rédaction quelconque, alors on se dit qu'on dérange peut-être...
On marche un peu plus loin, et on croise une deuxième classe, copie conforme de la première, sauf que l'enseignante semble un peu plus sévère. Toujours aucune attention de sa part. Même les élèves ne semblent pas si perturbés par notre présence, un coup d’œil vers nous, puis ils retournent à leurs cahiers. Il nous faudra passer la tête dans quatre ou cinq cadres de portes pour qu'enfin une d'entre elles accepte de soutenir nos regards plus d'un quart de seconde, au milieu d'un troupeau de petits massés autour de son bureau. J'en profite immédiatement pour baragouiner un ni hui shuo yingyu ma? dont l'accent semble lui revenir suffisamment pour qu'elle me déballe un tas de palabres en cascade, que j'interprète comme signifiant : «Désolée, mais je ne parle pas anglais, cependant, peut-être qu'à la salle des profs à l'étage on saura mieux vous répondre», mais dit longtemps. Sur cette interprétation tout à fait libre, évidemment soutenue par la gestuelle de l'enseignante, nous déambulons, absolument pas inquiétés, dans les corridors et les escaliers de l'école, croisant seulement quelques parents, enfants (qui entrent et sortent des classes un peu n'importe quand, on dirait) et affiches à l'effigie de ce qui pourrait être un ancien directeur, un quelconque dignitaire ou penseur. (Ah oui, et d'autres qui engagent les élèves à être d'abord des bons enfants à la maison, ensuite de bons élèves pour enfin devenir des citoyens modèles. Après tout, n'est-ce pas un peu ce qu'on essaie de faire nous aussi?)
Ce qui nous laisse pantois, c'est qu'à aucun moment on nous a demandé qui on était, ce qu'on faisait là, à aucun moment on nous a regardé croche... et pourtant, on jure pas mal, dans ce décor.
Au deuxième et au troisième, c'est bien plus vide, et quand on arrive dans la salle des profs (elle était bien à l'étage!), nous comprenons rapidement de la seule personne présente qu'elle ne peut pas nous comprendre...
On refait un essai dans les classes, on fait des coucous presque insistants aux enseignantes qui semblent les plus avenantes, mais sans succès. Difficile même de leur demander la permission pour un ou deux clichés... On ne s'en tire pas si bredouilles, parce qu'au fond, on l'aura visitée, cette école!

J'avais envie de leur dire que chez nous, on fait des pratiques de confinement pour les cas où des gens un peu trop étranges viendraient rôder près de nos enfants...


On aura un début d'explication plus tard, en soirée, en jasant avec ce français d'origine chinoise rencontré plus tôt sur notre route. Selon lui, il s'agirait d'un trait culturel. En l'absence de possibilité de communication, les Chinois préfèreraient s'abstenir entièrement et d'ignorer complètement l'étranger. Selon lui, c'est ce qui aurait permis à un de ses compatriotes français (et blond) de pénétrer dans les cuisines d'un McDo de Shanghaï sans qu'on lui pose la moindre question...

Une deuxième explication nous est offerte le lendemain, cette fois venant d'un américain installé ici et œuvrant comme guide touristique : les Chinois auraient une peur bleue de l'initiative. En cas de doute, abstiens-toi serait leur devise. Car devant une situation imprévue comme celle-ci, et sans savoir si les supérieurs hiérarchiques auraient accordé une autorisation ou pas, on ne prend apparemment aucune chance, ni de commettre un impair, ni de perdre la face...

Vingt fois sur le métier...

6 sept. 2011

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Alors qu'on se promenait (Papa, Maman, Thomas et moi) sur un sentier bien agréable, nous avons vu une bâtisse vitrée, avec quatre dames qui tissaient. Nous somme alors entrés pour pouvoir voir de plus près. C'est incroyable à quel point ça doit être compliqué! Passer le fil entre l'autre et sur le bâtonnet pour ainsi faire une maille et recommencer des centaines de fois, mais avec des couleurs différentes... je me perds en l'écrivant! C'est drôle, leurs pelotes de laine pendaient au plafond. On aurait dit qu'elles faisaient sécher des porcs! Peu après, nous sommes entrés dans le magasin, l'endroit où elles vendaient leurs tapisseries (en fait, c'était plutôt des tapis). J'étais un peu gênée de marcher dessus. Nous sommes enfin sortis sous la chaleur écrasante du soleil. Ça m'avait donné l'envie de tisser!

Pleasant Goat

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Depuis le début du voyage, il nous suit, il est partout! Bon, Pleasant Goat est une petite chèvre, que les enfants adorent. Il est à la télévision, sur les chandails, sur les souliers et même en bonbons. Si ça continue, il va dominer le monde! Lui et ses amis de toutes sortes, de toutes couleurs et de toutes grandeurs (dont un qui a un genre de caca blanc sur la tête) résistent à leurs ennemis… les loups! C'est vraiment étrange toutes les façons dont ils repoussent l'envahisseur. Une fois, ils utilisent des bonbons qui les transforment en d'autres animaux ou encore de la gomme qui bloque la bouche des loups. Je trouve ça vraiment drôle. Quel supplice s'il passait à la télévision chez nous...

[Note de Michel: Vous pouvez vous amuser à chercher Pleasant Goat sur la photo...]

Restez près du bord!

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Je crois qu'on a bien fait de ne pas dire qu'on se dirigeait vers les gorges du Saut du tigre, éponymes du trek que nous comptions faire. Parce que, sans nouvelles de nous depuis trois jours, certains (nos mamans?) auraient fini par trouver cette mention dans le Lonely Planet : «The gorge trek is not to be taken lightly. […] Half a dozen people – including a few foreign travellers – have died in the gorge.» Mais non, maman... il ne faut pas t'en faire, c'est juste qu'on était sans accès Internet...

Bon, on s'entend, rares sont ceux qui y meurent, dans cette gorge, et le LP est reconnu comme étant un tantinet alarmiste dans le cas de ce trek. Mais tout de même : trois secondes d'inattention, trente centimètres de travers, trois cent mètres de chute. On ajoute un sentier mouillé par la pluie, et on trouve un papa qui répète sans cesse : « Restez près du bord!»
(Bon, en rétrospective, j'avoue que mon choix de vocabulaire, parce que potentiellement ambigu, laissait à désirer. Mais, dans le contexte, les enfants comprenaient, et moi, du coup, ça me foutait un peu moins la trouille que les premiers avertissements que je leur donnais à l'effet de rester loin du ravin.)

Mais au fil des trois jours de randonnée (on a suivi le conseil de notre ami Marco – qui nous souhaitait presque de nous fouler une cheville pour qu'on reste plus longtemps dans la région – et on a pris le temps de profiter à plein du paysage, de la tranquillité), on se rend compte qu'à force de répéter, les enfants banalisent l'avertissement. Alors je dosais : quand la chute potentielle avait un angle de moins de 75 degrés, un dénivelé de moins de cinq mètres, ou quand elle comportait des buissons assez nombreux pour espérer que les enfants s'y accrochent avant une déboulade fatale, je m'abstenais de les sermonner, et je me mordais les lèvres.

Résultat? Sains et saufs, évidemment. Et peut-être même accros aux paysages vertigineux...

Alors je crois bien que le jour où à leur tour ils partiront à l'aventure sans nous, je préfèrerai, moi aussi, ne savoir qu'après coup les risques, si petits soient-ils, qu'ils auront pris...

Un tigre dans la gorge

4 sept. 2011

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Nous venons tout juste de revenir de notre première expérience de trek en montagne.

Trois jours à marcher dans les décors fabuleux des gorges du Saut du tigre, parmi les plus profondes du monde, à 2400 mètres d'altitude. Nous avons pris notre temps. Nous pensions faire le trajet en deux jours (il y a même des gens qui bouclent les dix heures de marche en une seule journée) mais finalement, devant la beauté des paysages et le calme de la première guest house, nous avons décidé de prendre une journée de plus. Il faut dire aussi que nous avions commencé la marche vers midi, sous une chaleur intense et que ça montait plutôt raide! Deux heures plus tard, nous avons laissé les Coréens harnachés pour faire de la haute montagne (!) continuer le parcours et avons pris nos aises chez la Naxi family Guest House, la première halte du trek. Nous étions les seuls clients, entourés par les hautes montagnes, et nous avons mangé comme des rois, dans la petite cour intérieure de cette famille Naxi vraiment sympathique. Un coup de cœur intense!
En repartant le lendemain nous étions, du coup, complètement seuls sur le sentier. Pour ne pas nous perdre, nous devions suivre des petites flèches, peintes sur des rochers, ce qui donnait ainsi à l'ensemble un petit air de jeu de piste scout.

Nous avons marché un bon cinq heures, en nous extasiant devant chaque point de vue. Nous apercevions le Yangtze loin en contre-bas (et nous l'entendions surtout gronder), nous longions des parois à pic qui descendaient vers la gorge, nous croisions des chevaux en liberté, des vaches broutant dans les pentes en défiant toute gravité, des petits ruisseaux pimpants. Une marche plutôt exigeante avec un bon deux heures de montée sans arrêt dans la partie dite des vingt-huit tournants. En croisant la petite vieille qui montait gaiement avec sa hotte sur son dos et des petits souliers pas de semelles, nous avons rapidement ravalé notre souffle et pris appui plus fortement sur notre bâton de marche (merci Mike pour ce cadeau, il m'a évité quelques chutes certaines!) pour terminer les derniers kilomètres avec honneurs.

Mes copines marcheuses de montagne (Jennifer, Caroline, Michèle) vous auriez adoré! J'ai pensé à vous souvent. 

Le plaisir de la marche étant aussi beaucoup dans l'arrivée, on ne fut pas déçus de notre prochain arrêt dodo, au Halfway Lodge. Vraiment, la Suisse pouvait aller se rhabiller devant la vue sur les montagnes que nous avions de la terrasse du lodge. Nous n'avions plus de mots, les enfants voulaient même y rester une semaine (même s'il n'y avait pas l'internet, c'est vous dire si ce devait être beau!). On s'est reposés sur la terrasse, avons joué aux cartes et salué les marcheurs qui arrivaient au compte-goutte. 

Nous avons terminé le trek aujourd'hui par un bon deux heures de descente glissante sous une petite pluie fine. Nous avons fait vraiment attention car le ravin n'était jamais loin et qu'on trouvait que ce n'était pas vraiment le bon temps pour perdre un enfant ou se briser une jambe (il y a des bons moments pour ça?). L'instant fort de cette portion? Lorsque nous avons dû franchir une cascade vertigineuse qui barrait l'étroit sentier que nous suivions. Nous devions poser prudemment nos pieds sur les galets glissants, car un pas de côté et c'était la chute! On s'en souviendra longtemps!

Pour ce trek de trois jours, nous avions laissé nos gros sacs en consigne dans une auberge au début du sentier. Ce fut une bonne décision car nous n'avions qu'un tout petit sac, avec un chandail de rechange et une paire de sous-vêtements, à trimballer. Nous croisions des gens sur le sentier, lourdement chargés, et on se disait que c'était bien beau la jeunesse! À la fin de nos trois jours nous avons pris une mini-van pour récupérer nos sacs et du même coup nous rendre jusqu'à la ville de Shangri-La, à 3200 mètres d'altitude.

C'est drôle car nous croisons, ici, des occidentaux que nous avons déjà rencontrés dans d'autres villes chinoises (faut croire que nous avons tous le même guide). Du coup, on se salue, comme des vieux amis. Ce soir, c'était un couple de Canadiens, que nous avons croisé en trek hier, qui nous a refilé une adresse pour le souper (ils tiennent un café à Shangri-La), une espagnole vivant à Vancouver qui, en voyant notre drapeau du Québec, est venue nous parler en français, un grand mulâtre énigmatique, que nous croisons depuis huit jours, qui, ce soir, nous a souri. On a comme des amis, de dire Nicolas.

On va dire ça comme ça.