2012...

11 mai 2012

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C’était un jour ni trop chaud ni trop ensoleillé, un jour parfait pour se baigner dans notre piscine trop tiède. C’est pourquoi, ce jour-là, Nicolas et moi, étions dans la piscine en train de… nous baigner bien sûr, vous l’auriez surement deviné sans que je vous le dise! Eh bien, nous nous saucions bien tranquillement quand, tout d’un coup, la voisine nous interpella : « hello, hello! You speak english? Hello! » Nicolas, sortant de la piscine : « Elle a-tu besoin d’aide, tu penses? » Moi, prenant mes lunettes : « Papa, y’a la voisine qui nous parle! » La voisine continua de parler, d’un air de détresse : « Tsunami alert! Earthquake Indonesia 8,9! Look at TV! »

Mon cerveau prit un certain temps à analyser ce que je venais d’entendre, tandis que mon père se ruait sur son portable. Trente secondes plus tard de recherche Google: « Ok, les gars c’est vrai… Prenez vos sacs et les objets de valeur, on s’en va! » Mon frère et moi prîmes tout de suite  nos sacs à dos, nous qui étions encore mouillés de notre petite trempette. Notre après-midi de repos venait de tourner, en quelques minutes, du rêve au cauchemar.

Car voyez-vous, une heure plus tôt, Maman, Thomas et Catherine étaient partis faire les courses en moto, à la ville voisine. Notre plus grande crainte n’était pas de mourir, mais de mourir séparés.

N’ayant aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient, notre meilleure chance, d'après nous, était de les rejoindre était de prendre un touk-touk et de se diriger vers le marché de la ville voisine. Tandis que nous regardions très attentivement sur la route pour trouver les autres, mon esprit dérivait. Ce que je pensais surtout en ce moment ressemblait à ceci: « Je vais mourir, je vais mourir, je vais mourir, je vais… on va tous mourir, on va tous mourir, on va tous mourir…. » Et ainsi de suite. Je ne pouvais absolument pas accepter l’idée de mourir noyé dans une terrible vague destructrice!

Quelques minutes plus tard, nous bondîmes de joie: Maman à l’horizon! Nous avons à peine eu le temps de lever nos bras en signe de panique désespérée que, déjà, elle filait à toute vitesse en sens opposé, vers la maison. Nous implorions alors le chauffeur de touk-touk de faire demi-tour, pour la rattraper, mais sans succès. Ne comprenant pas notre stress, il s’arrêta à une station d’essence tout en pointant son doigt sur la jauge. Étrangement, le monde autour de nous n’avait pas l’air d’être affecté par l’alerte… Peut-être n’avaient-ils pas accès aux médias comme nous l’avions?

Nous ne perdons pas de temps. Un tsunami peut arriver à tout moment. Nous payons le chauffeur et nous nous dirigeons vers un autre touk-touk, cette fois-ci vers le chemin du retour.

 « Ok, arrivés à la maison, vous allez monter sur la montagne du resort en face pendant que je vais chercher les autres », dit Papa.


Tout en regardant d’un œil anxieux le bas de la colline, Nicolas et moi courions vers le sommet du resort, bientôt rejoint par plusieurs baigneurs et quelques pick-ups. Tout à coup surgit Papa, suivi du reste de la famille. Quel soulagement de nous savoir tous réunis! Tour à tour, nous nous racontions notre histoire...


Récit de Maman

J'étais en train de faire l'épicerie avec les petits quand tout d'un coup les lumières se sont éteintes et un monsieur est venu me voir et m'a fait comprendre qu'ils fermaient boutique, là, tout de suite. Je ne comprenais pas trop la raison de cette fermeture soudaine et je pensais à une quelconque fête religieuse ou à un autre truc du même genre. En voyant la patronne prendre son sac à main, je me suis approchée pour lui demander si je pouvais tout de même payer ce que j'avais dans mon panier. Elle accepta en hésitant et, en calculant rapidement mes affaires, me dit qu'il venait tout juste d'y avoir un énorme tremblement de terre en Indonésie (vraiment pas loin de la Thailande, ça!), que ce n'est pas encore un tsunami mais que pour sa part, elle s'en allait direct se réfugier dans la montagne.
Glup!
En voyant l'attitude de la patronne et du reste des employés, j'ai pris conscience que quelque chose de grave pouvait arriver pour vrai et que j'étais à un bon dix minutes de scooter du reste de ma famille! En vitesse, j' ai embarqué l'épicerie et les petits sur la moto et j'ai filé à toute allure sur la route (qui était plus encombrée que d'habitude par les gens qui quittaient vers le centre de l'ile) pour rejoindre les autres et les avertir d'un potentiel danger. En roulant le plus vite que j'ai jamais roulé en mobylette pas de casque de toute ma vie, des tas d'images du tsunami de 2004 (qui a ravagé les mêmes côtes où je me trouvais présentement) défilaient dans ma tête.  
Je n'avais qu'une seule pensée, avertir les autres et surtout ne pas être séparés des autres par un possible tsunami.
En arrivant, en courant, à la maison, j'ai constaté que celle-ci était vide (alors que je pensais trouver tout le monde en train de faire la sieste) et que les ordinateurs et le reste des choses importantes n'étaient plus là. J'ai compris rapidement que Michel avait dû être au courant de l'alerte. Zut alors! où sont-ils? Je tentais de rassurer les petits et je me suis mise à courir vers la plage pour tout de même vérifier qu'ils n'étaient pas en train de se baigner et pour éliminer cette possibilité.  C'est en revenant par le stationnement que j'ai croisé Michel qui courrait vers la maison. Soulagement tellement intense! 
Toute la  pression est totalement retombée en retrouvant tous mes enfants et en sachant que nous étions réunis. Le tsunami pouvait maintenant se produire, j'avais toute ma famille autour de moi.

En haut de la « montagne », nous étions à peu près 100 personnes, quelques-uns apeurés, d’autres excités, et certains, en ayant vu d’autres, poussant des « Bah, le tout c’est de ne pas paniquer » et des « Ce n’est qu’une fausse alerte… ». Moi, je n’avais plus du tout peur, car nous étions parfaitement à l’abri où nous étions. L’océan me paraissait même plus calme que d’habitude. Je me sentais un peu stupide d’avoir vraiment pensé mourir, tandis que nous étions tous protégés d’une éventuelle attaque de la mer.

Vue du haut de la «montagne», en attendant la «vague»...

« Silence, please, everybody, please, silence… »

Ah, quelqu’un  prend la parole…

« We’ve just been informed that the water retired at Phuket… »

Ah bon?

« The tsunami will hit in thirty minutes… »

Donc il va y en avoir un, de tsunami? 

« And to answer some of your questions, we are perfectly safe here. »

(Murmures approbateurs dans la foule)

Safe de quoi? La pluie commençait à tomber du ciel, frappant nos maigres épaules épuisées de cette journée qui ne prévoyait plus rien de bon. Tandis que le reste de la famille se réfugiait sous un bungalow inhabité, je me mis en quête de nourriture. Ne voulant pas mourir de faim, nous nous sommes mis à manger des mangues que l’on cueillait à même l’arbre (chose commune en Thaïlande…), et que nous mangions presque mûres, où pas du tout mûres. Plus tard dans la nuit (et oui, c’était rendu la nuit), un stand se mit à distribuer des fruits et du pain (par pain, je veux dire : pain, croissants baguette, etc.) et des bouteilles d’eau, tandis qu’un autre distribuait des tartines beurre-et-confiture. Nous attendions toujours la vague, il faisait noir, il faisait une chaleur insoutenable et les moustiques commençaient à sortir. Vraiment, le pain et les croissants étaient le seul réconfort que l’on pouvait trouver!

Encore plus tard dans la nuit (genre 1-2 heures plus tard), nous avons enfin pu redescendre, après s'être renseignés aux garde-côtes. Le pire dans tout ça, c’est que même en Indonésie il n’y a pas eu de vague. Le séisme était assez profond, l’onde de choc n’était donc pas assez puissante pour produire un tsunami de ce nom. Tout autour de nous, la vie reprenait tranquillement son cours habituel. Nous avons retrouvé notre habitation en bon état, et, n’ayant plus faim, nous nous apprêtions à dormir.

Moi, je n’ai eu aucun problème à m’endormir, j’étais tout simplement épuisé. Pour d’autres, comme les Petits (le groupe Thomas/Catherine est couramment appelé « les Petits »), ont eu des cauchemars et ont eu vraiment du mal à dormir. Pour ma part, j’avais surtout l’impression que quelque chose de très gros venait de finir subitement…

Bonne année 2555!

10 mai 2012

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Le 13 avril, nous étions en Thaïlande, plus précisément à Koh Lanta, une assez grosse île. Là-bas nous avions loué une maison à 80 mètres de la plage. Cette journée-là nous avons aussi loué une moto avec un side car (un genre de tuk-tuk) pour fêter le nouvel an thaïlandais (fête de Songkran). Nous avions aussi pris soin de remplir le plus gros bac (c’était plutôt une poubelle) de la maison avec de l’eau et d’acheter des fusils à eau. Vous vous demandez surement pourquoi tous ces préparatifs, et bien parce que la journée du nouvel an, tout le monde s’arrose.


Cette grosse bataille d’eau a une signification. Traditionnellement on faisait seulement verser de l’eau parfumée sur les mains ou sur la tête en signe de respect envers les plus vieux. C’était aussi pour laver les péchés de l’année précédente et pour recommencer l’année à neuf. Maintenant, c’est surtout  une occasion de faire une grosse fête en plus de pouvoir se rafraichir parce que cela se déroule pendant les plus chauds jours de l’année. 
C’est la fête la plus importante de l’année pour les Thaïlandais et nous voulions absolument être à un endroit où les gens fêtent Songkran parce que nous avions eu plein de commentaires qui disaient que c’était une fête unique.
Cinq minutes après être partis de la maison avec le tuk-tuk, nous étions totalement mouillés, car c’est comme une guerre entre les piétons et les personnes dans la rue. Les gens qui sont sur les trottoirs s’installent en stations d’arrosage. Il y a en moyenne une douzaine de personnes qui sont regroupées autour de un ou deux gros barils d’eau parfois très froide. Les personnes qui circulent en moto sont obligées d’avoir des fusils à eau s'ils veulent arroser ceux qui sont à pied. Nous, qui étions en tuk-tuk, pouvions avoir des seaux et un réservoir d’eau pour arroser les autres. Au début, on avait apporté des fusils, mais on s’est vite rendu compte que c’était plus avantageux d’avoir un seau parce que ça lance bien plus d’eau.


Lorsque nous sommes arrivés à Sala Dan (le petit village pas trop loin de notre maison), nous avons dû remplir notre bac d’eau, mais pendant ce temps nous étions vulnérables aux attaques rafraichissantes des seaux et des fusils à eau. C’était drôle parce que les gens en profitaient parce qu'on ne pouvait pas les arroser.


Peu de temps après avoir rempli notre bac, nous sommes partis pour faire le tour de l’île avec notre tuk-tuk. Quand  nous sommes arrivés au village de Old Lanta (un vieux village de pêcheurs avec des maisons en bois), seulement deux enfants lançaient de l’eau tandis qu’à Sala Dan, il y en avait une centaine. Mais, un  peu plus loin, une dizaine d’enfants nous ont arrêtés pour nous lancer de l’eau et nous enduire de savon (c’était plutôt un mélange d’eau et de savon et, quand cela séchait, on dirait que c’était du plâtre). Finalement, nous n’avons pas fait le tour de l’île parce que le tuk-tuk ne pouvait pas franchir le petit chemin de terre. De retour à Sala Dan, des personnes dans la rue mettaient sur nos joues de la  poudre pour bébé et de la pâte rouge, verte et blanche. Je trouvais que la pâte sentait bon mais certaines pâtes sentaient l’eucalyptus et ça piquait la peau.
Plus tard, Nicolas, Olivier, Catherine et moi sommes retournés dans la rue pour arroser les gens, mais il n’y avait personne alors nous sommes rentrés pour finir la soirée en écoutant un film.

J’ai aimé cette fête parce que c'était comme une immense guerre d’eau, les gens étaient super gentils et on riait énormément. J’apprécie aussi quand on m’arrose beaucoup avec des seaux complets d’eau froide ou tiède dans ce genre de bataille. C’était le plus beau jour de l’an de ma vie. Nicolas, Olivier, Catherine et moi aimerions qu’une fête comme ça puisse se célébrer chez nous parce que c’était vraiment amusant!
                                                                              
  
      

Koh Lanta: Le repos des héros

8 mai 2012

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Comme vous avez surement pu le constater, nos parents ont la (bonne?) manie de nous faire, depuis le tout début de notre périple, des surprises. Par exemple, ils nous emmènent dans de bons restaurants sans nous le dire ou bien ils nous cachent la vérité lorsque nous allons loger dans de supers hôtels. C’est encore ce qu’ils ont fait lorsque nous sommes arrivés à Koh Lanta, après un long trajet, et que nous avons réalisé, à la dernière minute, qu’ils avaient loué une villa de rêve (avec une piscine privée) à 80 mètres de la plage! La maison ressemblait un peu à celle que nous avons eue une première fois en Thaïlande, mais avec quelques bonifications.






En effet, en plus de la piscine (dans laquelle nous avons passé des heures à nous amuser), la villa possédait un immense jardin où les plantes et les fleurs tropicales abondaient. La majorité des fenêtres de la maison donnaient d’ailleurs sur des plates-bandes luxuriantes. Il était alors fréquent d’apercevoir de petits oiseaux butineurs voler aux alentours du terrain et se nourrir du nectar des fleurs, juste sous nos yeux. Ce n’est pas tout, car en plus d’une table de ping-pong et d’une belle terrasse extérieure, il y avait un hamac des plus confortables.

Au jardin


 

Nos fins de journées se résumaient souvent à de grandes soirées vidéo en famille. En effet, les films que nous avions retrouvés dans la villa étaient aussi beaucoup plus intéressants et variés que ceux dans la maison à Lae Mae Phim, lors de notre précédent séjour en Thaïlande. Nous avons donc profité de ces trois semaines passées à Koh Lanta pour écouter une quinzaine de ces films. Nous pouvons donc nous vanter d’avoir élargi notre culture cinématographique en visionnant quelques classiques comme les deux premiers Terminator, Life of Brian, Scarface, Crash, Silence of the Lambs, the Full Monty, Saving Private Ryan, La Matrice, Apollo 13. Ce n’est pourtant pas du tout habituel pour nous d'être si accros à l'écran de télévision, mais, après des mois sans écouter de films, nous nous sommes gâtés!

En restant dans cette maison, nous avons aussi retrouvé le plaisir de ne pas aller au restaurant, de nous  goinfrer de beurre d’arachides, de sandwichs aux tomates et surtout de manger des pâtes quatre fois par semaine!

De plus, l’île regorgeait de vues paradisiaques sur la mer d’Andaman que nous avons pu découvrir avec la motocyclette incluse avec la villa. Parfois, ma mère et moi partions à la découverte de l’île pendant une demi-journée complète. Les panoramas de rêves qui s’offraient à nous étaient, la plupart du temps, incroyables et dignes d’une carte postale. L’eau affichait des tons turquoise et les îles qui parsemaient la mer étaient entourées de plages de sable blanc. Jamais je n’aurais cru voir de tels paysages qui me semblaient si surréels.

 
Ce que j’aimais le plus lors de ces escapades, c’était lorsque que ma mère me cédait le guidon pour me laisser conduire sur le chemin du retour. Ce fut un des rares moments du voyage où j’ai pu conduire une mobylette et j’en ai profité au maximum. Je ne voulais manquer pour rien au monde les occasions d’aller faire les courses avec ma mère pour peut-être avoir la chance de prendre les rênes au retour.
Il ne faut cependant pas oublier de mentionner que nous avions spécialement choisi Koh Lanta pour ses belles plages. À toutes les fois que nous allions à la plage près de la maison, le paysage était totalement différent. Parfois, l’eau affichait des tons de verts tandis que le reste du temps elle semblait plutôt bleutée. La plage aussi variait selon les jours avec la marée qui changeait et transformait tout sur son passage. Il faut dire que la mer était magnifique et que ma mère était en extase chaque fois que nous nous baignions dans l’eau.

Notre coin de plage, toujours aussi peuplé





Ces trois semaines ont donc passé en un éclair et jamais les jours ne m’ont paru si courts. Après plus de sept mois de voyage, louer une maison pour une seconde fois et vivre une vie normale (sans nous déplacer tout le temps) nous a fait, une nouvelle fois, un bien fou. Nous aurions pu rester dans cette villa encore longtemps, mais il fallait bien continuer notre route car nous avions encore bien du chemin à faire avant d'arriver à Bali où nous prendrons un avion vers le Québec.


Avion-taxi(s)-train-autobus-bateau

7 mai 2012

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J’ai quitté le Vietnam frustrée. C’était une assez nouvelle impression que je n’avais encore jamais eue pour les autres pays que nous avions quittés auparavant. J’ai presque toujours été assez nostalgique de quitter un pays mais, frustrée? C’était vraiment la première fois! 

Donc, frustrée j’étais, car je sais très bien que je n’ai pas gouté au quart de la moitié de tout ce que le Vietnam recèle de plats succulents. La veille de notre départ, lors de la visite des ruelles aux mille métiers (visite guidée de ce quartier de Hanoi que nous avait organisée Olivier), nous avons encore mangé un truc totalement inconnu (que je ne pourrais même pas décrire) mais tellement délicieux que j’en voulais encore le lendemain! Au fait, je voulais encore manger dans toutes ces petites échoppes de rues, encore gouter une soupe phở à même le trottoir, encore savourer le tofu frit et les nems trempés dans une petite sauce aigre douce, encore tenter ma chance avec un plat étrange au détour d’une ruelle. J’ai quitté le Vietnam en m’en voulant intensément de ne pas avoir mangé plus que trois repas par jour et de ne pas avoir plus osé à commander des plats, au petit bonheur la chance.

Va-t-il vraiment falloir, aussi, revenir ici un jour?

Dans les rues de Hanoï
 

 

 


 



J’ai cependant quitté Hanoï en comprenant un peu mieux ce que les touristes reprochent au Vietnam en général et aux Vietnamiens en particulier. Les commerçants de la ville sont adorables sauf quand nous refusons de payer le quadruple du prix « normal ». C’est un peu drôle au début mais après quelques jours, ça devient un peu lassant et le sourire se fait un peu moins sincère sur nos visages de touristes. Je le dis souvent, ça ne me dérange pas de payer plus que ce que les locaux paient, mais de là à débourser le triple ou le quadruple, il y a une marge. Je me souviendrai longtemps de cette gérante de café qui nous demandait un prix tellement exorbitant pour une simple salade de fruits que même les autres clients en étaient mal à l’aise. Ces clients, n’osant défier ouvertement la patronne, me faisaient des signes des yeux subtils me signifiant fort bien que nous étions véritablement les dindons de la farce. C’est lorsque j’ai commencé à demander à d’autres clients ce qu’eux ils payaient vraiment que la gérante a commencé à trouver ça moins drôle et a brusquement accepté le montant que je lui offrais (déjà bien supérieur à ce que ça valait vraiment) en prenant cependant bien soin de m’invectiver copieusement en vietnamien. La morale de cette histoire c’est qu’il faut être un brin blindé pour magasiner à Hanoï sans se départir de son calme et sans péter, éventuellement, les plombs.

En arrivant à l’aéroport de Hanoï (après un réveil aux aurores), nous savions qu’une grosse journée de transport nous attendait. Nous devions, en effet, prendre un avion en direction de Bangkok, attendre quelques heures en transit dans la ville et ensuite prendre un autobus de nuit pour arriver à Koh Lanta (une ile dans le sud de la Thaïlande), notre prochaine destination. 

Après un vol sans histoire (et la rencontre à l’aéroport d’une autre famille de Québécois que nous suivions un peu via leur blogue) nous avons décidé de profiter de nos quelques heures à Bangkok pour aller manger des sushis à volonté (nous sommes définitivement accros) et pour aller magasiner un nouvel appareil photo, Catherine ayant perdu le sien au Vietnam (phrase courte pour résumer une histoire plate). 

C’est donc avec tout notre attirail que nous avons affronté dignement la chaleur de Bangkok (méchant choc après la fraicheur printanière de Hanoï) et le méga trafic de ses rues. Nous avons rapidement mangé et magasiné un appareil (ne valant pas le tiers de l’autre en terme de qualité) pour ensuite prendre un taxi pour nous rendre à la gare locale d’autobus. Selon les indications de notre contact à Koh Lanta (et les divers experts voyage sur internet), rien de plus simple que de prendre l’autobus local (à la place des autobus réservés pour les touristes) pour atteindre l’ile de Koh Lanta. Facile comme une lettre à la poste, qu’ils disaient tous. Cependant, en arrivant à la gare, nous avons tout de suite compris que ce ne serait pas aussi simple. Tout d’abord cette gare immense était un foutoir épouvantable avec du monde partout, assis par terre en train de manger ou encore tout simplement couché en train de dormir sur des tas de bagages.  Ensuite, tous les autobus en partant vers Koh Lanta étaient complets pour les prochains trois jours! Trois jours! TROIS JOURS! Flute alors! Il était près de 20 heures et l’idée de passer TROIS JOURS dans le hall de la station de bus, avec enfants et bagages, ne nous souriait pas vraiment.

Nous avons donc improvisé un plan B d’urgence en appelant tout de suite l’hôtel où nous avions déjà séjourné deux fois et qui, heureusement, avait encore des chambres de libres. Nous avons alors illico repris un taxi vers l’hôtel (c’était notre quatrième taxi de la journée et notre quatrième trajet dans un trafic intense) pour finalement poser nos bagages en nous demandant bien ce que nous ferions pour rejoindre Koh Lanta, le lendemain.

Après bien des tergiversations allant de « on prend un vol direct pour la Malaisie et tant pis pour Koh Lanta » à «  on loue une voiture pour descendre toute la Thaïlande », nous avons finalement opté pour l’option un train de nuit, un autobus et un bateau pour rejoindre l’ile, soit un bon trente heures de trajet. Joie!

Le lendemain, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous avons alors profité de ce temps de plus à Bangkok (qui n’est tout de même pas Laval) pour visiter le quartier chinois (et son très animé marché) avec les petits (pendant que les grands choisissaient de faire un sit-in dans la gare de train pour surveiller les bagages et lire tranquilles). Nous avons alors passé un trois heures vraiment sympathique à arpenter ce coin de Bangkok que nous ne connaissions pas encore.


Scènes du marché chinois de Bangkok

Et nous avons naturellement fini par rejoindre Koh Lanta, après une nuit dans le train qui s’est avérée excellente (sérieusement, une de mes meilleures nuits depuis longtemps), un trajet de bus rocambolesque (où Michel s’est fâché avec la madame de l’agence qui nous faisait faire un véritable parcours du combattant) et un petit tour de ferry pépère. 

Koh Lanta, j’espère que tu en valais la peine!

Une journée avec Liên

6 mai 2012

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C'est au Centre culturel français de Hanoï que Michel a rencontré Liên, au détour d'une allée. Elle y venait pour perfectionner, seule, son français et son anglais et Michel, en l'entendant ânonner, s'est gracieusement offert pour l'aider avec quelques prononciations difficiles. Liên est une jeune étudiante en commerce, très motivée, et qui a décidé d'apprendre, par elle même, le français, l'anglais et le chinois! Rien de moins! Elle vit en résidence universitaire à Hanoï et, entre ses cours, passe tout son temps à l'institut afin de se perfectionner en langues étrangères. Très sympathique et franchement bonne en français, Liên, suite à la leçon avec Michel, s'est proposée spontanément pour nous accompagner, le lendemain, afin de passer la journée avec nous et de nous faire un peu visiter la ville. Voilà une proposition que nous ne pouvions refuser et c'est donc à neuf heures le lendemain que nous avons rejoint notre guide, tout sourire et en petites espadrilles, devant les portes du Centre culturel pour une tournée de quelques attractions touristiques de Hanoï.

Notre première destination: le mausolée d'Hô Chi Minh.
Ce monument à la gloire d'oncle Hô est un exemple frappant d'architecture communiste (énorme et sobre bloc massif de marbre sombre) et est surtout un exemple frappant de culte de la personnalité post-mortem. En effet, à notre arrivée sur place, une queue de plusieurs centaines de personnes faisait le tour du mausolée. Les gens attendaient patiemment en ligne avant de pouvoir entrer dans le tombeau afin de présenter, durant quelques minutes, leur hommage à la dépouille de l'ancien leader révolutionnaire. C'était assez impressionnant à voir bien que je sois certaine que le plus impressionné (consterné?) serait sans aucun doute Hô Chi Minh lui-même qui avait demandé expressément à ce que ses cendres soient dispersées dans tout le pays! Comme quoi, une fois mort, les gens font bien ce qu'ils veulent avec nos dernières volontés! Bon, comme nous n'avons pas de dévotion particulière pour Hô Chi Minh et encore moins d'intérêt pour les dépouilles en général, nous avons décidé de ne pas perdre de temps à faire la ligne et d'aller plutôt nous promener dans le parc autour du mausolée. Nous avons cependant tout de même pu visiter la simple maison de bois qu'a habitée Hô Chi Minh (délaissant ainsi le palais présidentiel) et un joli petit temple, en forme de fleur de lotus, datant de plus de mille ans. Le parc était plein de monde et était très animé par ce doux dimanche matin.




 


C'est à partir du mausolée que nous avons ensuite rejoint, à pied, le temple de la littérature, une autre des attractions de la ville. Ce temple, bâti en 1070 pour vénérer Confucius, a longtemps été un lieu d'enseignement et de savoir. C'est maintenant un exemple typique d'architecture vietnamienne traditionnelle et un endroit où des tas de jeunes étudiants viennent, avant la veille d'un examen important, toucher la tête d'une des tortues en pierre du jardin (à leurs risques et périls puisque c'est formellement interdit). Selon la croyance estudiantine, ce geste amènerait la réussite scolaire et, selon Liên, qui a elle-même expérimenté la chose, cela fonctionne vraiment! Ben coudonc!
Il y avait, ici aussi, pas mal de monde en promenade et des jeunes filles en ao dai qui se faisaient prendre en photo dans ce décor bucolique (et d'autres qui couraient après nos enfants pour se faire prendre en photo avec eux). Nous avons fait le tour tranquillement des jardins, entendu un petit concert de musique traditionnelle, visité les temples et, finalement, pris un taxi pour aller diner.




Après le diner (c'est avec Liên que nous avons mangé les crêpes au riz et suc d'insectes, une première même pour Liên... qui n'a pas aimé) nous avons décidé d'aller visiter le village de Bát Tràng un peu à l'extérieur d’Hanoï. Ce village est reconnu pour être un des plus anciens villages de potiers de tout le Vietnam.

Pour nous y rendre nous avons d'abord pris un taxi (qui s'est avéré véreux avec un compteur trafiqué et, à la grande consternation de Liên qui ne voulait pas d'histoire, nous avons menacé le chauffeur d'appeler la police s'il refusait de nous donner un tarif non frauduleux, ce qu'il a fini par accepter, naturellement) et nous avons ensuite pris un autobus local jusqu'au village. Nous sommes alors arrivés dans le paradis de la céramique de toutes sortes. Le village est une formidable usine et surtout une boutique de céramiques à ciel ouvert. Le marché est immense et il y a l'embarras du choix (et du portefeuille) pour ce qui a trait aux vases, théières, bols, cruches et vaisselles diverses. Liên s'est proposée pour nous accompagner dans nos déambulations commerciales pendant que les enfants ont pu se lâcher lousses dans un atelier de confection, à l'aide d'un tour, de leur propre cossin en terre glaise. Pour ces pauvres enfants privés de loisirs artistiques depuis des mois, c'était le paradis! Nous les avons donc laissés tenter de créer un truc qui ressemble à un truc (ce qui semble bien plus simple qu'il n'y parait) et sommes allés magasiner avec Liên. Pauvre Liên! Elle ne savait sans doute pas, avant de nous proposer de nous accompagner, quel genre de consommateurs non compulsifs nous étions! Nous avons bien dû faire le tour du marché trois fois avant de trouver, choisir, comparer, décider et finalement d'acheter quelques objets!







C'est donc avec plusieurs paquets fragiles (bien hâte d'ouvrir le colis une fois rentrés à la maison) dans les bras que nous avons repris l'autobus vers Hanoï. Nous avons alors proposé à Liên de venir souper avec nous et avons encore marché pas mal avant de rejoindre le restaurant où nous voulions l'emmener (un restaurant australien, question de l'inviter dans un endroit où elle ne devait pas aller souvent). La pauvre avait les pieds en compote et trouvait que, franchement, les Québécois étaient vraiment d'infatigables marcheurs!

Le souper fut animé et nous avons bien rigolé à tenter de reproduire les différents accents vietnamiens servant à différencier différents mots (le même mot peut, selon l'intonation qu'on y met, signifier plusieurs choses très différentes). Quelle langue fascinante que je ne pourrais jamais maitriser!

Nous avons quitté Liên, le cœur un peu gros en sachant que nous ne la reverrons sans doute jamais. Elle était vraiment charmante et attachante et nous a donné une journée de sa vie, juste comme ça. Voilà des cadeaux précieux qu'il faut reconnaitre à leur juste valeur. Merci Liên!