Adaptation

9 oct. 2011

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Près du Indra Chowk, quartier des vêtements de saris, les hindous font la file pour honorer un dieu dans un temple lors du dixième jour de Dasain.


La fête de Dasain est une fête religieuse hindoue qui dure près de quatorze jours. Dans les rues de Katmandou, tous les commerces étaient fermés pour les festivités. C'était assez étrange de marcher dans des rues presque vides alors qu'en général il faut se frayer un chemin parmi les étals. Au fait, les seuls commerçants à faire des affaires, c'était les marchands de vêtements, la tradition voulant que les gens portent des vêtements neufs pour l'occasion. Mais bon, comme des saris, ça ne se mange pas vraiment, ce fut relativement complexe pour trouver des endroits ouverts pour acheter à manger. 

 [Note du photographe: des saris, ça ne se mange peut-être pas, mais ça s'essaye!]

Ce n'est pas simple pour des occidentaux de comprendre tous les rites hindous. Les temples sont partout au coin des rues, des gros, des petits, des simples autels avec rien dedans et d'autres plus imposants. Il y a des lampions, des cloches, des poudres colorées, des fruits, de l'encens, des animaux que l'on sacrifie, des foulards, de la pâte que l'on colle sur la statue de dieu et des offrandes diverses (pommes-bananes-œufs-fleurs) que l'on dépose sur des assiettes de feuilles.

Marchandage ferme pour la poudre à tika.

 Offrandes en vente: traditionnels colliers d’œillets oranges.

D'ailleurs, nous en avons mangé des offrandes. À notre grand dam et bien malgré nous. Un marchand de galettes préparait, au coin d'une rue, des tas de trucs en pâte frite dont des genres de crêpes roses fluo (voir la photo dans le billet de Catherine). On a acheté un assortiment de tout pour le déjeuner et on s'est rendu compte, par la suite, que les galettes roses, c'était pour offrir aux Dieux. On a dû avoir l'air bien colons devant les commerçants médusés. Les enfants se sont sentis mal d'avoir mangé des offrandes divines et moi je me suis longuement questionnée sur la provenance de la couleur rose fluo! Ce n'était sûrement pas du colorant alimentaire!


La fête de Dasain, c'est aussi le temps de l'année où il y a abondance de viande pour tous, la coutume voulant que l'on offre des sacrifices d'animaux aux Dieux et qu'ensuite on en mange la viande. Nous avons assisté (Michel et Olivier en direct, les autres en s'assurant d'être bien cachés par quelque chose) au sacrifice de deux chèvres et d'un buffle. Olivier en est devenu tout blanc (voir son billet). Du coup, on s'est réfugiés, par hasard dans un rare restaurant ouvert et nous sommes montés sur la terrasse du toit. Nous étions naturellement les seuls clients et avons eu une vue superbe sur 360 degrés de toute la ville de Katmandou.

Il faut dire que les toits, au Népal, c'est quelque chose. Vu d'en bas, il est impossible de s'imaginer toute la vie qui se joue au sommet des édifices. Tous les toits sont aménagés en terrasse avec des petits jardins, des cordes à linge, des bicyclettes pour les enfants, des citernes d'eau… Quand il fait trop chaud, les gens vont y dormir et, pendant la fête de Dasain, les enfants (et même les plus grands) vont y faire voler des cerfs-volants. Du coup, nous avons pu assister, lors de notre diner, à tout un spectacle de haute voltige et une compétition entre les toits pour «abattre» les cerfs-volants des autres. Nous avons, du coup, eu envie de relire Les Cerfs-volants de Kaboul… Quelques cerfs-volants sont venus s'échouer sur notre terrasse et nous en avons rescapé deux en tentant ensuite de les faire voler. Ça a l'air simple vu de même mais il a bien fallu se rendre à l'évidence que c'est définitivement tout un art que nous ne maitrisons pas du tou... et encaisser dignement les sourires moqueurs des voisins.

On arpente donc, inlassablement, depuis quelques jours dans cette ville grouillante et surprenante. Ici, il n'y a pas de parcs, pas d'espaces verts, pas d'endroit pour faire jouer ou courir les enfants, pas vraiment de bancs publics ou se poser, pas de poubelles pour mettre les déchets (je ne parle même pas de la récupération), pas de jolies rues tranquilles et ombragées. C'est définitivement le tiers-monde quand tu vois les vaches, dans la rue, brouter les poubelles. C'est tellement sale que la Chine nous semble, du coup, le summum de la propreté aseptisée. Les voitures contournent les amas de roches (peu de routes sont goudronnées), les gens zigzaguent entre les trous de boue et les tas de détritus, les enfants mendient à côté des éclopés, la poussière est omniprésente et les meutes de chiens errants se disputent la rue avec les rats. Et à travers tout ça, bien les gens vivent. Fascinant.

Peu de choses donc à faire pour les enfants à part marcher et observer. Ils ne se plaignent pas trop même si, avant-hier, Nicolas espérait presque une visite dans un musée pour changer un peu! 


 Nous avons tout de même fait un peu différent, hier, en allant visiter une clinique médicale privée. Pas que cela nous tentait vraiment mais depuis 24 heures j'avais très mal du haut de la cuisse au bout de mon pied droit. J'avais l'impression d'avoir une veine en béton sur toute la longueur et j'avais des lignes rouges, enflées et chaudes sur mon tibia et le dessus du pied. Verdict? Une thrombophlébite superficielle due à une bactérie favorisée par la morsure d'une sangsue, morsure qui était tout juste au bout de la veine rouge et enflée de mon pied. Du coup, j'ai eu droit à une administration d'antibiotiques sous perfusion (et d'un jus de pommes donné par des infirmières, aux petits soins) et à d'énormes pilules deux couleurs pour cinq jours. On ne pourra pas dire que je ne fais pas d'efforts pour varier le quotidien!

 [Note du photographe: Mais non! Rassurez-vous! C'est plutôt de ça qu'elle avait l'air, ma blonde sous perfusion...]


Voilà! On pensait bien quitter Katmandou ce matin pour quelques jours de visite dans la vallée, mais Thomas couve une légère fièvre, et Nicolas vient de passer la nuit à vomir ses tripes. Rien de grave mais le riz biryani n'a, de toute évidence, pas passé.

Il semble bien que nous devrons ajuster nos plans...


Sacrifice!

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Oui, on en avait déjà vu, des animaux morts. Des vivants aussi. Mais ce qui change tout, c'est de voir le moment précis où l'animal meurt, et de façon brusque, non pas de maladie ou de vieillesse, mais à grand coups de khukuri* dans le cou (à grands coups dans l'cou). Oui, c'est violent. Oui, ça saigne beaucoup. Non, l'animal ne souffre pas. Mais bon... C'est la première fois que je voyais un animal mourir. J'avais déjà vu un sacrifice, mais j'avais détourné les yeux au moment où la bête expirait. Mais là, en l'honneur du Dashain, j'ai pu en voir trois: deux chèvres et un buffle. De proche, de surplus (quatre ou cinq mètres de l'animal). J'ai eu la nausée après, difficile de dire si c'était à cause du sang, de la foule, de la nourriture, des odeurs, ou de déchets radioactifs.

Moi: Papa j'ai comme la nausée…
Papa: Genre vomir ou étourdi?
Moi: Chais pas, je me sens pas bien
Papa: Tête entre les genoux, tout de suite.

Je ne me posai pas de questions. Je me mis la tête entre les genoux et je me sentis tout de suite mieux. C'était quand même toute une expérience!

[Note du photographe: Olivier en blême juste après les décapitations. Le tika sur son front (offert par un sadhu insistant) ne semble pas avoir prodigué la «good luck, good luck!» promise.]



*khukuri: Couteau recourbé népalais utilisé par l'armée népalaise, la police népalaise et les ghurkas, corps armé népalais oeuvrant pour la Grande-Bretagne. (À droite sur la première photo.)


[Note du photographe: Une des causes possibles de la nausée d'Olivier?]