Master Chef Asia

10 mars 2012

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La ville de Battambang… Peut-être une des villes la plus dénuée de choses à faire. Peut-être aussi une des plus plates. Battambang, en adjectifs, ça donne : sombre, morne, poussiéreux, triste. Cependant, c’est le lieu où nous avons fait notre premier cours de cuisine du voyage.

J’étais un peu nerveux je l’avoue. On avait peur que ça soit comme dans Master Chef, avec plein de juges qui mettent de la pression, des toques sur la tête et tout. Mais nos craintes n’étaient pas fondées : ce fut une expérience très agréable côté gastronomie…

Premièrement, nous sommes allés au marché, avec le groupe du cours de cuisine, chercher nos ingrédients : Poisson cru, viande «crute», légumes (crus) et noix de coco râpée. Avec le chef, nous étions douze personnes. Nous faisions trois plats : du amok au poisson, des rouleaux impériaux et du lok lak aux champignons (ou au bœuf pour les non-végétariens).

Viande «crute» au marché. Oui, les picots noirs sont des mouches.


Poisson du marché.
Toujours au marché, on goute à des trucs étranges.

Nous avons donc commencé par le amok, un des rares plats traditionnels cambodgiens. En gros, on pilait plein d'herbes et d’épices (paprika, lime kaffir, citronnelle, etc.) et de l’ail dans un mortier pendant quinze minutes, jusqu’à ce que ça donne une mixture rouge-beige.



Ensuite, nous avons découpé du poisson en lamelles et mélangé le tout avec la « mixture » et du lait de coco (nous avons fait nous-même le lait de coco, en pressant de la noix de coco râpée dans un tissu avec de l’eau). Nous avons versé le résultat dans un plat de feuilles de bananier (que nous avons-nous même confectionné), fait cuire vapeur et… Ta-tam! C’était prêt à manger.



C’était plus facile pour les rouleaux : nous avons râpé de la patate douce et des carottes, ajouté du poivre, du sel et du sucre, pressé le tout, roulé dans des feuilles de riz, nous avons fait frire, et c’était tout. Facile, non?





Et le lok lak, ah ce cher lok… avec le amok, c’est aussi un plat traditionnel cambodgien, contrairement aux rouleaux, qui sont vietnamiens. Le Cambodge ne compte pas beaucoup de plats traditionnels, car la cuisine est en majeure partie influencée par les Chinois et les Vietnamiens.
Pour le lok lak, nous avons découpé des champignons, rajouté du sel, du poivre, du sucre, de la sauce soja, de la sauce aux huitres, nous les avons laissé mariner et nous les avons ensuite fait frire cruellement sur une poêle. Ils sont morts sur le coup. Nous avons rajouté des légumes pour décorer les cadavres de champignons, et couvert le tout avec un œuf frit.

Malgré mon inhabilité culinaire, les plats étaient très bons. J’ai un peu moins aimé le amok, car je n’aime pas vraiment ce mélange d’épices. Par contre, les rouleaux étaient divins, mais ce n'était pas divin comme dans l'annonce de Philadelphia...

Comme on dit en bon québécois, on se couchera moins niaiseux à soir! C’est vrai qu’on en a appris des choses, cette journée-là. Même si je ne suis pas sûr que nous allons refaire ces recettes à la maison, ce fut une expérience très enrichissante. Pour tout dire, nous avions quasiment le goût de refaire un cours de cuisine dès le lendemain, tellement on s’amusait!



Le mortier en main, le pilon dans l’autre, Hans écrasait les épices comme il écrasait ses ennemis les feuilles mortes pendant un doux soir d’automne. Avec son couteau, il hachait l’ail comme il hachait ses ennemis des tomates pour se faire un délicieux sandwich. Avec une feuille de riz, il roulait des rouleaux comme il roulait ses ennemis sa pâte à modeler quand il n’était encore qu’un tendre bambin. Avec la poêle, il faisait frire des champignons comme il faisait frire de délicieuses patates ses ennemis.
Pour Hans, la poêle à frire est et restera toujours son arme de prédilection.


Une journée dans la campagne de Battambang

9 mars 2012

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Aujourd’hui, nous sommes partis vers 8h30 pour passer la journée autour de la ville de Battambang avec un guide qui vivait en France mais qui est Cambodgien.

Nous sommes allés voir plusieurs choses en commençant par une vendeuse de riz aux bines cuit dans du bambou. C’est très bon même si je n’aime pas ça. Je trouve que cela goûte trop le lait de coco.
Ensuite, nous sommes allés voir le vihir (temple cambodgien) qui était juste en face. Là, le guide nous a parlé de l’histoire cambodgienne même si on en connaissait déjà une partie. Nous avons tout de même appris beaucoup de choses comme le fait que les Chinois profitent des ressources naturelles des Cambodgiens et qu’ils exploitent la terre avec des produits chimiques, et que lorsque la nature arrêtera de pousser, les Chinois vont faire la guerre aux Cambodgiens.

Après, nous sommes allés voir des plantations de feuilles de bétel et de noix d’arec. Ce sont des noix que les Birmans et les Cambodgiens chiquent avec de la chaux. C’est très bon pour les dents, et, après en avoir mangé, on n’a plus besoin de se les brosser. On a goûté les feuilles, mais ce n’était pas très bon, on avait le même goût dans la bouche que lorsqu’on sort de chez le dentiste.

Après s’être fait prendre en photo par notre guide, sur le petit pont en face des plantations, nous sommes retournés dans le tuk tuk qui nous avait amenés, pour aller voir une fabrique de pâte de poisson que l’on utilise notamment pour faire des amoks. Ça empestait, bien sûr, mais c’était très intéressant de voir tous les poissons qui séchaient et toutes les étapes nécessaires pour obtenir une simple pâte de poisson.

Poissons-chats séchant au soleil. Pas de colorant!


Ensuite, nous avons visité un fabricant de bateaux. Il utilisait du bois qui se plie lorsqu’on le chauffe, et ainsi, il peut construire une barque en seulement une semaine. Après cela, nous sommes allés voir une manufacture de feuilles de riz. La madame restait de 6h le matin à 3h de l’après-midi assise devant son four en pleine chaleur pour faire cuire ce genre de papier à rouleau de printemps. De plus, elle ne les vend vraiment pas cher (environ 2$ pour 100 feuilles).




Une fois cette visite terminée, nous sommes allés déguster du vin de palme. Ce doit être très long à faire car il faut essorer goute par goute le liquide des feuilles de palmier dans une grosse jarre. Nous n’avons malheureusement vu personne le faire. Ensuite, nous nous sommes rendus chez la dernière famille de Battambang à faire des bâtonnets d’encens. Ils trempaient des bouts de bambou dans plein de choses plusieurs fois avant de les faire sécher par terre. C’était très joli, car ils les plaçaient en forme de fleur.

Nous sommes allés voir une dernière personne avant d’aller dîner. C’était une vieille femme qui fabriquait des cigarettes avec un genre d’instrument qui ressemblait un peu à une machine à écrire, et qui lui permettait de faire 5 cigarettes d’un seul coup! C’est difficile à croire mais avec ce simple métier elle a réussi à payer les études de ses 3 enfants dont 2 sont devenus ingénieurs et l’autre architecte. Après avoir dit au revoir (en cambodgien) à cette vielle dame, nous sommes allés manger dans un restaurant où nous avons tous mangé la même chose : une genre de grosse crêpe avec des légumes et de la viande dedans. C’était délicieux!

Machine à écrire des cigarettes.
 Après le repas, Thomas et moi sommes embarqués sur la moto du guide. Nous allions passer l’après-midi dans un lac filtré par des millions de lotus à environ 40 km de là. C’était magnifique! L’eau était très chaude et c’était très agréable de se baigner dedans. Malheureusement, Papa qui venait juste d’entrer dans l’eau, avait oublié d’enlever ses lunettes, et après avoir sauté, les a perdues. Nous avons demandé à des pêcheurs qui possédaient des masques de les chercher, mais il était tard, mais s’ils les trouvent demain ils nous les enverront à Phnom Phen (ils ne les ont malheureusement pas trouvées). Maintenant, Papa ne voudra plus se baigner car la fois précédente, il s’est cassé une dent. Il n’a vraiment pas de chance!
 
Le casque a été enlevé sur Photoshop pour mieux montrer le visage de Thomas.
 
Quelque part au fond de l'eau, près de cet arbre, se trouve une paire de lunettes rouges.
 

Quitter Phnom Penh

7 mars 2012

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Pompistes à Phnom Penh


Nous sommes partis de Phnom Penh un peu tristes à l’idée de devoir quitter cette ville pas mal broche-à-foin et où chaque bout de trottoir est littéralement squatté par quelque chose. Une ville bruyante, vivante, animée, une ville comme nous les aimons et dans laquelle nous nous sommes rapidement sentis comme des poissons dans l’eau.

Scène rare où les motos circulent toutes dans le même sens...                                






Il faut dire que nous avions mis toutes les chances de notre côté en nous installant directement en face du Centre culturel français (ce fut notre formule gagnante à Vientiane et nous n’avions pas oublié la leçon). L’hôtel était ultra confortable, le quartier fort sympathique et l’institut vraiment parfait pour y faire travailler les enfants (salle de travail, manuels scolaires, climatisation). Alors, nous avons pris largement nos aises pendant neuf jours. Nous avions notre dépanneur attitré, notre marchand de pain préféré, des gens qui nous saluaient, et un restaurant avec notre table réservée (j’exagère un peu mais à peine!).


Scènes de travaux forcés...
... mais on vous jure qu'ils avaient hâte de faire des maths!

 
Une bibliothèque qui a fait des heureux...


Nous avons eu bien du plaisir à tenter de nous mouvoir dans cette ville où tout le monde est motorisé (les seuls drôles qui marchaient, c’était nous!). Il faut comprendre que marcher ici est un art délicat car il faut constamment louvoyer entre les commerces sur les trottoirs (ce qui revient à ne plus avoir de trottoir du tout) et la rue où les véhicules les plus divers y circulent dans les deux sens de façon aléatoire. Et comme, en prime, nous marchons en groupe, le défi est assurément de taille!

Drôle qui marche

Et le temps a filé à la vitesse de l’éclair entre les travaux scolaires journaliers, les promenades en ville et les diverses visites que nous voulions faire. Nous avons aussi assisté à un spectacle de danses traditionnelles khmères (donné en plein air par un organisme tentant d’aider des jeunes artistes), avons mangé dans un restaurant chic pour la fête d’Olivier, avons arpenté les marchés, avons été encourager des jeunes de la rue en allant manger dans un restaurant-école (tout en profitant de la surprenante piscine de leur jardin).

Dans la piscine du restaurant-école Romdeng, entreprise d'insertion sociale.

Danse traditionnelle qui évoque les apsara
Bref, nous avons adoré Phnom Penh mais comme nous ne pouvions tout de même pas faire notre vie dans cette ville (bien que) c’était vraiment avec regrets que nous avons quitté en direction de Battambang, un peu plus au nord du Cambodge.
Un petit trajet d’autobus de 291 kilomètres qui nous prendra presque 8 heures à faire et ce grâce à une panne nous obligeant à attendre un autre autobus pour remplacer le premier complètement kaput.

Après l’agitation de la capitale, Battambang nous a semblé bien tranquille, extrêmement chaude et trop peu ombragée. Au fait, il n’y avait pas grand-chose à faire ici (les rues sont désertes de midi à 15 heures à cause de la chaleur écrasante et le soir, après 20 heures, tout est noir et fermé) mais nous voulions nous promener un peu dans la campagne autour de la ville.

Nous avons profité de notre temps ici pour faire tout de même des petites choses dont un tour dans l'attraction locale: le train de bambou (une plateforme motorisée se déplaçant sur d’anciens rails et utilisée comme moyen de transport par la population locale). Ce train se déplace relativement vite mais semble maintenant beaucoup plus utilisé comme étant une bonne façon de tirer profit des touristes. Ces derniers doivent, en effet, dans un premier temps marchander le prix de la course (réduit finalement de moitié après négociations) et ensuite « endurer », une fois rendu à la « station » à mi-parcours, les enfants qui demandent de l’argent pour leur école en échange de la visite de leur village, les vendeurs de boissons qui se fâchent si on fait mine d’aller voir le voisin (dans le genre, je t’ai vu le premier, tu viens chez moi), la préposée qui vient nous dire dans l’oreille qu’il faut absolument donner un pourboire au chauffeur ainsi qu’un autre qui nous le répétera à la toute fin à grands renforts de tip driver. Tout cela contribue grandement à enlever bien du charme à la balade et à perdre de vue le côté fascinant de ce petit train maison preuve de l’ingéniosité humaine. Bref, une activité à mettre dans la rubrique « si nous avions su, nous ne serions pas venus ».

Croisement et démantèlement de «trains» de bambou.
Nous nous souviendrons surtout de Battambang pour deux choses. Le super cours de cuisine que nous avons suivi dans la cuisine de Nary et la journée « métiers traditionnels, cultures et campagne » avec Sarom Sam, notre guide franco-cambodgien.

On profite, avec Sarom, de vingt centimètres d'ombres sous le soleil de midi de Battambang. Au bas, des bâtons d'encens séchant (rapidement).


Et c'est depuis Battambang que nous avons fait un rapide aller et retour vers Siem Reap, la ville devenue dortoir pour tous les touristes (et ils sont nombreux!) voulant visiter les temples d'Angkor.