Bref, j'ai été à Singapour

18 févr. 2013





Nous avions hésité jusqu'à la dernière minute. Singapour? oui? non? peut-être?
Nous savions que ce serait cher, très.
Mais nous étions vraiment juste à côté.
Nous savions aussi que c'était une grosse ville moderne, hyper-développée et qui allait singulièrement trancher avec le reste de l'Asie.
Mais, développement ou pas, cher ou pas, Singapour, ça sonnait tellement mythique dans nos oreilles.
Le bout du monde, rien de moins.
Et, lorsque vous êtes à quelques heures d'atteindre le bout du monde et de découvrir un mythe... autant ne pas trop hésiter et y aller!

C'est en autobus (trajet de quelques heures à partir de l'ile de Tioman) que nous avons passé la «frontière» singapourienne.
Dès l'arrivée, des affiches nous avertissaient bien clairement de ne pas transporter un paquet de trucs dans nos bagages.
Au fait, ce n'est pas juste qu'il n'était pas possible d'avoir ces objets pour traverser la frontière, c'était surtout impensable de faire entrer ces articles  dits «dangereux» sur le territoire de Singapour.
Oups!
Nous n'avions, par chance, pas de feux d'artifices, de gommes, de cigarettes ou de fruits dans nos baluchons, mais les enfants avaient bel et bien des couteaux dans leurs affaires, couteaux qui semblaient avoir un potentiel hautement dangereux pour les douaniers.
C'est donc Michel qui a dû expliquer avec conviction que les couteaux népalais et laotien qu'Olivier transportait étaient des souvenirs de voyage aux lames vraiment trop émoussées pour être d'un quelconque usage réel. Attente, argumentations, suspicions, impatience de notre chauffeur d'autobus que nous faisions attendre et finalement remplissage de paperasses administratives avant de laisser enfin Olivier conserver son arsenal et de se faire ensuite dument tamponner son passeport.
Ouf!
Nous y étions.
Singapour.
Et nous avions l'impression d'être en Occident.
Choc.
C'était propre (trop), neuf (trop), aseptisé (trop).


Propreté.



Notre premier défi en sol singapourien fut de trouver un moyen de rejoindre notre auberge de jeunesse (hors de prix pour l'Asie) depuis le terminus d'autobus où nous avions débarqué. Nous n'étions vraiment pas dans le même coin de la ville et ce n'était pas simple de tenter de comprendre les plans des quartiers affichés aux arrêts d'autobus.
Impossible de toute manière de repérer un autobus se rendant dans le coin où nous voulions nous rendre. Nous avons donc hélé deux taxis (encore une différence avec l'Asie traditionnelle, pas possible de s'entasser à six dans la même bagnole) dont un superbe taxi Mercedes blanc dans lequel Nicolas, Catherine et moi nous sommes engouffrés pour la ride de voiture la plus étrange de notre vie.
Au départ, le chauffeur (cheveux bleachés et qui crachait littéralement ses poumons aux trois minutes) voulait suivre la voiture dans laquelle se trouvait Michel et le reste de la famille, ce qui, dans le trafic singapourien, représentait un véritable tour de force.  Je trouvais que c'était une étrange idée mais bon, je ne me suis pas vraiment obstinée en me disant que le chauffeur avait sans doute des talents cachés à la James Bond. Après avoir constaté qu'il avait rapidement perdu de vue la voiture de tête (quelle surprise!), il s'est alors mis à m'engueuler de ne pas savoir le chemin pour me rendre à l'auberge (!). J'ai eu beau lui expliquer que c'était ma première fois à Singapour et que je prenais justement un taxi car je ne savais pas le chemin, rien n'y faisait, j'étais la dernière des imbéciles. Les choses ne se sont pas plus arrangées quand il m'a demandé d'utiliser mon cellulaire pour rejoindre le cellulaire de Michel afin que son chauffeur puisse nous guider. Sa stupéfaction fut totale en apprenant que Michel et moi n'avions pas de cellulaire. J'ai alors eu droit à un sermon édifiant sur l'utilité d'un cellulaire et sur les dangers de voyager sans cet outil vital et précieux. Après plus de vingt minutes de tournage en rond (au moins sept crachements de poumons) et des appels hystériques du chauffeur à l'auberge et à un de ses amis pour l'aider à se diriger, nous sommes finalement arrivés à bon port. Je n'avais cependant pas passé les huit derniers mois en Asie pour accepter de payer naïvement le plein montant de la course et c'est en bougonnant que le chauffeur a du accepter ce que je croyais être le bon prix pour un trajet normal (montant qui s'est révélé être le même que Michel avait payé à son chauffeur plus compétent que le mien!).
Il était tard et nous étions crevés.
L'auberge de jeunesse était minuscule et située dans un étrange quartier un peu délabré et nous avions réservé un dortoir minimaliste de style cubicule pas de fenêtres à nous six.  Le personnel de l'auberge était cependant adorable et après avoir posé nos sacs nous sommes allés manger dans un des nombreux food court indiens/chinois à distance de marche de notre auberge. Encore une expérience fascinante que de manger en plein air, sous les néons et en regardant des vidéos de danse indienne. Nous étions naturellement les seuls occidentaux à des milles à la ronde et les tables d'habitués jouant aux cartes nous dévisageaient avec bienveillance.
Bien que nous étions dans un coin un peu reculé du centre de Singapour, nous étions tout de même à distance de marche du métro super moderne et climatisé qui dessert efficacement la ville.
Nous n'étions ici que pour deux jours et ce furent deux jours de marche et d'exploration intense dans cette drôle de ville qui, honnêtement, manque singulièrement d'âme et de charme.
Nous avions l'impression d'être dans une grande ville américaine, construite par ordinateur (du genre expérience Sim City) et peuplée de gens trop beaux et trop bien habillés se rendant machinalement, mallette à la main, travailler dans des bureaux aseptisés.
Des grattes-ciels, des rues bien pavées, des immeubles vitrés, des parcs gazonnées... à Singapour, il n'y a pas de vendeurs de nourriture dans les rues, pas de gargote sur les trottoirs, pas d'odeurs, pas de saveurs.


 




Nous étions loin des images de bouges insalubres et enfumés à l'ambiance dépravée que j'avais en tête lorsque je me commandais un Singapour Sling au bar Le Clandestin de l'Université de Montréal.
À Singapour c'est propre, c'est net, c'est efficace.
Alors nous avons fait des trucs propres.
Nous avons été visiter des musées et des galeries d'art, dont le charmant musée d'art contemporain pour enfants où nos adolescents se sont bien amusés, après des mois de néant artistique, à faire du bricolage de style origami et étampes (ce qu'ils ne vous avoueront cependant jamais, même sous la torture!).
Nous avons aussi grimpé au sommet du Marina Bay, cet hôtel mythique en forme de bateau, symbole de la ville et qui offre une vue époustouflante sur l'immense port hyperactif qui a fait l'incroyable richesse de Singapour.

Ping-pong contemporain.

Loisirs inavouables, enfants privés de bricolage trop longtemps.
 




Oui, ils y ont été doucement avec les étampes.


Port de Singapour: Leçon de géographie politique et économique.

Port de Singapour: Leçon de cirque gymnastique.
 


Nous avons zyeuté au passage les vitrines luxueuses des riches boutiques des multiples centres commerciaux (avec reproduction, au sous-sol d'un centre commercial, d'un canal vénitien avec gondole et gondolier, rien de moins), nous avons mangé dans des restaurants indiens plus ou moins bons, nous avons trainé nos savates dans des magasins d'antiquités, nous avons sillonné quelques vieilles rues coloniales et quelques quartiers un peu moins propres à la recherche de l'âme de Singapour que nous n'avons finalement pas vraiment trouvée.

Recherche de l'âme de Singapour dans un resto indien.




Contente d'y être allée.
Contente de ne pas y être restée longtemps.
Contente de prendre ensuite l'avion pour le dernier droit de notre voyage, l'Indonésie.














3 commentaires:

Une femme libre a dit…

L'Indonésie! J'y étais en septembre dernier. Bien hâte de lire là-dessus.

La Pingoo Family a dit…

Singapour, ville riche en effet, craint le terrorisme au même titre que l'Amérique ou l'Europe, l'argent suscitant partout les mêmes convoitises. C'est normal de se méfier des armes donc... même émoussées (on peut les ré-aiguiser!). Quant à l'âme de Singapour, on la trouve le matin au lever du soleil, quand les vieux chinois font chanter leurs oiseaux ou que l'employé moyen s'entasse dans le métro ou le soir quand le collègue chinois vous paye le resto équilibré, yin et yang, tendon de boeuf et patte de canard, lol (j'ai vu Singapour sous le prisme du travail, et la richesse n'empêche pas l'authenticité!)

Une femme libre a dit…

Et L'Indonésie?
Une femme libre

Enregistrer un commentaire