Tranche de vie peinarde au Laos

6 nov. 2011

[NdP: Les pomelos qui nous ont appelés.]

La journée commence tôt à Nong Khiaw.

Dès deux heures du matin, ce sont les coqs qui font chorale, rejoints quelques moments plus tard par les chiens. Un concert relativement courant en Asie et nous arrivons presque à dormir, fort de nos deux mois dans le coin, en faisant fi de toute cette ménagerie.

Vers six heures c'est le commerce qui reprend ses droits. Pêcheurs et trafic fluviaux procèdent alors à un ballet intense sur la Ou.



En ouvrant la porte de notre bungalow, c'est la brume qui enrobe d'une aura mystique les montagnes qui nous font face et le temps est gris, comme tous les matins au Laos. Nous croyons invariablement et naïvement que la journée sera alors à la pluie mais le soleil se pointe quotidiennement vers neuf heures, pour nous détromper.



Sur la petite rue de terre de notre auberge, les gens ont ouvert des «restaurants» devant chez eux. Quelques tables, une nappe, un menu et quelques femmes et enfants qui attendent le client. Notre rituel depuis que nous sommes au Laos, ce sont les shakes aux fruits pour débuter la journée. Mangue, lime et menthe, ananas, papaye, banane, pommes, orange, melon d'eau... nous les avons tous essayés et réessayés encore. Sur le menu, un savant mélange de tout, des crêpes jusqu'au riz collant, du muesli jusqu'aux soupes piquantes.

Aujourd'hui on va prendre la petite route de terre, celle qui longe la rivière vers le nord. Home, le gérant du salon de massage (!), nous a fait un petit dessin sur une carte. La rivière, le pont, la route juste avant, deux villages et une phrase en lao pour demander à prendre un bateau pour revenir ici. Adorable ce Home, et le Laotien parlant le mieux l'anglais de tout le nord du Laos, pour sûr!

Il fait beau, la terre du chemin est rouge, comme la fond de la rivière qui donne cet air si boueux à la Ou et au Mékong. Nous sommes entourés d'une végétation incroyable, et les promontoires rocheux nous offrent un paysage digne de la forêt du Gondor (dixit les enfants). On est seuls sur le sentier et nous croisons seulement quelques femmes qui se rendent à la «ville». Toujours un peu surréalistes, ces rencontres à mi-chemin entre une conversation entre sourds, et une envie de prolonger, tout de même, ces échanges. Les femmes sont rieuses et on se jase ça entre mille sourires et gestes plus ou moins compréhensibles.


[NdP: Au retour, le sac à dos de la chapardeuse était plein!]

On s'arrêtera au premier village, à l'ombre, et on mangera des pomelos que des passantes nous offriront, surprises et intriguées par cette meute d'étrangers se reposant en troupeau. En route vers le deuxième village nous sortons du sentier pour «tomber» sur une immense orangeraie. On se cueille alors des pomelos et des oranges et nous piqueniquerons à la laotienne, sur des feuilles de palmier coupées par la machette de Nicolas. On est complètement seuls, les enfants se ramassent des bouts de bois et jouent aux hommes des cavernes. Ils sont drôles!

[NdP: Hommes des cavernes, état brut.]

Au second village, c'est l'école qui nous accueille. Une cabane de paille et de tôle, quelques classes, des enfants qui sautent avec un élastique, des chiots dans le tas, deux professeurs qui prennent une pause en fumant des cigarettes. Nous arrivons au début de la récréation. Michel manque de créer une véritable émeute en sortant son appareil photo. Tous les enfants veulent être devant l'objectif, en même temps, et c'est la bousculade intense! Je dois même faire une diversion pour sauver mon chum du piétinement, c'est tout dire.

[NdP: Et ça, c'était la diversion. Z'auriez dû voir le capharnaüm initial: impossible à cadrer avec ma lentille quand l'enfant le plus éloigné était à 30 centimètres!]

Nous sortons alors les marionnettes à doigts et c'est Olivier qui fait rire les petits diablotins avec ses pitreries.



[NdP: Fiou, Olivier à la rescousse, et Laurence et moi avons pu souffler...]


Au village, nous n'avons qu'à montrer la carte de Home avec la phrase en laotien pour que débute les négociations sur le prix pour un éventuel retour en pirogue vers Nong Khiaw. C'est assis à croupetons avec la terre en guise de papier et un bâton en guise de crayon que Michel et un jeune homme s'entendent sur le prix de la course. Douze dollars plus tard, nous sommes en route, sur une pirogue (avec un moteur tout de même), pour un vingt minutes de navigation somptueuse sur la Ou, entrecoupée par quelques pêcheurs et quelques buffles qui prennent le frais dans l'eau. Paysages majestueux, nous sourions béatement dans la lumière décroissante du jour.




Retour au bercail, la pirogue nous déposant juste en bas de notre bungalow. Nous irons prendre une bière (ici, la BeerLao est une institution) au restaurant Indien ainsi qu'une partie de notre repas (n'ayant pu résister au fish masala et au tandoori chicken). On ira ensuite finir notre souper dans un autre petit restaurant plus loin avec une soupe aigre-douce d'influence thaïe, quelques crêpes et des fruits frais.

C'est Nong Khiaw, le soir se couche tôt sur la Ou, et nous aussi.

C'est le Laos, tranquille.

4 commentaires:

rex a dit…

ahhaaaa! quel récit enchanteur! et à toutes les fois que je vous lis, que je vois les photos des enfants, je pense, omg, quelle magnifique expérience pour eux. Ils vont en revenir tellement plus... complets.

bryv a dit…

Superbes les photos du paysage. On vous imagine en train de vous relaxer afin de recharger les accus. L'endroit semble serein et invite à la rêverie...Les enfants semblent en bonne forme, les parents aussi...

Marcolitxo a dit…

WOW. Frissons et rêverie.

Francis Vidal a dit…

Je suis votre blog sans vous connaitre, ayant été faire mon grand tour d'Asie du sud est il y a 3 ans, ça me remémore pleins de souvenirs.

Juste un petit mot pour vous faire savoir que les laotiens parlent en général français couramment. En général il reconnaissent l'accent anglais des français de France, et il passent au français, mais il ne reconnaissent pas l'accent québécois, alors essayez-vous en français avant l'anglais vous risquez d'avoir de belles surprises.

Bon voyage!

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