Plus profondément dans le Xishuangbanna - Jour 1

24 oct. 2011



Bon, c’est bien beau de profiter illégalement de la piscine de l’hôtel cinq étoiles de la ville, de manger des brochettes sur le bbq tous les soirs, de déguster des sublimes ananas à toute heure du jour, de glander au café Banna en buvant de la bière pas chère, de faire des ricochets avec des roches plates dans le Mékong, de lire les livres en français trouvés dans un autre café (toujours drôle d’ailleurs de voir les livres qui sont laissés par d’autres voyageurs dans des coins obscurs de la planète- Olga, j’ai même eu la chance de lire un livre de ta maman!) et de déguster toutes les saveurs de crème glacée de la Chine, mais ce n’était pas vraiment pour ça que nous étions venus dans ce coin du Yunnan. 

Ce que nous voulions faire c’était de marcher un peu à travers les plantations de thé et les nombreux villages des minorités culturelles qui foisonnent dans cette région. Sur ce coup-ci, nous avions, de prime abord, bien envie de nous débrouiller seuls comme des grands. Mais, après lecture et consultation d’experts, force nous fut de constater que pour des occidentaux ne parlant pas du tout chinois, c’était très hasardeux voire même impossible comme aventure. Hasardeux car il n’y a pas vraiment de cartes des sentiers, que rien n’est indiqué et qu’il n’y a aucune installation pour dormir ou pour manger, à part chez l’habitant… et que l’habitant, et bien il a d’autres chats à fouetter que d’attendre au coin de la rue la gentille famille de touristes qui aimerait bien jouer à Mime-moi quelque chose avec lui.

On a eu beau retourner ça dans tous les sens, rencontrer les trois guides qui font des circuits dans les villages, tergiverser et, surtout, s’indigner des prix exorbitants des formules de trek qu’offrent les trois seuls cafés-qui-parlent-occidental (les touristes Chinois ne font pas de trek) de Jinghong (parait que l'argent est redistribué dans les villages), nous avons tout de même fini par prendre un guide pour une virée de trois jours, deux nuits à travers les villages des minorités Bulang.

Phoebus, (c’est le nom anglais que notre guide s'est choisi et je suis vraiment déçue d’avoir oublié de lui demander la raison de ce choix!) a donc été, après marchandage, l’heureux (!) élu pour nous révéler les secrets les plus intimes des gens de la région. Nous l’avons choisi parce qu’il parlait bien anglais et qu’il avait l’air gentil, des critères qui en valent bien d’autres.

Nous sommes donc partis tôt mercredi matin, avec notre attirail léger de voyage et un peu d’appréhension aussi parce notre dernière expérience de guide nous avait un tantinet échaudés.

Dans un premier temps, c’est en autobus que nous avons rejoint le village de Xiding où il y avait un marché (chouette, moi qui adore les marchés). Et, pour une fois que j’avais un authentique chinois sous la main qui pouvait, enfin, me dire le nom et l’usage que tout ce que je voyais, je ne me suis pas gênée!

Des vers blancs dans les bambous que l’on bouche avec des feuilles, des racines de lotus, des blocs de tofu gélatineux et oui, les alvéoles de ruches remplies d’abeilles géantes et de larves grouillantes, c’est bien pour manger les abeilles par la suite (grillées, very delicious de me dire Phoebus).

[Note du photographe: Oui, ce sont bien des vers que vous voyez dans le bol. Vivants, évidemment!]




[Note du photographe: Abeilles, guêpes et larves variées... Catherine détournait assurément le regard.]

J’y serais restée des heures! Mais, bon, le diner nous attendait dans un autre petit village, à une heure d’autobus, et ensuite quelques heures de marche devaient aussi se faire avant de trouver le repos du trekkeur dans le village de Zhang Lang. Alors pas trop de temps à perdre pour parler popote!

D’emblée, ce qui était vraiment agréable dans toute cette journée, c’était de pouvoir parler avec Phoebus (qui se voulait, selon ses dires, un pont entre la culture chinoise et les autres cultures) de tout ce qui nous étonnait, questionnait ou interpellait en Chine. Phoebus était content de répondre à nos questions et nous en posait aussi, ce qui permettait d’avoir une vraie conversation. De plus, il connaissait des tas de trucs sur les plantes, arbres et fleurs que nous voyions. Nous avons donc marché en goutant des fruits nouveaux, en sentant des feuilles, en observant des insectes. 


Le sentier était beau et serpentait entre quelques villages, quelques champs de riz, des cultures de thé, des rangées de bananiers et des tas de cannes à sucre. Le super moment de cette marche fut lorsque, à mi-chemin, un camion s’est arrêté pour nous proposer de nous embarquer dans sa boite en arrière. Sur un sentier cahoteux au possible, on a rigolé comme des fous en nous penchant régulièrement pour éviter les branches et en s’agrippant fermement pour éviter de tomber par-dessus bord. Parait que c’était mieux que La Ronde, de dire les enfants.

Premier dodo dans une maison de minorité Bulang. Les maisons Bulang sont construites en bois sur deux étages. Le premier étage est complètement ouvert et sert de rangement et d’abri pour les animaux (surtout des cochons car la région est véritablement le royaume du cochon noir) et le deuxième étage est la maison proprement dite avec un espace cuisine (une petite pièce avec un feu de bois au centre, quelques tabourets à ras le sol pour s’assoir autour du feu et deux-trois chaudrons) et une grande pièce qui sert à la fois de salon et de salle à diner et dans laquelle tout le monde dort, par terre. Ce sont des pièces très sombres car il n’y a pas ou très peu de fenêtres afin d’empêcher les démons de rentrer dans les maisons (parait que c’est super efficace). Les toilettes sont sur la terrasse dehors et le maïs et les feuilles de thé sèchent un peu partout.
Nous avons soupé avec cette famille. Phoebus traduisait nos questions, commentaires et réponses de nos hôtes, ce qui donnait une petite ambiance bon enfant à la soirée. Nos hôtes étant bien impressionnés par nos grands enfants et nous avons bien failli arranger un mariage entre Nicolas et leur seconde fille, même si le principal intéressé ne semblait pas trépigner de joie à l’idée d’un avenir de cultivateur de thé (la fille était jolie par contre, même si elle ne fut que furtivement aperçue). Nous avons aussi porté des toasts avec du rice whisky, qui est en fait un alcool fait avec du maïs fermenté (cherchez l’erreur). Ici, tout le monde concocte le sien (avec plus ou moins de succès) et il accompagne tous les repas, matin, midi et soir (ouille pour les estomacs).

Finalement, c’est en chantant que nous avons terminé la soirée (aucun rapport avec le rice whisky) et comme nous n’avons toujours pas de guitare (snif), ça sonnait sans aucun doute pas mal cacane notre affaire. Mais bon, nos hôtes avaient l’air de trouver ça très drôle et devaient penser que les fausses notes étaient partie intégrante de la culture québécoise. On s’excuse.

Dodo en groupe dans la pièce commune… les enfants ont adoré. Les grands dormaient sur de la paille et nous sur des matelas du genre dur avec ressorts dans le dos. Mais, bon, on était pas là pour faire nos chochottes!

1 commentaires:

Valéry Annie a dit…

Crime de bine, moi qui pensait que finalement, vous aviez bien apprécié "lundi" lors de votre précédent Trek va falloir que je lise mieux entre les lignes... ;-) lol Mais bon, cette fois-ci ça a l'air mieux et en plus (SURTOUT), pas de pluie à l'horizon... :-o lol

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