Neuf

29 sept. 2011




Dobhan-Kyumi 
 
On se lève après, enfin, une première nuit où nous n'avons pas trop gelé et même bien dormi! Il fait encore gris et il pleuvote encore un peu… décidément, on ne s'en sortira pas de ce crachin. Nous sommes d'autant plus contents d'avoir décidé de ne pas rester un jour de plus au sommet. Avant de quitter Dobhan, Olivier a la bonne idée de se couper le doigt en gossant avec son Opinel sur son bout de bambou, question (sans doute) de s'assurer de garder, toute sa vie, un souvenir du Népal inscrit à même sa peau. Donc, petite opération pansement avant de prendre la route, les Hollandais, à qui nous donnons rendez-vous un peu plus loin sur le sentier, nous devançant de peu.

Nous prévoyons une autre grosse journée de marche car nous avons de plus en plus hâte de rentrer et cette envie nous donne des ailes. Nous voulons vraiment atteindre Kyumi pour être le plus tôt possible à Pokhara, demain. Les enfants sont les plus motivés et rien ne semble à leur épreuve. De plus, notre super Sherpa Dawa national connait une mignonne guest house à Kyumi. Nous marchons dans un premier temps jusqu'à Chomrong pour reprendre les quelques effets que nous y avions laissé à l'aller. Les milliers de marches que nous devons monter avant d'arriver dans le village, sous notre pluie quotidienne, nous épuisent. C'est fou les marches ici. Elles montent en ligne presque droite, pas de serpentins, pas de petites courbes pour se reposer. Je comprends tellement pourquoi les britanniques recrutent, au Népal, un corps de soldats d'élite (les Ghorkas)! Je suis estomaquée à chaque fois que je croise des porteurs avec des poutres monumentales sur le dos, des lits, des chargements de bouteilles, des barres de fer, de sacs de provisions... avec des petites sandales ou des simples bottes de pluie sans ralentir le rythme, et ce, même en altitude.

Je suis aussi impressionnée de constater tout le chemin que nous avons parcouru à l'aller. J'ai de la difficulté à croire que nous, (je, surtout), avons vraiment fait ça. Je me demande où nous avons trouvé l'énergie et la motivation pour gravir ces marches, inlassablement.


 Nous rejoignons aussi à Chhomrong Erik et Eva (nos fameux super gentils Hollandais) devant un excellent gâteau au chocolat (chose peu commune dans la cuisine népalaise) et, malgré la pluie qui continue de tomber et les marches qu'il nous reste encore à gravir, nous continuons notre route. 



C'est loin en «ta», mais le soleil apparait finalement en fin de journée (juste au moment ou nous allions décider d'abandonner le projet de nous rendre jusqu'à Kyumi!) et nous continuons courageusement notre route pour arriver dans une charmante auberge, tout juste avant la tombée de la nuit. Ce fut probablement la journée la plus stressante de tout notre trek, car, après la montée de Chhomrong, tout était en descente à pic d'enfer. Je suis tombée trois fois (dont une fois dans un fossé, cul par-dessus tête), et Michel m'a sauvé la vie au moins quatre fois en me tenant la main dans les endroits stratégiques. Les ruisseaux débordaient et nous avions les pieds moites une bonne partie du parcours. Je vous laisse imaginer l'odeur de nos souliers! Les enfants, à la fin de la journée, comparaient entre eux la couleur de leurs orteils et le degré de flétrissement de leurs pieds, c'est tout dire!
Au fait, nous n'aurions jamais osé allé aussi loin sans Super Sherpa Dawa. Moins de cinq minutes après notre arrivée, la nuit tombait et, franchement, marcher dans la jungle, de nuit, sur des sentiers instables, ça n'a absolument rien de bucolique. Je n'étais cependant pas trop inquiète pour les enfants, qui marchaient devant, car Dawa était avec eux. Super prévenant, il s'assurait toujours que les enfants traversent les pierres glissantes des ravins sans problème. Au fait, il était devant quand nous étions derrière et derrière quand nous étions devant, puis accourait dès qu'un obstacle se présentait. Super Sherpa, vous l'ai-je dit?



Un baume en arrivant à Kyumi où nous avons eu droit à des airs et commentaires admiratifs des propriétaires en apprenant que nous marchions depuis Dobhan. Venant d'authentiques Népalais, nous n'étions pas peu fiers de nous! Épuisés, mais fiers!
Pousser plus loin pour atterrir dans cette guest house était vraiment une bonne idée. Outre le fait d'avoir deux heures de moins de route à faire le lendemain, le repas était vraiment excellent (avec présentation gastronomique) et nous étions les seuls clients sous la tonnelle fleurie de la cour intérieure. Le lendemain, nous avons même pu observer (aux jumelles) des singes se promenant sur la paroi rocheuse, de l'autre côté de la rivière.
Le seul hic fut la disparition de mon chandail chaud qui tentait de sécher (vainement) sur une chaise à l'extérieur (Dawa avait pris soin de rentrer tous les autres morceaux de vêtements mais mon chandail était caché par la pénombre). J'espère simplement qu'il réchauffe maintenant quelqu'un qui en a plus besoin que moi.
C'était aussi le royaume des insectes... et j'étais bien fière de ma fille qui n'a, presque, pas eu peur de l'immense araignée qui trônait sur le mur de la chambre des enfants...



On reconnait ici une des bêtes (la plus petite des deux araignées présente cette nuit-là dans la chambre) qui a donné des cauchemars à Catherine. On reconnait aussi l'auto-incision qu'Olivier s'est prodiguée, enveloppée du bandage scout que son père lui a tricoté.


5 commentaires:

bryv a dit…

Eh bien bravo! Vous voilà enfin, comme de vieux loups de mer, arrivés à bon port. Quelle marche dont vous vous souviendrez longtemps. Ce coup de soleil sur l'Himalaya vaudra, pour vous, bien plus que beaucoup de sommets ensoleillés. Bestioles, fatigue, pluie, chutes, déception, bien sûr. Mais on sent à travers ce récit la belle amitié que vous partagez avec ces Hollandais...Ça, ça valait bien le détours, sans compter la belle expérience familiale que vous avez et continuez de partager...

Rex a dit…

wow... franchement, je vous lève mon chapeau... bravo à vous pour votre détermination, courage et persévérence. Vous avez vraiment de quoi être fiers! gros becsxxx et je pensais à vous, sous une averse froide, je ne me suis pas plainte, sachant que j'en avais pour 30 sec à être mouillée...

Fab a dit…

MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII......

Unefemmelibre a dit…

J'adoe la petite jupe de voyage de la maman. Une élégance naturelle même en trek!

Unefemmelibre a dit…

J'adore

Enregistrer un commentaire