Je crois qu'on a bien fait de ne pas dire qu'on se dirigeait vers les gorges du Saut du tigre, éponymes du trek que nous comptions faire. Parce que, sans nouvelles de nous depuis trois jours, certains (nos mamans?) auraient fini par trouver cette mention dans le Lonely Planet : «The gorge trek is not to be taken lightly. […] Half a dozen people – including a few foreign travellers – have died in the gorge.» Mais non, maman... il ne faut pas t'en faire, c'est juste qu'on était sans accès Internet...
Bon, on s'entend, rares sont ceux qui y meurent, dans cette gorge, et le LP est reconnu comme étant un tantinet alarmiste dans le cas de ce trek. Mais tout de même : trois secondes d'inattention, trente centimètres de travers, trois cent mètres de chute. On ajoute un sentier mouillé par la pluie, et on trouve un papa qui répète sans cesse : « Restez près du bord!»
(Bon, en rétrospective, j'avoue que mon choix de vocabulaire, parce que potentiellement ambigu, laissait à désirer. Mais, dans le contexte, les enfants comprenaient, et moi, du coup, ça me foutait un peu moins la trouille que les premiers avertissements que je leur donnais à l'effet de rester loin du ravin.)
Mais au fil des trois jours de randonnée (on a suivi le conseil de notre ami Marco – qui nous souhaitait presque de nous fouler une cheville pour qu'on reste plus longtemps dans la région – et on a pris le temps de profiter à plein du paysage, de la tranquillité), on se rend compte qu'à force de répéter, les enfants banalisent l'avertissement. Alors je dosais : quand la chute potentielle avait un angle de moins de 75 degrés, un dénivelé de moins de cinq mètres, ou quand elle comportait des buissons assez nombreux pour espérer que les enfants s'y accrochent avant une déboulade fatale, je m'abstenais de les sermonner, et je me mordais les lèvres.
Résultat? Sains et saufs, évidemment. Et peut-être même accros aux paysages vertigineux...
Alors je crois bien que le jour où à leur tour ils partiront à l'aventure sans nous, je préfèrerai, moi aussi, ne savoir qu'après coup les risques, si petits soient-ils, qu'ils auront pris...
8 commentaires:
Magnifique. Ma voisine exposante (Fête des vendanges) me disait justement la même chose quant aux voyages de sa fille dans les Météores sans guide sur des sentiers dangereux: fiou, Dieu merci, nous ne l'avons su qu'après coup...
Magnifique photo d'un site grandiose!!! Alors que dire de plus? Qui ne risque rien n'a rien. Évidemment, la prudence est toujours de mise... Et les grandes émotions viennent après peines et labeurs... C'est beau...
hahaha! tu me fais tellement rire, je vous imagine tellement! J'espère un jour faire autant confiance à mes filles pour les laisser gambader sur les sentiers de leurs vies!
Un mot pour vous dire que je suis là, à profiter du paysage et à m'amuser de vos aventures, bien confortablement installée dans mon salon. Merci de partager si généreusement votre périple!
Paméla xxxxxx
Dis moi Michel, c'est aussi vertigineux et dangereux qu'un superbe decolleté ces gorges là!!!!!! Quel coup d'oeil! Aujourd'hui j'ai dit à Patricia: "Maudit, j'crois bien que pour la 1ere fois de ma vie je suis jalouse à en crever!!!!!!". Grosses bises à vous 6!
ouh la photo... ayoye. Je sais bien "qu'à vaincre sans péril..." et gnagnagna... mais bon, le péril quand c'est nos enfants qui le vivent en direct devant nos yeux... c'est moins sympa. ;-) Remarquez, ils ont le pied mouflon ces cousins-là! Ça vient avec la nationalité suisse ;-)
Glllup!!!! J'ai le vertige juste à voir votre randonnée sur l'écran de mon ordi. Merci de partager votre super trip et si vous en avez le goût ou la chance j'aimerais bien plus de photos...
Vous êtes formidables! Et moi aussi, j'étais une maman inquiète même si je ne vous connais pas! On s'attache vite des fois! Ouvrez grand vos yeux et faîtes-nous un peu profiter de vos coups de coeur!
Votre ami Marco trouve ça tellement beau, tout ce que vous vivez et ce que vous racontez... Comme dirait Olivier: Chine!
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